Les opposants aux forages en Méditerranée remontés contre un projet au large de Marseille
MARSEILLE (AFP) - Depuis plusieurs mois, un permis d'exploration
d'hydrocarbures au large de Marseille cristallise les inquiétudes des
associations écologistes. Dimanche, les opposants au projet se donnent
rendez-vous dans le Var pour demander au gouvernement de ne pas le
renouveler.
Accordé une première fois en 2002, puis prolongé en
2006 jusqu'à la date du 19 novembre 2010, ce permis "Rhône-Maritime",
couvrant une superficie de 9.375 km2, est détenu par la société
britannique Melrose Resources qui s'est récemment associée au groupe
texan Noble Energy.
Dans l'attente d'une décision du gouvernement,
ce document "produit encore ses effets", précise-t-on au ministère de
l'Energie. "Le dossier est à l'étude", sans obligation de se prononcer
avant la présidentielle, ajoute-t-on, alors que les militants avancent
la date butoir du 11 avril.
Sur le terrain, les deux partenaires
sont "au stade des toutes premières explorations", assure une
porte-parole de Melrose. "Une étude sismique en deux dimensions a été
achevée en 2011 et nous sommes encore en train d'évaluer les résultats
techniques et commerciaux des données obtenues", souligne-t-elle,
estimant prématuré d'évoquer des prospections.
Pourtant, dans un
courrier adressé l'été dernier aux autorités françaises, le titulaire du
permis se montrait plus pressé. Il envisageait déjà un "programme
sismique en trois dimensions" et en cas de résultats prometteurs, le
forage d'un puits d'exploration "aussi tôt que 2013". Tout en faisant
miroiter "des réserves nationales supplémentaires, qui diminueraient le
recours de la France au gaz d'importation".
Un projet vivement
dénoncé par les associations de défense de l'environnement, comme
Greenpeace, France Nature Environnement (FNE), Surfrider ou la Fondation
Nicolas Hulot, ainsi que par des élus de tous bords.
Eva Joly,
candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à l'Elysée, est venue à Marseille
le 13 février s'opposer à cette "pure folie" et sera dimanche dans le
Var, au côté de José Bové. Le sénateur-maire UMP de Marseille,
Jean-Claude Gaudin, et le président PS de la Région Paca, Michel
Vauzelle, ont également exprimé leur hostilité au renouvellement du
permis.
La récente fuite de gaz sur une plateforme de Total en mer
du Nord a encore accentué les craintes sur la sécurité des plateformes
offshore, qui pose d'autant plus problème dans le cas du permis
Rhône-Maritime.
Car la Méditerranée est une mer semi-fermée où "il
faut 80 ans pour un renouvellement complet des eaux", note Julien
Rochette, chercheur à l'Iddri (Institut du développement durable et des
relations internationales). Le sous-sol, instable, est régulièrement
secoué par des tremblements de terre. Enfin, il s'agit d'une zone à la
biodiversité exceptionnelle, aux portes du parc national de Port-Cros,
du futur parc des Calanques (qui a émis un avis défavorable), du
sanctuaire Pelagos de protection des cétacés et de la réserve corse de
Scandola.
De manière globale, les associations réclament un
moratoire sur l'ensemble des prospections d'hydrocarbures en cours, au
nombre de 220 en Méditerranée, face au "manque d'encadrement
international", alors que se développent les forages ultraprofonds, à
plus de 2.000 m.
"Aujourd'hui les normes sont avant tout
nationales et extrêmement disparates, la capacité des administrations à
contrôler les installations est très faible et la question de la
responsabilité et de l'indemnisation n'est pas tranchée", précise M.
Rochette, rappelant que la plupart des pays européens n'ont pas ratifié
le protocole de Madrid adopté en 1994.
Les organisateurs
s'attendent à une forte mobilisation dimanche, tant en mer, au large de
la résidence présidentielle de Brégançon, que sur terre, à La
Seyne-sur-Mer. Vendredi matin, Greenpeace a donné le ton en déployant
une banderole géante "Forages: touche pas à ma mer!" sur la basilique
Notre-Dame-de-La-Garde à Marseille.
© 2012 AFP
http://www.liberation.fr/depeches/01012400894-forages-offshore-banderole-de-greenpeace-sur-notre-dame-de-la-garde-a-marseille