a du boulot !!

j'adore, c'est magique, à chaque fois je voyage et suis tranportée dans un autre monde, c'est fabuleux !

La conversation avec monsieur Irirgaray nous a pris du temps, certes, mais elle ne nous en a pas fait perdre. Nous avons appris à mieux connaitre ce coin perdu, enfin pas si perdu car chaque jour nous voyons passer des touristes, nous indiquons leur chemin à des égarés, randonneurs ou retraités chics venus se reposer. Un jeune couple de marcheurs m'a demandé le chemin pour le gite en face de l'église et la jeune femme a rassemblé tout son français pour me demander si "ce soir il va pleurer ?"en regardant les nuages c'était très joli et poétique et pour les remercier la soirée a été merveilleusement ensoleillée, de ce soleil d'octobre qui nimbe le paysage de velours doré.

Nos soirées sans radio sans télé, avec la lumière pisseuse des éclairages d'origine ne permettant pas vraiment de lire, consistent en une longue promenade dans les chemins sans voitures pour que les deux chiennes profitent un peu elles aussi des odeurs locales, excepté la bouse que je surveille de près, et à regarder le paysage centimètre par centimètre. Nous prennons nos repas dehors le plus possible car l'intérieur a vite fait de me plomber le moral. Il est prévu que je peigne en blanc les parties que nous utilisons, c'est indispensable car ma sensibilité aux couleurs et ma légère phobie des trucs sales me mettent sous pression.

C'est aussi une bonne école de maitrise de soi, il n'y a pas de place pour le laisser aller ici. Lâcher prise, mais pas laisser aller; il y a des gens qui payent pour apprendre ça.

Notre couple est encore jeune dix ans ce n'est pas énorme, moi je serai bientôt vieille c'est donc un défi sur beaucoup de plans. Pour le moment je ne vois pas de signes annonçant un ratage et pourtant je déploie bien mes antennes pour naviguer au plus sûr.

Nous n'avons pas beaucoup travaillé ensemble sur un même ouvrage je pense que c'est là qu'on sera vraiment au pied du mur et qu'il nous faudra être inventifs pour ne pas se jeter les marteaux à la figure car nous ne sommes "gentil" ni l'un ni l'autre. Mais nous n'en sommes pas là.

La nuit commence à s'installer alors nous nous couchons.

Les chiennes, dès qu'il fait sombre, manifestent une petite angoisse et se précipitent sur leur tapis dès qu'on approche de la zone dodo, elles ne se sentent pas trop chez elles ici. Le soir une chouette hulule et je m'endors bercée par ce cri plutôt doux et par le tintement des cloches des vaches qui restent dans un pré juste à côté. Le matin c'est le premier rayon de soleil qui me réveille. Vite le thé et la terrasse pour voir le canyon, les nuages, la couleur du ciel, le vol des oiseaux.

Ce matin deux escargots étudient les modalités d'une continuation de l'espèce juste là où nous posons nos chaises alors je m'éloigne un peu pour les laisser en paix. Bien qu'il ait plu toute la nuit, la matinée est claire et ensoleillée nous avons de la chance.

Soudain des clochettes tintent vigoureusement et je vois apparaitre un berger marchant d'un pas très rapide suivi par un tout petit troupeau de moutons bien blancs marchant du même pas que lui, toute la trahison de la relation aux animaux est là, tintant devant moi. Ils ont une confiance totale en ce berger qui s'occupe d'eux en permanence. Là où il les mène ils vont, à son rythme, et le jour venu ils les mène à la mort et eux le suivent avec la même confiance. Moi je ne peux pas faire abstraction de ça, et derrière chaque spectacle attendrissant je vois ce hiatus et j'ai mal. Je ne peux que prier pour que la mort soit rapide et que la conscience humaine évolue et je prie du plus profond de moi car je crois à la puissance de la prière, de la pensée dirigée. C'est ce qui me fait continuer à vivre, je me dis toujours que me suicider ne servirait qu'à me soulager mais c'est tout.

