Les déjections d'oiseaux constituent une source importante de pollution
Par Tara Brautigam - Canadian Press
July 15, 2005
TORONTO (PC) - Les déjections d'oiseaux de mer, qui contiennent de fortes proportions de mercure et de DDT, constituent une source importante de pollution des lacs et étangs du Nord, ont découvert des chercheurs canadiens.
Les concentrations de produits chimiques relevées par les spécialistes
étaient jusqu'à 60 fois plus élevées dans les étendues d'eau de l'île Devon,
dans le Nunavut, que dans d'autres secteurs de l'Arctique, selon une étude
devant être dévoilée ce vendredi dans les pages de la publication Science.
Des couches de sédiments d'une épaisseur de moins d'un centimètre ont été analysées l'été dernier à Cape Vera, 1800 kilomètres au nord d'Iqaluit, sur la rive nord de l'île, où 20 000 fulmars boréals font leur nid chaque année.
Ces échantillons ont révélé que le guano des oiseaux, contenant du mercure, du DDT, des BPC et des pesticides, glisse graduellement de falaises de 250 mètres de haut pour se retrouver dans les eaux environnantes.
Les fulmars, qui ressemblent à des goélands et qui se nourrissent de
zooplancton, de calmar et de poisson dans l'océan Atlantique, tirent de leur nourriture les produits chimiques qui se retrouvent ensuite dans des
écosystèmes relativement peu touchés, a indiqué John Smol, professeur de biologie à l'Université Queen's de Kingston, en Ontario.
"On serait tenté de dire 'Et puis après? Il y a ces étangs dans l'Arctique
qui contiennent plus de DDT et de mercure"', a indiqué M. Smol au téléphone depuis Resolute Bay, au Nunavut.
Cependant, les fulmars provoquent un "effet boomerang", alors que des
polluants industriels que l'on croyait perdus dans l'océan à des centaines
de kilomètres de la terre se retrouvent sur le continent et menacent des
espèces terrestres, a-t-il ajouté.
"Les insectes (aquatiques) sont mangés par les oiseaux, les oiseaux sont
mangés par les renards, a affirmé M. Smol. Il est possible que nous ayons là une nouvelle façon pour les (polluants) de retourner dans l'écosystème terrestre."
Espèces dominantes dans la région, les oiseaux y sont aussi les seuls
responsables de l'activité biologique, a indiqué Jules Blais, professeur de
toxicologie de l'environnement à l'Université d'Ottawa.
Cela rend encore plus prononcé leur impact sur l'environnement local, a
précisé M. Blais, ajoutant soupçonner que le phénomène ne se limite pas à
l'île Devon.
© La Presse Canadienne 2005
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