Subject: actions pour contrôler la prolifération" des pigeons et grippe aviaire à l'attention de :
ABOUT Nicolas
Sénateur des Yvelines (Ile-de-France)
Président de la commission des affaires sociales
Président de l' Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé
Membre du Groupe Union centriste - UDF
n.about@senat.fr
Monsieur le Sénateur,
je viens de prendre connaissance de votre communique (résumé ci-dessous) du mercredi 19/10/2005 où vous appelez à des "actions pour contrôler la prolifération" des pigeons, "susceptibles de devenir des agents puissants de contagion et de propagation" de la grippe aviaire et je suis étonné de cette affirmation.
En effet, les pigeons des villes ne sont pas plus susceptibles de devenir des agents puissants de contagion et de propagation de la grippe aviaire que n'importe quelle oiseau vivant en liberté. Alors pourquoi insistez vous particulièrement sur cette espèce ? Vous n'aimez pas les pigeons des villes et vous aimeriez, surfant sur la vague actuelle d'hystérie que j'appelle "panique à la grippe aviaire" (voir ci-dessous le communiqué L'Ordre national des vétérinaires), persuader les gens que les pigeons sont particulièrement dangereux de ce point du vue.
Mais vos propos sont infirmés par beaucoup d'études scientifiques, qui n'ont jamais mis en évidence une quelconque dangerosité de cet oiseau en matière de propagation de la peste aviaire. Pour ce qui est de la peste aviaire pourquoi faire peur à la population en lui jetant en pâture, comme victime expiatoire, ces pauvres pigeons des villes alors que d'après le rapport du groupe de travail sur le risque de transmission à l'homme des virus influenza aviaires de 2002 (refs et extraits ci-dessous) :
Seuls quatre épisodes de transmission de virus aviaires à l'homme ont été décrits dans la littérature scientifique. Ils se sont traduits soit par une infection locale, de type conjonctivite, soit par des infections de type grippal. A l'exception d'un épisode survenu à Hong Kong en 1997 (18 personnes infectées par un virus H5N1 aviaire, 6 décès chez les malades), ces infections ont évolué favorablement. Dans aucun des quatre épisodes, la transmission secondaire inter humaine d'un virus d'origine aviaire n'a été décrite comme induisant une maladie (toutefois, une transmission inter humaine asymptomatique a été rarement observée à Hong Kong). Ce manque de diffusion des virus aviaires au sein des populations humaines suggère que les virus influenza circulant chez les oiseaux sont généralement peu contagieux pour l'homme qui semble avoir été un « cul-de-sac » épidémiologique. En dehors d'un contexte d'épidémie tel que celui de Hong Kong en 1997 ou d'une étude réalisée chez les travailleurs avicoles italiens durant une épizootie d'influenza aviaire, peu ou pas d'enquêtes ont été effectuées pour mettre en évidence la circulation chez l'homme des virus circulant normalement chez les espèces aviaires.
Quant au risque pandémique il est hypothétique :
La théorie actuellement couramment admise pour expliquer l'émergence des virus pandémiques chez l'homme repose sur la transmission à l'homme de souches d'influenzavirus circulant normalement chez les oiseaux. Différents mécanismes de transmission, directe ou faisant appel à une autre espèce animale hôte pouvant jouer le rôle « d'intermédiaire » entre les oiseaux et l'homme, ont été décrits (leurs mécanismes et leur probabilité d'apparition seront discutés dans ce rapport).
il n'est pas possible dans l'état de nos connaissances actuelles de connaître même très approximativement la date d'émergence d'une nouvelle pandémie ni d'ailleurs la souche virale la plus apte à en être la cause. En effet quelle corrélation existe t-il entre les 18 épisodes d'influenza aviaire hautement pathogène recensés dans le monde depuis 1959 et les trois pandémies grippale du 20 ° siècle (en 1918-1920 grippe dite « espagnole », en 1957 grippe dite « asiatique » et en 1968 grippe dite « de Hong Kong ») ?