Dans mon système de pensée la vie a un sens, une utilité pédagogique, je suis là pour apprendre sur le monde et sur moi, je suis là pour faire ce que je sais faire. Je sais diriger ma pensée alors je dois le faire. En d'autres temps j'aurais peut être été contemplative mais mon aversion pour les religieux m'en fait douter. Cette douleur fait partie de ma vie.

Ce matin c'est déchetterie.

Déjeuner, contemplation, puis accrochage de la remorque dont la bâche s'est sournoisement remplie d'eau dans la nuit, j'échappe de peu à une douche glacée pendant l'opération.

Je roule doucement mais je trouve assez vite des repères pour la largeur de la route. Un peu plus bas il y a un auto stoppeur, on le prend, il va à Tardets, nous aussi. Je ne m'occupe pas trop du bavardage mais au moins on lui rend service. La route sur ces vingt kilomètres alterne des passages d'une largeur normale bien que sinueuse, et des passages vraiment étroits encore plus sinueux.

Bien sûr que devait-il se passer? à l'endroit le plus étroit, dans un virage bordé par la paroi verticale, je me trouve nez à nez avec un énorme bus. Ce sont les scolaires m'informe le passager, s'il savait ce que je m'en fous de savoir que c'est un bus scolaire!

Je me rapproche le plus que je peux de la paroi mais je vois bien que ça ne passe pas. Alors je tente l'impossible: la marche arrière!

Comme mes roues ne sont pas droites la manoeuvre part en vrille et le bus comprennant qu'il est en face d'une incapable recule doucement ( je vous rapelle qu'il est côté ravin, lui) pour me laisser atteindre le petit refuge pour conducteur en perdition prévue par les constructeurs de la route.

Je repars ravie.
J'attendais ça depuis le début et j'ai eu de la chance puisque j'étais du "bon" côté. Je croise un second bus un peu plus loin et ça me semble facile. J'adore conduire dans ces conditions même si c'est fatigant. Surtout avec la chance que j'ai.

Au retour, en observant bien je me rends compte que lorsque ma roue gauche frôle la ligne blanche du milieu, ma roue droite a quinze bons centimètres avant l'herbe du bas côté. Il vaut mieux ne pas trop réfléchir car après l'herbe il y a un denivelé de 50 mètres mais ces repères me rassurent.

Anne, ton récit est très expressif, tu écris vraiment bien !
C'est plein de retenue, et ça exprime tant de choses en même temps, c'est plein de sensibilité.

annepeintout a écrit:

Lâcher prise, mais pas laisser aller; il y a des gens qui payent pour apprendre ça.

ça, ça m'a bien fait rire !

annepeintout a écrit:

je prie du plus profond de moi car je crois à la puissance de la prière, de la pensée dirigée

Connais-tu les livres de Neale D. Walsh : (ex. "Quand Dieu s'en mêle, la vie fait des miracles ?")
(tout sauf "religieux", dogmatique ou quoi que ce soit de ce genre. Je dirais : pro-Vie !).
Je pense qu'ils pourraient t'intéresser. "Dieu" étant tout à fait hors dogme, c'est à dire "Dieu" étant : la Vie, l'Energie, la Force Vitale, l'Univers, ou toute définition que l'on peut lui donner (à Elle, car il parle de Dieu au FEMININ !!).

Citation :

Soudain des clochettes tintent vigoureusement et je vois apparaitre un
berger marchant d'un pas très rapide suivi par un tout petit troupeau de
moutons bien blancs marchant du même pas que lui, toute la trahison de
la relation aux animaux est là, tintant devant moi. Ils ont une
confiance totale en ce berger qui s'occupe d'eux en permanence. Là où il
les mène ils vont, à son rythme, et le jour venu ils les mène à la mort
et eux le suivent avec la même confiance. Moi je ne peux pas faire
abstraction de ça,

Moi non plus, c'est pourquoi je suis devenue végétarienne et ne prend que du lait bio (les vaches doivent avoir été dans le pré pour une certification, sinon elles restent confinées dans leur box à l'année longue) et des oeufs de poule en liberté aussi j'achète, des Free Run certifiésl

J'adore lire tes récits, j'abonde dans le même sens que Alexandra sur ta si belle sensibilité. Tu es un véritable écrivain.

