source: http//www.refuge-arche.org
Début juin de cette année, nous sommes contactés par le professeur d'une faculté de médecine de Paris. Son but est de placer une douzaine de macaques faisant partie d'un groupe de 36. Pourquoi en placer seulement 12 sur 36 ? Probablement parce que ce sont les plus vieux. Les autres, plus jeunes, sont retenus par un autre laboratoire peut-être expérimental. Après bien des palabres et une lourdeur administrative pas toujours expliquée, la date du transport est fixée au 27 juin. Nous arrivons donc à 10 heures dans la cour de la faculté gardée comme une prison : portail électronique, vigiles, etc... L'animalier qui s'occupe des singes vient nous chercher en nous disant d'être discrets et rapides. Nous installons des cages de transport dans un monte-charge qui nous emmène au 5ème étage. Rapidement nous entrons avec notre matériel dans l'animalerie où s'alignent plusieurs rangées de cages dont les dimensions sont de 80 cm x 80 cm au sol sur une hauteur de 1,20 mètres. Les macaques sont presque tous logés individuellement. Le nombre de cages laisse supposer qu'au plus fort de l'activité, l'animalerie devait accueillir entre 60 et 100 singes. Lorsque je m'interroge sur la façon de les capturer sans danger pour les placer en cages de transport, l'animalier me répond que cela ne posera aucun problème car les macaques sont conditionnés pour sortir de leur cage et entrer sans problème dans une cage de pesée dont les dimensions sont environ de 30 cm x 20 x 40. Effectivement en moins d'une demi-heure, les singes sont tous dans les caisses de transport. Nous embarquons les singes toujours le plus rapidement possible puis sortons de la faculté en pensant aux 24 macaques restants. Une association de défense des animaux entame alors discussion et pression pour les récupérer et nous les confier. Lorsque nous arrivons au Refuge, nous lâchons les macaques dans un abri communiquant avec une volière de 10 x 10 m au sol et 6 m de hauteur. Cet espace est agrémenté d'arbres morts et de branches assemblées. Le spectacle est pénible, à peine supportable. Les singes, dont les plus vieux nés dans l'animalerie, sont âgés de 25 ans. Ils ont donc toujours vécu dans un espace plus que restreint. Ils n'ont jamais vu un arbre, un oiseau ils n'ont jamais ressenti le souffle du vent, n'ont jamais vu le soleil. Dans leur cage, lorsqu'ils se déplaçaient après deux pas, ils trouvaient un appui sur les parois grillagées. Dans un espace beaucoup plus grand, après deux pas, ils cherchaient un appui sans le trouver et tombaient au sol étonnés. Très vite, ils se sont regroupés dans un coin sans communiquer. Le premier épouillage a été observé après plusieurs jours ainsi que les premiers sons de communication. Il faudra attendre une dizaine de jours pour que le premier singe se hasarde sur une branche. Depuis, nous avons récupéré les 24 autres macaques arrivés le 10 juillet. La réadaptation en groupe s'est également effectuée sans problèmes majeurs. On observe des clans tel que cela se passe à l'état naturel. Là encore, la théorie disant que les animaux de laboratoire ne peuvent pas se réadapter ne tient pas. Soulignons cependant que c'est la première fois à notre connaissance qu'un scientifique souhaite voir ses animaux finir des jours paisibles.