6 janvier 2007 - Interview „Neues Deutschland"
Le philosophe autrichien Helmut F. Kaplan s’exprime sur les massacres qui
ont lieu quotidiennement dans les abattoirs, et sur le lien entre
alimentation et morale. Ingolf Bossenz s’est entretenu avec le philosophe-écrivain, qui vit à Salzbourg.
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Ingolf Bossenz: Monsieur Kaplan, je suppose que vous êtes soulagé que les
fêtes soient passées. Dans votre nouveau livre 'La trahison de l’être humain
envers les animaux' vous parlez dans la rubrique "Noël" d’une "hypocrisie
insupportable, d’une duplicité sans nom et du comble de l’horreur". Cette
accumulation de superlatifs n’est-elle pas exagérée ?
Helmut F. Kaplan: Au contraire ; les mots sont presque impuissants à
exprimer le fossé qui sépare les idéaux que nous revendiquons et la réalité
de ce que nous faisons. On fait la fête, on chante, on pleure tant on est
ému – et cela pendant une période qui signifie chaque année le massacre de
millions d’animaux. D’un côté, on parle d’amour et de pardon, de l’autre on
massacre dans les abattoirs. Quand on allume la télé, et que l’on tombe sur
l’une des innombrables émissions qui traite des achats de Noël, de la
cuisine ou bien de la nourriture, on a l’impression que le monde tout entier
tourne autour d’une seule chose, la mort des animaux pour les papilles des
êtres humains. Chaque individu qui s’élève et agit contre cela revêt une
importance d’autant plus grande.
Ingolf Bossenz: En faisant quoi par exemple ?
Helmut F. Kaplan: Il n’y a rien de plus simple. La solution pour mettre un
terme à cette hypocrisie se trouve littéralement devant notre nez – dans
notre assiette. Peu de gens ont exprimé cela aussi bien que le philosophe
grec Plutarque il y a plus de 2000 ans : « Pour une bouchée de viande, nous
tuons un animal qui était là pour profiter du soleil et de la lumière le peu
de temps qui lui était imparti. »
Manifestement, les paroles de Plutarque n’ont guère trouvé d’échos jusqu’à
présent. La question se pose donc de savoir quelle place doivent occuper les
animaux dans le système de valeurs moral de l’être humain. Quels sont
d’après vous les arguments décisifs ?
Ce qui est significatif et moralement décisif pour l’être humain, c’est la
manière dont nous nous comportons vis-à-vis de ces animaux qui vivent avec
nous dans ce que nous appelons la civilisation, qui dépendent de nous, et
qui ne nous ont absolument rien fait....
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