En gros MERCI :)))))) super bien !

annepeintout a écrit:

Par exemple la gentillesse des gens.

On
nous a mis en garde sur les basques, leur hostilité aux "étrangers",
leur étroitesse d'esprit, des intégrations ratées, des fins d'histoires
tristes, des rêves cassés.

Mais nous sommes étonnés par la gentillesse spontanée de ceux que nous croisons.

C'est exactement le souvenir que j'en ai.
J'étais allée au Pays Basque faire une partie du GR pyrénéen. Une dame avait gentiment gardé notre voiture sur son terrain, pendant que nous faisions notre périple de dix jours et que nous revenions en stop.
Beaucoup d'accueil et de gentillesse.

euh... Vous cassez quoi, la prochaine fois...

Coucou Alex
le projet est en gros de vider la maison de tout ce qui ne sera pas réhabilité, ensuite de casser tout le cloisonnement intérieur qui est en bois. toutes ces cloisons nous empêchent de voir exactement le volume dont nous disposons et bouffent le peu de lumière que les petites fenêtres laissent passer.
comme il est impossible d'agrandir les ouvertures, murs de 50 ou 60 cm d'épaisseur en grosses pierres, on va faire un plan qui privilégie la circulation de la lumière en horizontal, et de l'air en vertical puisque je voudrais faire des panneaux solaires à air qui diffusent de l'air chaud dans le "vide sanitaire" et cet air passant par des grilles le long des murs montera ensuite dans la maison par ses chemin à lui. J'ai repris le système des hypocaustes romains et du chauffage coréen traditionnel qui se ressemblent, bien que les romains aient poussé le système bien plus loin. Eux arrivaient à faire circuler l'air sans vmc électrique alors on devrait pouvoir au moins s'en inspirer! Le but n'est pas de chauffer vraiment par ce système mais d’empêcher les murs de trop refroidir pour utiliser l'inertie de la pierre. Comme la terrasse est en contre bas et bien exposée au sud, on devrait pouvoir acheminer l'air sans gros problèmes au rez de chaussée et sans que ça coute la peau des noix. J'ai acheté le bouquin de chez Eyrolles sur les capteurs à air et je lis beaucoup sur ce sujet car je trouve que c'est une énergie pas compliquée, sans grosse maintenance, et très très négligée, justement parce que pas profitable pour les boites qui font leurs choux gras de la mode bio climatique. Pour le moment c'est beaucoup dans la tête mais j'espère réussir à faire passer mes idées. Le truc où je cale un peu c'est pour fermer l'arrivée d'air le soir pour éviter que l'air chaud du jour ne reparte la nuit! Il faut faire un montage électronique et c'est pas mon domaine. Mais si je réussis à monter un premier capteur qui fonctionne ça va susciter un peu d'intérêt je pense car honnêtement pour le moment mon mari regarde ça avec une grande indifférence.

annepeintout a écrit:

J'ai repris le système des hypocaustes romains et du chauffage coréen traditionnel qui se ressemblent, bien que les romains aient poussé le système bien plus loin. Eux arrivaient à faire circuler l'air sans vmc électrique alors on devrait pouvoir au moins s'en inspirer! Le but n'est pas de chauffer vraiment par ce système mais d’empêcher les murs de trop refroidir pour utiliser l'inertie de la pierre. Comme la terrasse est en contre bas et bien exposée au sud, on devrait pouvoir acheminer l'air sans gros problèmes au rez de chaussée et sans que ça coute la peau des noix. J'ai acheté le bouquin de chez Eyrolles sur les capteurs à air et je lis beaucoup sur ce sujet car je trouve que c'est une énergie pas compliquée, sans grosse maintenance, et très très négligée, justement parce que pas profitable pour les boites qui font leurs choux gras de la mode bio climatique.

Eh ben, vraiment Anne, tu ne cesseras jamais de m'épater . Je ne connaissais pas du tout ce système. Je souhaite que tu réussisses et que ton mari s'y intéresse .

