Le Désert Aquitain taurin

LE DESERT AQUITAIN

Faute de structure adaptée, l'Aquitaine reste en marge du mouvement qui se généralise partout ailleurs, privant les aspirants à la gloire taurine de toute possibilité d'intégrer les filières qui mènent au succès.

La Oportunidad organisée à Vistalegre - à l'initiative de Joselito il convient de le rappeler - est le sommet d'une pyramide dont la base est formée par les nombreuses écoles taurines qui ont fleuri un peu partout à l'initiative du secteur professionnel et avec le concours de diverses entités publiques.

Je n'apprendrai rien à personne en disant que pour faire une école il faut trois éléments : des maîtres, des élèves et des moyens pour enseigner. En l'occurence, les moyens sont faciles à déterminer : une arène vide, quelques capes et muletas, un ou deux carretons... et de l'argent pour permettre ensuite aux jeunes toreros de faire leurs gammes face à des adversaires réels.

Madrid, avec sa subvention colossale, Valence, Albacete, Salamanca, Jérez, Séville et quelques autres, montrent en Espagne que le système a du bon - malgré les réserves d'usage qui concernent le risque de formatage des toreros qui en sont issus - , Nîmes également en France, et Arles aussi.

Mais l'Aquitaine traîne le pas : la première école taurine du Sud-Ouest créé en 1985 dura un an à Dax, le temps de comprendre que personne ne souhaitait la voir prospérer, et celle du Grand Sud-Ouest que Gilles Marsal avait créée dans son jardin et qu'il a porté à bout de bras plusieurs années vient de fermer ses portes faute de moyens. Reste la petite structure d'Hagetmau, dont les efforts méritoires se heurtent toutefois à une terrible réalité.

Moyennant quoi, les aspirants toreros gascons sont punis deux fois : la première en ne sachant pas vers qui s'adresser pour apprendre les rudiments de la technique, la seconde en étant complètement marginalisés. La meilleure preuve en est apportée par la Oportunidad encore : alors que vont se retrouver à Madrid la plupart des meilleurs espoirs eurpéens, celui qui en France est apparu comme le grand animateur de la saison - El Santo - n'est pas invité à y défendre ses chances, pour la seule raison qu'il ne peut être le représentant d'aucune structure identifiée.

Cela ne l'empêchera pas de continuer son chemin, mais permet toutefois de poser une nouvelle fois le problème : si les arènes aquitaines, au pro rata de leur importance, s'unissaient pour créer une structure commune ouverte aux jeunes de la région, il est indubitable qu'à très courte échéance de nouveaux espoirs en sortiraient, les bonnes volontés ne manquant pas au niveau professionnel pour apporter leurs compétences.


André Viard