Militer : pourquoi, comment ?
lire l'article sur ACTA
Quand une cause nous tient à coeur, on a envie d'agir, de ne pas rester chez soi à ruminer. Mais on ne sait pas forcément quoi faire et la première idée qui vient est souvent de rejoindre un groupe déjà existant. Mais parfois il n'y en a pas. On envie alors les grandes associations et on se dit que tout seul on ne peut rien faire. Heureusement, il n'y a pas besoin d'être 20 personnes avec un gros budget pour agir ! Et au cours de vos actions, vous rencontrerez sûrement des personnes qui vous rejoindront. Il n'est pas non plus nécessaire de déclarer une association pour tenir des stands ou distribuer des tracts, vous pouvez le faire à titre individuel ou au nom d'un groupe (il s'agit alors d'une association de fait, le pendant d'une association déclarée loi 1901).
Vous trouverez dans cette rubrique quelques conseils pratiques, n'hésitez pas à l'enrichir de vos remarques et à partager vos expériences.
Déclarons le rêve général !Il ne s'agit pas de théoriser dans cette première partie, mais de vous parler de mon expérience.
Cela fait 10 ans que je milite contre le spécisme et au cours de ces années, mon engagement a varié, aussi bien en intensité que sur la forme. J'étais végétarienne depuis quelques années, et du fin fond de ma campagne, j'aurais pu croire être la seule végétarienne du monde (internet n'existait pas encore !). Alors que je faisais mes études en région parisienne, j'ai lu un article sur l'antispécisme dans "Marie Pas Claire", un journal féministe, et de fil en aiguille, j'ai conctacté un groupe de militant-es, le collectif antispéciste de Paris.
A cette époque, nous éditions un journal "Léa - l'égalité animale" . Il y avait aussi des stands sur les marchés, mais comme j'habitais assez loin en banlieue, je ne pouvais pas participer autant que je l'aurais voulu. Ces premières rencontres ont été une bouffé d'oxygène : je pouvais enfin échanger avec des personnes qui se souciaient des droits des animaux. Loin d'être un enfermement, cela me permettait de confronter sa pensée à celles de personnes ayant d'autres approches, un autre parcours. Lorsque j'ai déménagé à Paris, j'ai pu m'investir plus dans le groupe.
Travailler et militer, cela peut paraître contraignant, mais je le vois mal passer mes soirées ou mes week-end à faire mes courses et à regarder la télé. J'ai envie d'autre chose, j'ai envie d'agir et de me sentir utile. Je ne pense pas que je vais changer le monde, je suis même plutôt pessimiste : l'esclavage a été abolit et pourtant il y a toujours des esclaves... Mais « Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté » (Antonio Gramsci (1891-1937), peut-être inspiré de Romain Rolland). Et en effet il y a un énorme plaisir à militer ! Il y a évidemment tout d'abord les rencontres, que ce soit avec d'autres militant-e-s et avec le public, mais il y a aussi le plaisir d'apprendre : faire des tracts, inventer des affiches, trouver des idées d'actions, ... J'ai appris à faire le maximum avec le minimum de budget, car on finance nous-mêmes nos actions. Vive la récup' et la débrouille, c'est de l'écologie appliquée ! Des cartons de déménagements abandonnés ? Ils deviendront des supports à affiches ! Une association va jeter des panneaux d'exposition ? On les récupère.
Il ne s'agit pas seulement de contrainte matériel : même avec une plus gros budget je penserai toujours qu'il est meilleur de faire de la récup', de détourner des objets, etc. Au cours de mon militantisme, j'ai appris à me faire plus confiance. Par exemple je me trouve maladroite, pas trés douée artistiquement, et bien je me lance quand même dans la création de panneaux d'exposition ou d'affichettes, et même dans les bijoux, pour rapporter un peu d'argent à notre collectif. J'ai également demandé une formation professionnelle pour savoir faire des sites internet, car cela me semblait important de pouvoir être autonome et de créer un site pour rendre nos actions plus visibles.
Avec le temps, quand on entend trop souvent les mêmes réactions idiotes ("occupez-vous des humains d'abord", "j'aime trop la viande", ...), on a parfois envie de baisser les bras. On est parfois également déçu-e quand on se rend compte que tous les militants ne sont pas amis, quand on a l'impression de ne servir à rien, ou encore quand on est si peu à militer que cela devient trés lourd à gérer, etc.
Pendant une période, je me sentais vraiment trés énervée, je commençais à être agressive avec le public. Autant dire que je n'étais plus trés efficace. J'ai préféré lever le pied, prendre du temps pour faire autre chose et continuer à militer, mais en étant moins en contact avec le public. Et bien après ça va mieux ! On repart avec des forces nouvelles ! Pour durer, il faut aussi prendre soin de soi, ne pas s'épuiser et toujours prendre du plaisir à ce qu'on fait.
Agir : conseils pratiquesVoici quelques idées simples et efficaces pour militer et gagner en visibilité.