Ca ressemble un peu au puit canadien ?

bonjour Mini,
puits canadien oui et non, le puits canadien (qu'il faut creuser, et chez nous... ) s'en va chercher les calories du sol pour chauffer de l'air ou de l'eau et en principe il y a un tunnel à galets pour accumuler ces calories. Là c'est une boite où l'air se chauffe comme quand tu laisses ta voiture fermée au soleil: ça fait un effet de serre et tu suffoques quand tu ouvres la portière. On reproduit cet effet dans la boite en faisant circuler l'air tout doucement derrière une vitre ou un polycarbonate et une tôle noire (le noir absorbe la chaleur) et on l'achemine jusqu'à la maison par des gaines isolées. C'est aussi le principe du mur Trombe mais nous on a la chance d'avoir cette terrasse en contre bas, donc ça sera terrasse Trombe!
En théorie l'air peut monter jusqu'à 75°et perd des calories pendant le trajet. heureusement sinon on fondrait!
Si tu cherches sur le net "mur trombe" ou "capteur solaire à air" tu verras comme c'est passionnant.
Je râles parce que les installateurs ne parlent que de solaire photovoltaïque ou à la rigueur thermique alors que ce n'est pas que ça, mais c'est là qu'ils font des sous. Moi je ne veux pas m'endetter pour installer des panneaux et vendre du jus à EDF(au prix qu'il fixe!) qui m'en revendra pour ma conso et quand mes panneaux seront payés ils auront perdu une grande partie de leur puissance et je devrais encore payer pour la maintenance du bazar Flute!
Tu me diras les romains n'avaient pas EDF mais ils avaient des esclaves pour entretenir le feu de l'hypocauste, ça devait aussi avoir un coût: le bois + l'entretien des esclaves. Euh je blaague!

annepeintout a écrit:

Tu me diras les romains n'avaient pas EDF mais ils avaient des esclaves pour entretenir le feu de l'hypocauste, ça devait aussi avoir un coût: le bois + l'entretien des esclaves. Euh je blaague!

eh, c'est quand même vrai... !

Je m'en vais de ce pas me renseigner sur le mur trombe, les capteurs à air et l'hypocauste, dont j'ai jamais entendu parler non plus !

On apprend beaucoup sur ce site je trouve, en plus de savourer la lecture.

Diane 2 a écrit:

On apprend beaucoup sur ce site je trouve, en plus de savourer la lecture.

Oui, tout à fait !

Alors, l'hypocauste, c'est lumineux, j'ai tout de suite compris !

Par contre, j'ai mis plus de temps pour le mur trombe mais ça y est, je crois que j'ai compris. En fait, j'en avais déjà vu un exemplaire dans l'émission de déco sur la 5 (je ne sais plus comment elle s'appelle, elle passe le samedi matin et le mercredi soir...) mais je n'avais pas retenu le nom.

A la place de mon ancienne école (une école Jules Ferry, détruite pour construire des immeubles ), il y a justement un immeuble avec des drôles de "volets" fixes, de la même dimension que les fenêtres qui se trouvent juste à côté (c'est pour ça que j'ai d'abord pensé que c'était des volets, mais non, ils sont bien fixes...) : maintenant, je me demande si ça ne serait pas justement un système du genre mur capteur...

c'est génial comme système, je ne connaissais pas non plus, ça m'intrigue, je m'en vais yeuter ça dans l'heure sur google tiens !!! Anne tu es un puits de science lol jeu de mots bien sûr mdrrrr

Tiens, je viens de trouver cette citation qui serait un proverbe basque :

"Quand tu ne vois pas les montagnes, c’est qui pleut, quand tu les vois c’est qu’il va pleuvoir".

