Yog en reparle aujourd'hui (Derniers fragments d'un long voyage), Fabie et moi l'avions déjà fait à deux ou trois reprises sur le forum.
Christiane Singer est une écrivaine exceptionnelle, qui a su dire avec des mots d'une simplicité folle, les choses les plus profondes, et qui parlent à tous les coeurs.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur elle...
Le testament de Christiane Singer
Christiane Singer, écrivaine française vivant en Autriche, s'y est éteinte le 4 avril dernier d'un cancer. Depuis septembre, consciente de vivre ses derniers jours, elle a griffonné des cahiers et des papiers qui ont été édités chez Albin Michel : “Derniers fragments d'un long voyage”. Six mois d'écriture intense.
Le testament de Christiane Singer
“Vous avez encore six mois devant vous”, lui a déclaré le médecin, le 1er septembre dernier. “Une fois que ces mots ont été prononcés, toute la brume se trouve dissoute”, commente Christiane Singer. Et d'écrire à ses amis, à propos des épreuves : “Je reçois sans marchander celle qui maintenant vient à ma rencontre.” Sept mois plus tard, le 4 avril, l'écrivaine française quittait les rivages de ce monde. Quelques jours avant son décès, le livre - qui court du 28 août au 1er mars - sortait de presse, une véritable leçon de vie pour les gens en bonne santé, donnée par une personne condamnée. “Mon Dieu, donne-moi accès à cette foi démesurée qui m'habite afin que je puisse témoigner, malgré tout, de la splendeur de cette vie”, dit-elle dans sa prière du 13 décembre.
Au fil des pages, ses combats intérieurs nous sont confiés, ses douleurs et sa souffrance, mais aussi et surtout ses joies et son espérance. “Comment aurais-je pu soupçonner que je puisse encore être si heureuse ?” De jour et de nuit, de martyres en heures de grâces, le temps coule, chaque moment sera vécu, “un inspir après l'autre. Pas un ne sera sauté, pas un seul”. Les nombreuses visites dont elle bénéficie sont évoquées, ainsi que la présence proche et aimante des siens, de son mari Giorgio, l'Autrichien rencontré en 1968, durant ses études à Vienne et qu'elle nomme son rocher : “J'ai construit sur toi l'église de ma vie. Je te vénère et je t'aime jusqu'à la fin des temps”. Il y a aussi ses deux fils, Dorian (“homme de lumière”) et Raphaël (“mon miroir d'âme”) qui font sa joie. Le 20 décembre, elle entre en soins palliatifs “Je suis désormais en soins palliatifs, reliée à une merveilleuse pompe qui me délivre de la douleur. J'ai rendu les armes. Gratitude, gratitude !”
Aimer exagérément
L'amour, elle y revient sans cesse : “Ne jamais oublier d'aimer exagérément : c'est la seule bonne mesure.” Ou encore : “Je vous le jure. Quand il n'y a plus rien, il n'y a que l'Amour. Il n'y a plus que l'Amour. (...) L'amour n'est pas un sentiment. C'est la substance même de la Création.” Son épitaphe est déjà prête : “J'ai tant aimé ce monde où habite Ta gloire.” Et sa foi profonde affirme le triomphe de la vie : “La vérité est que tout est vie, je sors de la vie et j'entre en vie.” Même sa maladie, elle parvient à la voir positivement, car elle “a ouvert une incroyable brèche : un prodigieux champ de transformation pour beaucoup d'autres que moi”.
Née en 1943, d'un père juif qui avait rompu par rapport à toute tradition religieuse, et d'une mère catholique, Christiane Singer vécut à Marseille une enfance très chrétienne. Ayant épousé un mari autrichien, elle a désormais vécu là-bas, au château de Ratsenberg, à une cinquantaine de kilomètres de Vienne. Avec son mari, elle visitera beaucoup de pays, notamment d'Orient, où elle découvrira d'autres mondes religieux qui alimenteront son incessante quête intérieure. Elle a ainsi approfondi les traditions tibétaines, le bouddhisme, le soufisme, le judaïsme hassidique.
Tout est Vie
Christiane Singer nous laisse une oeuvre profondément spirituelle et humaine. Retenons “Éloge du mariage, de l'engagement et autres folies” ; “Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?” ; “N'oublie pas les chevaux écumants du passé”, tous chez Albin Michel. Durant sa maladie, elle a reçu le Prix de la langue française pour l'ensemble de son oeuvre. Une messe à sa mémoire a été célébrée le 3 mai à Notre-Dame des Champs (Paris). “Tout est vie que je vive ou que je meure. Tout est Vie...” (31 décembre). Quel testament !
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