Les animaux menacés par la reconstruction et la paix à Aceh

Les animaux menacés par la reconstruction et la paix à Aceh

vendredi 2 décembre 2005, 12h00

BANDA ACEH, Indonésie (AP) - Porteur d'espoirs politiques, l'accord de paix signé en août dernier entre le gouvernement indonésien et les rebelles de la province d'Aceh pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la faune de l'île de Sumatra.

Les spécialistes craignent en effet que les habitants d'Aceh, nantis d'un
contrôle accru sur leurs terres, ravagent l'habitat des tigres ou des
orangs-outans pour reconstruire leur province, moins d'un an après le
tsunami dévastateur du 26 décembre 2004.

Plus de 800.000m3 de bois sont nécessaires pour reconstruire Aceh, la zone la plus durement touchée par la catastrophe qui a fait près de 180.000 morts en Asie, selon Nana Firman, du Fonds mondial pour la nature (WWF), en poste à Aceh.

Pour trouver tout ce bois, le WWF craint qu'il faille détruire l'unique
forêt tropicale du centre d'Aceh, où vivent orangs-outans, tigres,
éléphants, rhinocéros, léopards et autres espèces menacées.

"Si on n'y prête pas attention, tout le monde va se mettre à découper de
partout", explique Nana Firman, pour qui l'accord de paix signé en août
ajoute aux craintes des chercheurs.

Ce traité signé entre le gouvernement et les rebelles du Mouvement Aceh
libre (GAM) met fin à près de 30 ans d'un conflit ayant fait 15.000 morts.
Il donne à la population plus d'autonomie et donc de contrôle sur les vastes ressources naturelles de la province, mais sans vraiment préciser l'étendue de ce contrôle.

"Une de nos inquiétudes, c'est que les gens aillent en forêt et se mettent à
couper les arbres parce qu'ils croient qu'ils ont désormais le droit de le
faire", souligne Nana Firman.

Il n'y aurait plus qu'entre 400 et 500 tigres de Sumatra à l'état sauvage,
et environ 7.000 orangs-outans, contre 12.000 en 1993, selon Suherry
Aprianto, directeur du programme de Conservation des orangs-outans de
Sumatra.

La grande majorité de ces animaux vivent dans le parc national Leuser
d'Aceh, d'une superficie de 2,6 millions d'hectares.

Selon Suherry Aprianto, la reconstruction d'Aceh et la paix nouvellement
signée pourraient accélérer la destruction de l'habitat de la faune. Car
même si l'armée et les rebelles ont souvent été accusés d'abattre de manière illégale des arbres au cours de leur conflit, la plupart des villageois craignaient de s'aventurer dans les forêts.

"S'ils se faisaient prendre par l'armée ou les rebelles, c'était dangereux
pour eux", résume Suherry Aprianto. "Mais bientôt, les gens commenceront à se sentir à nouveau en sécurité et ils retourneront dans les forêts pour abattre des arbres". AP

http://fr.news.yahoo.com/02122005/5/les-animaux-menaces-par-la-reconstruction-et-la-paix-aceh.html

Tant qu'il y aura des hommes, la nature ne vivra pas en paix...