ça me rappelle bien à quel point ce pays est VERDOYANT, et aussi une belle randonnée, à moitié sous la pluie, y compris la nuit dans la tente

Bien vu ce proverbe! Un paysage aussi vert c'est louche!
Nous avons dû faire un petit aller retour il y a trois jours et je me suis enfin acheté des espadrilles. Le patron de la fabrique m'a bien amusée. Je lui racontais que dans mon enfance campagnarde tout le monde portait un certain modèle d'espadrilles à raies bleues et blanches avec un petit laçage sur le dessus et il m'a dit Vous êtes donc de La Réole? je suis restée sans voix car cette petite ville, je pense que même les bordelais en ignorent l'existence. J'ai commencé à me dire que ces basques sont décidément un peu devins puisque je suis vraiment née là, mais il m'a expliqué que depuis toujours ce modèle était fabriqué justement à La Réole. Alors la prochaine fois je m'achète des réolaises c'est sûr! En fait elles s'appellent les tuilières sur le site de ce don quichosse!

Petit détail savoureux...

Merci Dianne de venir me lire avec autant de constance.
Je ne sais pas si nous allons avoir beaucoup de temps à consacrer à la maison cet hiver car j'ai deux gros paquebots à décharger!
Apprendre à utiliser excel pour mettre en place la gestion de l'entreprise de mon mari commandes,agents pour les effectuer, paiements des gars, tout quoi. Alors pour moi qui suis une vraie buse en maths (oh! moi j'ai fait philo-langues!) c'est un Himalaya.
Et puis la maison de retraite où j'avais postulé pour ma mère m'a donné une réponse positive. Et là c'est aussi un big big problème, car elle ne veut à aucun prix quitter sa maison mais je vois bien qu'à la vitesse où son état empire je ne vais pas pouvoir gérer son maintien à domicile d'autant qu'elle aussi désagréable qu'oublieuse. J'avoue que je ne sais pas du tout comment faire. Mais en principe mon ange gardien qui est toujours si amicalement présent pour moi va bien se manifester. J'attends pour voir ce qu'il va envoyer comme solutions.
C'est un peu loin du pays basque tout ça mais il y a des priorités.
Je me suis inscrite sur un forum spécifique énergie solaire et j'ai des conseils en or pour réaliser mes capteurs. Alors je vais peut être consacrer le temps qui me restera à ça. A bientôt.

Courage Anne, si j'y suis arrivée avec excel, moi qui ne suis pas matheuse pour trois ronds non plus, il n'y a pas de raison, tu y arriveras !

Pour ce qui est de ta mère, malheureusement, on en a déjà parlé, je pense qu'il ne te reste plus beaucoup de choix. Cette décision sera très difficile à prendre mais si tu l'as prends, tu n'auras rien à te reprocher, tu auras fait tout ce que tu pouvais faire pour elle. En tout cas, je te souhaites beaucoup de courage et est de tout coeur avec toi !

Enfin
Enfin, pour quelques heures,
petite escapade à Sainte-Engrâce.
Ce matin, lever à 5h 30 pour Doudou et pleine lune qui nous a empêché de
dormir, alors les petits problèmes de boulot réglés, nous avons décidé au lieu
de retourner sous la couette, de prendre deux trois trucs et de filer vers les Pyrénées
avec les deux mimies.
On a dit que c'était pour bosser bien sûr!
Le trajet a été vraiment agréable avec un joli lever de soleil, deux chiens
bien sages sur la banquette arrière, peu de voitures sur cet axe si chargé
d'habitude. Bref un bon début.
Arrivés à 60 kilomètres du but, la plus âgée des deux chiennes a reconnu le
coin je ne sais pas à quoi mais elle savait qu'on allait à la maison. Et elle
s'est mise à couiner d'impatience jusqu'à l'arrivée. C'est bien long, cette
route de montagne avec un chien qui gémit en permanence.
Vers les gorges de Kakuetta le flanc opposé du canyon est tellement près qu'on
croirait le toucher en tendant la main à la portière. En cette saison les
herbes sont sèches et elles ont une étrange couleur fauve-roux. Le soleil de fin
matinée les éclaire de côté, le vent assez fort les fait onduler à la manière
des blés mûrs.
J'ai perdu pied pendant quelques minutes tant la ressemblance avec une fourrure
géante m'a happée. L'image de ce pelage respirant s'est incrustée en moi, nous
roulions, petits microbes dans notre petite auto le long du flanc d'un ours
gigantesque qui dormait paisiblement.
Voiture garée, nous avons cédé au rituel du vieux voisin qui surgit de sa
maison pour nous demander: "Vous arrivez?" mais maintenant nous sommes habitués,
il nous annonce aussitôt que le village est en deuil mais nous ne comprenons
pas trop de qui. Puis les salutations de Youki le border collie et de Belchar
son aïeul de 14 ans.
Enfin nous ouvrons la maison, et en vidant le coffre de la voiture je tombe nez à nez avec Irène la maîtresse de Youkie. Elle m'explique qu'elle doit aller à
l'enterrement de cette dame et que nous nous verrons plus tard.
Après quelques rangements nous filons déjeuner chez Marie. Elle nous accueille
avec son sourire pétillant. Sa joie de nous voir est sincère et nous aussi nous
sommes heureux d'être là. Pendant le déjeuner comme il y a très peu de clients elle s'assoit avec
nous et nous donne des nouvelles. Et nous explique que l'enterrement concerne
la sœur de nos voisins les plus proches qui a choisi d'être enterrée là où elle
est née après avoir vécu à Bordeaux toute sa vie.

