Un film en compétiton à Cannes : Fast Food Nation La malbouffe malmenéeChangement complet de registre avec Fast Food Nation un film américain qui devrait faire brasser pas mal d'idées et d'estomacs. Réalisé par Richard Linklater, l'un des cinéastes américains les plus intéressants du moment, ce film troublant est une fiction tirée d'un essai écrit par Eric Schlosser en 2001.
On y suit l'enquête que mène le responsable marketing d'une chaîne de restauration rapide quand il apprend que de la viande contaminée a été découverte dans les stocks de steaks surgelés servant à fabriquer le fameux Big One, le produit-vedette qu'il a mis sur le marché. Au fil de son enquête, qui l'amène de ranchs en abattoirs, Don Henderson (Greg Kinnear) sera amené à confronter une réalité qu'il n'aurait jamais pu soupçonner. Le film, précisons-le, réunit une imposante distribution, parmi laquelle Patricia Arquette, Bobby Canavale, Ethan Hawke, Kris Kristofferson, Avril Lavigne, Catalina Sandino Moreno et Bruce Willis.
Tourné dans un style éminemment réaliste, Fast Food Nation démonte sans complaisance les mécanismes qui permettent aux grandes entreprises de se maintenir au sommet et d'augmenter leurs profits. Cela dit, le film ratisse aussi beaucoup plus large. Et c'est là que l'impact devient dévastateur. En passant par la filière de la malbouffe, c'est tout le mode de vie américain qui est ici remis en question par les excès qu'il entraîne, sur tous les plans. Et ça fait mal.
À une époque où la problématique de l'immigration illégale est au coeur des préoccupations du gouvernement américain, Linklater, montre notamment comment l'industrie alimentaire se nourrit justement de la vulnérabilité de ces immigrants. Privilégiant une approche réaliste plutôt que satirique, le cinéaste réserve néanmoins des moments d'humour absurde, tant cette enquête expose une situation incroyable.
Aussi le film se termine-t-il avec des scènes insoutenables, filmées dans un véritable abattoir, avec de vrais animaux, au cours desquelles on suit le processus entier de la « transformation ». Linklater dont la filmographie s'en va dans tous les sens (de Dazed and Confused jusqu'à Before Sunset en passant par School of Rock), reconnaissait que ces images étaient très dures à voir.
« Mais elle sont nécessaires, précisait-il. Dans la mesure où le film dévoile des choses, nous avions besoin de ces images-là pour aller au bout du propos. Nous avons d'ailleurs eu un accès exceptionnel dans un abattoir mexicain pour tourner ces images. L'industrie alimentaire, c'est quelque chose d'énorme. Mais personne ne veut voir comment ça marche. »
Il sera en tout cas intéressant de voir comment ce film sera accueilli au moment de sa sortie aux États-Unis au cours des prochaines semaines. « Je sais que les grandes chaînes de restauration rapide préparent leur riposte », disait hier Linklater.
Une chose est sûre, aucun spectateur n'aura envie de voir un hamburger de près après avoir vu le film...Source
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