Alors Monsieur le Sénateur un peu plus de tenu et moins de mensonges. Ne prenez pas vos désirs pour la réalité : non les pigeons ne sont pas des "Alien" venus sur terre pour exterminer l'espèce humaine. Arrêtez cette propagande indigne du poste que vous occupez !
Vous trouverez ci-dessous un texte de mon cru sur l'histoire de la propagande anti pigeons développée depuis plus d'un demi siècle dans notre société, propagande alimentant une véritable phobie de cet oiseau devenu dans l'inconscient collectif un symbole de la maladie et de la mort. D'ailleurs ce transfert psychologique se retrouve également dans les dernières crises du SRAS, de la vache folle, etc où les animaux sont vus comme des ennemis, des forces étranges, inconnues, dangereuses et obscures à éliminer. Une vrai psychose de l'homme moderne en face du fait vivant, de la nature.
Veuillez agréer, Monsieur le Sénateur, l'assurance de ma plus parfaite considération.
Pascal Cousin
à Pascal Cousin! Vous pouvez également écrire à ce Sénateur: n.about@senat.fr
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Grippe aviaire: appel à lutter contre la prolifération des pigeons Le président de la commission des Affaires sociales du Sénat Nicolas About (UDF, Yvelines) a appelé mercredi à des "actions pour contrôler la prolifération" des pigeons, "susceptibles de devenir des agents puissants de contagion et de propagation" de la grippe aviaire.
Dans un communiqué, M. About, médecin de profession, préconise "la mise en oeuvre de mesures de précaution supplémentaires, face au risque d'épidémie de grippe aviaire, au moment où des cas avérés d'oiseaux infectés par le virus grippal d'Asie du Sud-Est sont enregistrés sur le territoire européen"."Au-delà du plan d'action du gouvernement, qui fera l'objet d'une question orale avec débat devant le Sénat le 10 novembre", le sénateur attire l'attention des autorités sur le "problème que pose la présence de dizaines de milliers de pigeons dans les villes françaises".Ceux-ci, affirme-t-il, "sont en effet susceptibles de devenir des agents puissants de contagion et de propagation de la maladie, notamment auprès des enfants qui fréquentent les jardins publics"."Il conviendrait donc, à titre préventif, d'engager immédiatement des actions pour contrôler la prolifération de cette population animale et s'assurer du respect de la réglementation sur l'interdiction de la nourrir", ajoute-t-il.
Les services vétérinaires de la ville de Venise, qui compte des dizaines de milliers de pigeons, ont assuré mercredi que ce volatile possédait des "caractéristiques physiologiques" qui le rendait réfractaire à la grippe aviaire et que les touristes pouvaient continuer sans danger à fréquenter la place Saint-Marc.
(Source AFP)
source FR3 : http://www.pic.france3.fr/info/15005089-fr.php
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Grippe aviaire: les vétérinaires français mettent en garde contre un amalgame LIMOGES (AFP) - L'Ordre national des vétérinaires, en congrès à Limoges, met en garde contre l'amalgame entre la peste aviaire et une pandémie grippale qui, selon les spécialistes, n'est pas à craindre dans les conditions annoncées en France.
"Le ministre de la santé doit être bien mal conseillé", a estimé vendredi soir Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l'école vétérinaire de Maisons-Alfort et membre des académies vétérinaire et médicale. "Nous sommes en présence d'un problème typique de santé animale, celui de la peste aviaire", a-t-elle précisé.
Cette maladie, selon la spécialiste, "sévit de façon pratiquement constante au Mexique, au Canada ou aux Etats-unis, pays où l'on vaccine régulièrement les animaux". "Le virus H5N1 chez l'homme a beaucoup ému parcequ'il se présentait immédiatement après le SRAS. L'aurait-on seulement découvert dans un autre contexte ?", a-t-elle interrogé.
"Les cas de contamination de l'homme sont liés à un contact étroit avec l'animal, comme chez les éleveurs de coqs de combat. On fait alors l'amalgame entre la peste aviaire et une pandémie grippale qui en serait la conséquence directe", commente le Pr. Brugère-Picoux.