Bien sûr nous ne connaissions pas cette dame, mais nous connaissons nos voisins, tout le village va être présent à l'église alors la décision est vite prise je vais me joindre à cette cérémonie c'est mieux.
Après le service Mireille, la fille de Marie et la patronne des lieux je crois, sort de sa cuisine et vient boire son petit café avec nous. J'ai l'impression de la connaitre depuis des années. Elle me fait rire avec son caractère explosif, son goût pour la culture arabe à part le thé à la menthe, même ses gros écarts de langage ne me refroidissent pas, ça fait partie du personnage. On ne s'attend pas à un numéro comme elle en arrivant au bout de la route tout là haut! Je pourrais passer des heures avec elle, entre éclats de rire et confidences. Je la quitte toujours à regrets.


Rapidement je dépose Abdel à la maison car lui au moins est venu pour bosser et je remonte à l'église.

En traversant le tout petit cimetière j'entends les voix des fidèles, je suis en retard alors je me glisse à pas de chat au dernier rang.
Le vieux prêtre parle de la foi, ou plutôt il parle du doute bien naturel du fidèle. Bien sûr à la fin il conduit l'égaré vers la foi chrétienne (le contraire provoquerait un électrochoc!) mais il semble plein de compréhension et son discours ponctué de mimiques est tout à fait écoutable.
Il lance des chants, en basque je crois bien, et toute l'église frémit à ces voix puissantes car tout l'auditoire reprend le chant. Ils doivent être plutôt pratiquants ici car même les plutôt jeunes connaissent les paroles ou alors c'est bien imité!

L'église est petite, et la cinquantaine de personnes présentes la remplissent convenablement, beaucoup de femmes et quelques hommes qui semblent être de la famille. Par moments un regard glisse vers moi et un sourire rapide me dit bonjour.
Le cercueil suivi du prêtre et de la famille franchit les quelques mètres séparant l'église de la tombe.

Tout est minuscule, l'église, le cimetière, mais tout autour la montagne se dresse imposante et dominatrice.

Que de symboles pour une dernière demeure! Les derniers chants, les dernières prières, puis le bavardage de celles qui ne se voient pas souvent, la vie qui reprend vite son cours.

Je m'éclipse après les condoléances.
De retour à la maison je fais acte de présence en nettoyant la conduite d'eau de pluie extérieure; la visite ne m'a pas épuisée cette fois!
La lumière baisse très rapidement alors nous fermons les volets et nous réembarquons les bestioles. Il commence à pleuvoir et de fait, le trajet entre Sainte-Engrâce et l'autoroute, sous la flotte et sur ces routes pas éclairées est pénible.
Mais comme toujours ces quelques heures nous ont emmenés loin. Bien loin.

Toi aussi Anne, tu nous as emmené loin bien loin, quel plaisir que de lire ta petite escapade, j'y étais avec toi, que du bonheur, de la douceur, du plaisir de te lire, encore et encore :)))) Merci

Moi aussi je me suis laissé emmener... on s'y croirait.

