La viande de boeuf n'a plus autant de succès qu'avant

La viande de boeuf n'a plus autant de succès qu'avant

12/10/2010

Le boeuf ne représente plus que 29% de la viande consommée en France contre
39% en 1970.
Les Français consomment 7% de viande en moins qu'en 1998. La filière bovine
est en crise.
La situation se tend entre producteurs de boeufs et industriels. Dernier
événement en date: la semaine dernière, lors du sommet de l'élevage de
Clermont-Ferrand. Plusieurs dizaines d'agriculteurs ont envahi les stands
des industriels de la viande. Ils leur ont lancé leur chemise à la figure.
Une action symbolique pour illustrer leur dénuement. «Comme ils nous
prennent tout, autant donner ce qui nous reste, c'est-à-dire presque plus
rien», explique Gérard H., éleveur de 130 vaches charolaises allaitantes en
Saône-et-Loire. «La situation est délicate, nous en sommes conscients»,
reconnaît Fabien Cornen, directeur des achats chez Jean Rozé, deuxième
abatteur et transformateur de viande de l'Hexagone derrière Bigard (Charal).
La situation ne cesse de se dégrader au fil du temps. «Actuellement
valorisée entre 3 euros et 3,10 euros le kilo, notre viande est au même prix
qu'il y a vingt ans alors que les charges ont nettement augmenté», poursuit
Gérard H., obligé de puiser dans sa trésorerie pour joindre les deux bouts.
Un cas qui n'est malheureusement pas isolé. «Le quart des 80.000 éleveurs
français sont au bord du gouffre et il faudrait une augmentation de 20% de
leur prix de vente pour qu'ils sortent la tête de l'eau», ajoute Pierre
Chevalier, président de la Fédération nationale bovine.
Trois facteurs principaux expliquent ce marasme. Tout d'abord, la forte
chute de la consommation. Selon le statisticien public FranceAgriMer, les
Français mangent actuellement 66 kg de viande par an et par habitant, soit
une baisse de près de 7% par rapport à 1998. Pour le bouf, la diminution est
encore plus accentuée. Il ne représente plus que 29% de la viande consommée
en France contre 39% en 1970. Le porc l'a détrôné avec près de 40% de la
consommation de viande et il est suivi de près par la volaille (28%).

Une mauvaise image

La baisse du pouvoir d'achat, qui conduit les consommateurs vers la viande
blanche moins coûteuse, n'explique pas entièrement cette désaffection. La
mauvaise image attribuée à la viande rouge responsable d'accroître
l'émission de gaz à effets de serre participe aussi du phénomène. De plus,
la concurrence internationale est de plus en plus vive sur le marché de la
viande. «Les États-Unis, l'Argentine et le Brésil qui font preuve
d'agressivité se partagent plus de 50% de la croissance mondiale»,
expliquent les experts de Gira, une société de conseil basée en Suisse. Et,
là encore, le boeuf est le grand perdant. Il ne représente que 7% de la
croissance en volume aux dépens de la volaille et du porc.
Plus près de nous, en Europe, la France, pourtant premier producteur de
bouf, est fortement bousculée notamment en Italie et en Espagne, pays où la
concurrence de la Pologne, de l'Allemagne et de l'Irlande est forte. Reste
donc aux éleveurs de l'Hexagone de trouver de nouveaux débouchés. La viande
halal en est un, mais encore restreint. «Nous tuons 100 bêtes par semaine de
façon halal, soit à peine 2% de nos abattages de boeufs» , reconnaît Fabien
Cornen.

Source