Il adoptait des chiens pour faire des combats (22/09/2006)
Un jeune Bruxellois de 23 ans est poursuivi en justice pour maltraitance sur
animaux. Des refuges sont parties civiles
BRUXELLES Jada, Kao et Tequila sont trois chiens qui ont subi un calvaire
sans nom. Pourtant, ces braves bêtes n'avaient rien fait qui justifiait
cela. Leur seul tort était d'être cataloguées comme molosses et d'être
proposées à l'adoption.
Michaël, un jeune homme de 23 ans, s'est présenté en septembre 2005 à l'asbl
Wahf à Schaerbeek. Il était intéressé par Jada, une femelle bull-terrier
blanche de 5 ans. Une véritable crème. Il s'est acquitté des 100 euros
nécessaires à finaliser l'adoption et a emmené Jada. L'asbl a procédé à un
contrôle téléphonique pour voir si tout se passait bien et tout avait
effectivement l'air en ordre.
Un jour d'octobre pourtant, une bénévole de l'association a remarqué une
annonce intrigante sur le site de la commission européenne. Une dame
demandait de l'aide pour un chien bull-terrier blanc à Neder-Over-Heembeek.
La coïncidence était trop grande et le coup de fil à cette dame s'est révélé
très inquiétant.
Dans un terrain vague à côté de chez elle, la dame a vu plusieurs chiens
enfermés dans des cabanes en bois. Un groupe de jeunes venait s'occuper des
chiens le mercredi après-midi et le samedi. S'occuper étant un bien grand
mot puisque ces molosses (un bull-terrier, deux amstaffs et un rottweiller),
étaient sous alimentés et entraînés pour devenir des chiens de combat.
Sous-alimentation, enfermement, chaînes ultracourtes, tout dans les
conditions de détention de ces chiens concourait à les rendre plus
agressifs.
La police a été avisée des faits et les chiens ont été saisis. Jada a
réintégré son refuge de Schaerbeek où, après deux mois de soins et de
revalidation - elle ne pesait plus que 12, 5 kilos au lieu des 24 habituels
- elle a été adoptée par une dame qui a désormais un chien débordant
d'affection.
Au cours de la saisie, on s'est rendu compte, grâce aux puces électroniques
des chiens, que Kao et Tequila avaient également été adoptés dans des
refuges et notamment celui d'Animaux en péril à Braine-l'Alleud. Outre
l'amaigrissement excessif, les chiens étaient tous porteurs de plaies
multiples sur la tête et le corps. Il n'aurait plus fallu longtemps pour que
l'un d'entre eux perde la vie. Le quatrième animal avait réussi à prendre la
fuite et a été recueilli chez Veeweyde.
Un dossier répressif a été ouvert au parquet de Bruxelles pour infraction à
la loi sur le bien-être animal. La Wahf, Animaux en péril et la Chaîne bleue
mondiale se sont porté partie civile contre Michaël à qui est réclamé un
euro symbolique.
Un an après les faits, Michaël était appelé à comparaître devant la 58e
chambre correctionnelle de Bruxelles. Vu l'encombrement de son rôle,
l'affaire a été reportée. Au vu de la réaction de la présidente, le dossier
est considéré comme grave et pourrait avoir une valeur symbolique en cas de
condamnation.
M. Ka.
23 combats en 2005
Le problème est réel et loin d'être isolé
BRUXELLES Le phénomène a vu le jour dans les banlieues françaises, mais la
Belgique n'est pas épargnée par les combats de chiens clandestins. La police
fédérale, dans ses statistiques criminelles, a recensé quelque 23 combats de
chiens en 2005. En 2004, il y en avait eu 38 contre 31 l'année précédente,
15 en 2002 et 3 en 2001.
Le phénomène est donc limité, si l'on en croit ces chiffres. Pourtant, la
réalité semble moins rose. En effet, par définition, ces combats sont
clandestins. Une clandestinité qui malheureusement pèse sur les chiffres et
ne donne qu'une image tronquée de la réalité. Ces combats sont donc
probablement plus nombreux et bénéficient sans doute du fait que, sur le
plan législatif, seule la loi sur le bien-être animal (et peut-être celle
sur les paris clandestins) peut être utilisée pour sanctionner les
organisateurs de ces événements. Si l'arsenal législatif existe, les
sanctions qu'il permet sont légères...
Source La Dernière Heure 2006