Bonne dernière journée de l'année, et puis après....

J'aime tellement aller en balades avec toi et aussi au travail quand il y en a dans tes récits.

MERCI.

Magnifique ta ballade.
Tu as une écriture splendide?

Nous ne sommes pas près de retourner à Sainte-Engrâce puisque je suis ici, au fort de Rosny, en banlieue parisienne, dans un espace miraculeusement protégé du bruit et de l'agitation de la capitale.
Vous connaissez forcément le fort de Rosny! si vous avez une fois écouté les radios généralistes celles qui donnent des infos vous avez entendu "ici Jean Dulapin en direct du PC de la circulation à Rosny sous Bois, les routes sont encombrées".
Mon fils a été muté ici bien que ne s'occupant pas du tout de la circulation, et donc moi, la maman, je suis venue m'y installer pendant une deux, trois (quatre ?) semaines jusqu'à la naissance de leur premier enfant et je vais materner ma belle fille!
Comme sa maman a eu la même idée que moi, nous sommes là, les deux futures grand mères, la future maman et le futur papa dans une cohabitation joyeuse et tendre.
Sa maman d'origine sicilienne lui mijote des petits plats de son enfance, italiens, polonais, chnordistes et moi qui n'ai pas ces moyens là, je lui masse les pieds et les mollets jusqu'à ce que ses petits patarons reprennent forme humaine car l’œdème, le méchant œdème qui alourdit le pas des filles enceintes est arrivé.
Dimanche comme c'était le nouvel an chinois et que la famille paternelle de mon fils est asiatique, nous sommes allés au défilé du 13° arrondissement.
A notre arrivée les groupes commençaient à se former et les sourires affichaient présent sur tous les visages.
Comme de bons bourrins de province pas habitués nous avons pris le cours de la foule, et petits pas par petits pas, nous avons longé l'avenue en même temps que tout le monde.
Le soleil bien présent après les semaines de pluie, les visages joyeux des enfants, les rythmes explosifs des groupes de musiciens et les oriflammes et les banderoles rouges virevoltantes nous portaient.
Mais peu à peu nous avons eu moins d'espace pour nous mouvoir et pris par le début du défilé, nous n'y avons même pas pris garde et nous sommes allés tout droit nous engluer dans un embouteillage humain: ceux de devant s'étaient arrêtés pour d'obscures raisons et ceux de derrière portés par la masse venaient nous presser sur les premiers
et c'est comme ça que coincés nous n'avons plus eu d'autre alternative que de déployer une stratégie de protection du bidou de ma belle fille.
Le papa derrière en bodyguard, et les deux grand mères de part et d'autre, bras joints arque boutées pour empêcher qu'elle ne soit compressée, elle et ce petit, qui en aurait peut être profité pour tenter une sortie!
Pendant à peu près une heure nous sommes restés ainsi bercés, secoués, ballotés et portés par la foule qui roule....
Quelques nerfs qui lâchaient par ci par là mais nous, petit groupe heureux, nous avons attendu la fin de l'épreuve en souriant car j'en suis sûre c'était un des plus jolis moments qui m'ait été donné à vivre, cette proximité, cette affection, ce sentiment d'être tous utiles à ce futur bébé.
Après ça devant un bon repas nous avons pu voir tout le défilé depuis la vitrine du restaurant et échanger des vœux avec tous les serveurs quand les explosions en mitraillette le permettaient.
Une bien jolie fête que ce nouvel an chinois, et comme toutes fêtes humaines ce n'est sûrement la fête des animaux car je pensais aux pauvres petits oiseaux dans leurs nids, aux pigeons, aux chats, aux chiens enlaissés et affolés et j'avais le cœur serré.
Vous croyez qu'un jour l'humanité saura faire la fête avec tous ses petits frères?
Voilà pourquoi Sainte-Engrâce est un peu loin de moi en ce moment mais la vie s'écoule selon son axe et il me faut la suivre n'est ce pas?