Pourtant, avertit-elle, "le virus est très peu contaminant pour l'homme. La contamination de la grippe emprunte les voies aériennes, celle de la peste aviaire est fécale, passant notamment par des eaux contaminées".
"Quand bien même y aurait-il recombinaison du virus, elle serait très différente. Il est peu probable qu'elle se produise, on ignore quand et ce ne serait vraisemblablement pas H5N1", prévient la spécialiste.
Le Pr. Brugère-Picoux estime que la meilleure parade contre l'évolution de la peste aviaire réside dans "un maillage vétérinaire efficace". "Elle se développe très peu à Taiwan ou au Japon alors qu'elle évolue rapidement dans des pays voisins en voie de développement, qui ne disposent pas des moyens, où les petits élevages ne sont pas suivis par des vétérinaires et où abattre le bétail revient à couper les propriétaires de leur seul moyen de subsistance", analyse-t-elle, déduisant que "les questions économiques sont cruciales".
Aussi demande-t-elle aux médecins de ne pas se saisir d'un "problème animal" et avertit-elle, pour conclure, contre un risque de "psychose de santé humaine sur un problème typique de santé animal
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Rapport du groupe de travail sur Le risque de transmission à l'homme des virus influenza aviairesAdopté par le Comité d'experts spécialisé « Santé animale »
le 10 juillet 2002
AFSSA
source http://www.afssa.fr/ftp/afssa/actu/Rapport_Influenza.pdf
extraits :
Importance médicale des influenzavirus humains et aviaires
Isolés pour la première fois en 1933, les influenzavirus de type A constituent le principal genre viral responsable des infections grippales chez l'homme. La circulation de ces virus dans les populations
humaines se manifeste généralement sous la forme d'épidémies annuelles hivernales d'un syndrome respiratoire d'évolution généralement favorable qui associe fièvre, myalgies, céphalées suivies d'une
pharyngite et d'une bronchite. Avec une périodicité maximale de 40 à 50 ans, l'apparition chez l'homme d'une souche virale dotée de propriétés nouvelles se traduit toutefois par le développement rapide d'une épidémie d'ampleur mondiale et de gravité exceptionnelle, que l'on qualifie de
« pandémie ». De telles pandémies sont décrites depuis le XVIème siècle (Potter, 2001). Elles sont survenues à trois reprises au XXème siècle, en 1918-1920 (grippe dite « espagnole »), en 1957 (grippe dite « asiatique ») et en 1968 (grippe dite « de Hong Kong »), cet épisode constituant le dernier en date.
Outre l'espèce humaine, il est maintenant avéré que les influenzavirus de type A infectent également plusieurs espèces de mammifères et de très nombreuses espèces d'oiseaux. Chez ces derniers et en particulier chez les volailles domestiques, des mutations virales susceptibles d'affecter certains influenzavirus peuvent conduire à l'émergence de virus dits « hautement pathogènes » qui peuvent induire jusqu'à 100 % de mortalité chez les volailles infectées. Pour éviter la diffusion géographique
de tels virus (dont l'émergence est heureusement rare puisque seuls 18 épisodes en ont été rapportés dans le monde depuis 1959 et aucun en France) des mesures draconiennes sont en général mises en oeuvre par les services vétérinaires des pays concernés, incluant par exemple l'abattage de nombreux lots de volailles infectés ou susceptibles de l'être.
Depuis le début des années 1990, l'écologie globale des influenzavirus de type A et les échanges entre influenzavirus humains et animaux sont mieux compris. La théorie actuellement couramment admise pour expliquer l'émergence des virus pandémiques chez l'homme repose sur la transmission à l'homme de souches d'influenzavirus circulant normalement chez les oiseaux. Différents mécanismes de transmission, directe ou faisant appel à une autre espèce animale hôte pouvant jouer
le rôle « d'intermédiaire » entre les oiseaux et l'homme, ont été décrits (leurs mécanismes et leur probabilité d'apparition seront discutés dans ce rapport).