Le poulet se vend au rabais (08/11/2005)
Les grandes surfaces, qui font face à - 20% des ventes, diminuent les prix
BRUXELLES Pas de répit pour le poulet rôti, qui n'a décidément plus la cote dans les rôtissoires et assiettes du consommateur belge. Sous l'effet grippe aviaire, la dégringolade se poursuit en effet, comme le confirment les principaux distributeurs du pays. Et avec elle la conséquence directe: une chute des prix, les grossistes étant obligés de lâcher du lest pour ne pas trop y perdre de... plumes!
Exemple chez Carrefour, où Geneviève Bruynseels, porte-parole, confirme une diminution des ventes de l'ordre de 20% la semaine dernière. "Cela se stabilise. On constate assez curieusement que la baisse d'achat concerne surtout le poulet entier et pas les parties de poulet et les salades et préparations, comme les panés de poulet, les cordons bleus..."
Dès mercredi dernier, les prix de vente ont donc été réduits: "Nous avons voulu répercuter pour le consommateur des baisses de prix qui sont rendues possibles car les grossistes n'arrivent plus à écouler leurs stocks". Exemples des diminutions constatées: le poulet à rôtir de marque Carrefour ou GB se vendait à 3,35 EUR/kg, il est désormais affiché à 2,75 EUR/kg, soit une diminution de 60 centimes, environ 24 FB au kilo, appréciable! La diminution est encore plus flagrante pour les cuisses de poulet, les filets ou blancs ou pilons, pourtant moins concernés par la chute des ventes: ici, c'est carrément un euro de moins par kilo, pour chaque variété!
En face, Delhaize a également senti la nette influence de la grippe aviaire sur les ventes. "Nous enregistrons actuellement une baisse de 18,5%, analyse Katrien Verbeke. Pour les oeufs, c'est moins 5%. Le poulet entier est nettement moins vendu que les parties de poulet." Normalement, les prix sont peu soumis à variation, car les contrats d'achat sont passés pour une année: n'empêche que les producteurs sont bien contraints de vendre au rabais et les distributeurs, pour ne pas rester avec des invendus en rayon, suivent le mouvement. Chez Delhaize, le poulet entier bénéficie désormais d'une ristourne de 20 centimes au kilo (2,99 EUR/kilo).
La dinde de Noël suivra-t-elle le mouvement? Les grandes surfaces belges tablent sur des nouvelles plus rassurantes... avant leur arrivée en rayon dès les prochaines semaines.
Exercice catastrophe en Europe
GENÈVE "Ce n'est qu'une question de temps" avant qu'un virus de grippe aviaire ne se transforme en une souche hautement pathogène pour l'homme, a estimé le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Lee Jong-Wook, en ouvrant lundi une conférence mondiale à Genève. "Nous ne savons pas quand cela va arriver, mais nous savons que cela va se produire", a-t-il assuré devant les quelque 400 experts et représentants de pays et d'organisations internationales réunis pour mettre au point un plan d'urgence mondial contre la grippe aviaire.Dans ce contexte, tous les pays de l'Union européenne participeront fin novembre à un exercice de simulation des réponses face à une éventuelle pandémie de grippe humaine, a annoncé la ministre espagnole de la Santé, Elena Salgado. Cet exercice, organisé par la Commission européenne, vise à tester les capacités de réponse des services de santé, mais aussi d'échanges d'informations et de gestion de la communication vis-à-vis du public.La Commission européenne a pour sa part décidé de mettre, en 2006, quelque 30 millions d'euros à disposition des pays asiatiques pour les aider à faire face à l'épidémie de grippe aviaire.
La répartition précise de ces 30 millions sera opérée en fonction des besoins qui seront identifiés par la conférence internationale qui se tient actuellement à Genève. Où l'on apprenait qu'une pandémie pourrait coûter environ 450 milliards d'euros aux pays riches, selon des extrapolations de la Banque mondiale. Mais la même analyse ne peut être réalisée pour les pays en développement, "où les systèmes de santé sont beaucoup moins développés et où la mortalité pourrait être beaucoup plus élevée", note l'institution.Quant au vaccin, les représentants des laboratoires pharmaceutiques, qui se livrent à des galops d'essai, ont insisté sur le chemin restant à parcourir malgré les progrès déjà réalisés. "Si quelque chose se passe demain, nous sommes vraiment très peu préparés", a ainsi déclaré le Dr Bram Palache (Solvay Pharmaceuticals). "Nous avons fait d'énormes progrès, nous sommes à mi-parcours", a considéré le Dr Luc Hessel (Sanofi Pasteur MSD), précisant que des discussions sont en cours avec les agences sanitaires pour "trouver des moyens d'accélérer" les choses.
Nancy Ferroni
© La Dernière Heure 2005