Quand les animaux se soignent
Dr François Lubrina - La Presse - Collaboration spéciale
Les animaux domestiques, lorsqu'ils tombent malades, peuvent au moins
espérer des soins vétérinaires. À condition, bien sûr, que leurs
propriétaires en aient les moyens financiers... La faune qui vit à l'état
sauvage dispose heureusement, et faute de médecins des bêtes au fond de la
savane africaine ou de la jungle tropicale, d'une sorte d'instinct médical.
Mais aussi d'une vaste pharmacopée que la nature met généreusement à sa
disposition et sans la moindre prescription! C'est ce que révèle
curieusement le dernier numéro du magazine *La Semaine vétérinaire*.
De nombreux mammifères, plusieurs espèces d'oiseaux et d'insectes sont ainsi
géophages: ils mangent donc occasionnellement de la terre, et plus
particulièrement de l'argile. Cette roche terreuse a comme vertu de
neutraliser les bactéries pathogènes intestinales et leurs toxines. Et,
accessoirement, aussi de soulager les maux d'estomac et la diarrhée.
La terre sert, en outre, à éliminer de nombreux parasites cutanés comme les
tiques. Des ongulés se roulent, pour cette raison, sur le sol. D'autres
prennent des bains de boue.
Quelques variétés d'insectes possèdent des vertus thérapeutiques: plus de
200 espèces d'oiseaux chanteurs utilisent ainsi des fourmis pour se
débarrasser de leurs propres poux. Pour ce faire, après les avoir saisies
délicatement dans leur bec, elles les font passer sur leurs plumes. Ces
fourmis, soigneusement choisies bien sûr, émettent de l'acide formique, qui
a une action létale sur les poux. Pour cette même raison, des oiseaux se
roulent directement dans des termitières. La technique du bain de termites
est même utilisée par des écureuils, des chats et des primates. Quant aux
étourneaux, ils tapissent leur nid de carottes sauvages, de millefeuille et
d'aigremoine pour contrôler les infestations d'acariens. Ces plantes
contiennent des substances qui nuisent au développement des bactéries, des
acariens et des poux.
Chez les grands singes, les premières observations scientifiques
d'automédication débutent dans les années 1980, en Tanzanie. Une femelle
chimpanzé qui souffrait de diarrhée a d'elle-même écorcé et mâchouillé le
coeur des branches d'une plante connue sous le nom scientifique de *Vernonia
amygdalana*, laquelle contient des glucosides stéroïdes et des lactones.
Vingt-quatre heures plus tard, ses symptômes avaient cessé. Une analyse
fécale a montré la présence d'oeufs de parasites intestinaux. Cette plante
est bien connue des populations africaines pour combattre différentes
maladies parasitaires comme la malaria, la leishmaniose, la bilharziose et
de nombreuses parasitoses intestinales.
Une manière plus originale encore d'évacuer les parasites intestinaux a été
mise en évidence, toujours en Tanzanie, chez des chimpanzés qui
sélectionnent méticuleusement des feuilles possédant des barbes. Ces
feuilles «poilues» sont pliées, avalées puis retrouvées intactes par la
suite dans les selles, mais avec de nombreux vers accrochés aux piquants qui
ont servi à les capturer et à les éliminer du tractus gastro-intestinal.
Enfin, pour accélérer leur mise bas, sachez que les éléphantes d'Afrique
consomment des arbustes de la famille des *Boraginaceae*. Une décoction de
ces mêmes feuilles facilite aussi l'accouchement chez les femmes, au Kenya.
Bref, l'instinct médical et pharmaceutique chez les animaux, ça ne trompe
pas!
Source
--
Daniel
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