Déjà, il faut savoir qu'il n'y a pas besoin de plein de matériel pour faire des actions régulières, ni même d'une voiture. L'ingrédient principal reste la motivation (et d'être au moins deux, parce que distribuer des tracts tout(e) seul(e) c'est super chiant !). Gardez en tête que si vous venez régulièrement au même endroit, les gens viendront plus facilement vers vous : la première fois ils n'oseront peut-être pas venir (ou ce jour là ils seront pressés), mais à force de vous voir, vous deviendrez familier, donc moins intimidant(e).
Une petite astuce de comerçant(e)s : ayez l'air occupé-e, même si vous ne l'êtes pas. Arrangez votre stand, un de vous peut même faire "faux public" pour donner l'impression qu'il y a du monde. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est toujours quand on est occupé-e que les gens arrivent.
Choisissez votre type de stand en fonction de vos moyens (humains et matériels) : de la simple distribution de tracts ou grand stand, il y a toute une variété d'action !
Pour faire stand, il vous faut :- un lieu : un marché par exemple, car c'est un endroit souvent très passant. Il n'y a pas besoin d'autorisation, sauf si la municipalité a mis en place un règlement spécial (par exp. à Bordeaux, nous devons rester à l'extérieur du marché).
- des tracts à distribuer (il y en a à télécharger sur notre site et de nombreuses associations peuvent vous en envoyer gratuitement ou vous pouvez les télécharger sur leur site )
- des brochures à disposer sur la table (que vous pouvez commander aux éditions Tahin party ou faire vous-même).
- des affiches pour décorer la table, collées sur un panneau si possible pour être plus visibles et moins abimées à chaque stand.
Le tout prend peu de place, une personne seule peut tout porter. La preuve en image :
Le carton (un carton de déménagement) sur lequel est collé les affichesporte table se plie et se cale dans la table. Pour porter facilement la table, vous pouvez vous procurer une poignée de carton à dessin, dans les magasins de beaux arts - loisirs créatifs ( ça évite de trop tirer sur les bras si vous devez marcher avec le matériel).
Pour acheter une table de camping, allez dans les bazars ou dans les magasins de bricolage, surtout au printemps (moment où vous pouvez acheter du matériel de camping pour pas cher, comme les tables, mais aussi des châpiteaux ou des tonnelles).
Accessoires pour donner un aspect plus pro : une nappe unie
sans nappe :
avec nappe :
Vous pouvez en acheter dans les magasins de tissus pour pas cher, mais n'hésitez pas à demander autour de vous, car ce ne serait pas étonnant que quelqu'un ait une vieille nappe ou un drap qui fasse l'affaire. stand
Un présentoir pour les brochures fait également gagner de la place :
ça coûte assez cher (15euros) mais c'est bien utile. Vous en trouvez dans les magasins de fournitures de bureau style "office dépôt".
Pour la visibilité, deux choses importantes : montrer des images de ce que vous dénoncez, en ayant deux sortes d'approches : "dure" style images d'abattoir et d'élevages et plus "douce" (par exp. des dessins, que vous pouvez trouver sur le site d'AVEA). Les gens ont tous une sensibilité différente, donc c'est bien d'avoir plusieurs approches.
Pour être vu-e-s, il faut que les images soient à hauteur des yeux. Ce n'est pas toujours évident de trouver des supports assez grands (et faciles à transporter). Des grands cartons de déménagement, une fois découpés, sont très utiles. Sinon dans les magasins de beaux arts, vous pouvez trouvez des cartons plumes à des prix abordables ou de grand cartons.
Les panneaux qu'on voit ici, ce sont des panneaux d'exposition, assez lourds (donc qui ne risquent pas de s'envoler), que j'ai récupéré dans une association qui allait les jeter.
Sur un des panneaux, c'est bien d'indiquer le nom de votre groupe ou le "titre" de l'action, car cela permet aux passant(e)s de comprendre rapidement de quoi il s'agit. Comme ça, même s'ils ne s'arrêtent pas, ils savent qu'il y avait une action contre le spécisme.
Pour faire un panneau, il vous suffit de sélectionner le texte et les images, puis de les coller sur un carton (ici un carton d'environ 80x60 cm). Faites des essais, utiilser du scotch repositionnable avant de coller définitivement. Préférer la colle en tube, spéciale photo, à la colle liquide, qui risque de faire gondoler le papier. Fixer ensuite sur un support rigide (ici des pinces pour accrocher des nappes, car le système velcro ne tenait pas assez bien).
Un paper board (ou un grand chevalet) vous permet de mettre vos affiches en hauteur :
Si vous pouvez diffuser des films c'est super, mais cela n'est pas à la portée de toutes les bourses ni même très facile à faire sans voiture.
N'hésitez pas à innover, à expérimenter des idées. Dernièrement on a commandé comme cadeau (avec notre super carte de fidélité de supermarché Rolling Eyes ) un classeur porte-recettes qui va nous permettre de glisser dedans des photos de plats végétaliens avec des fiches recettes. Quand on nous demande "mais vous mangez quoi alors ?", ça permet d'illustrer un peu.
à vous d'agir !