Comment faire la part des choses ?
Quand Evolutionnaire m'a demandé si j'avais du temps à consacrer
pour un article, ma première question a été 'Quel sujet aborder
?' Le traitement des eaux ? La pollution des rivières ? Le
traitement des déchets ? Les énergies renouvelables ? L'emploi et
l'environnement ?
Les sujets en matières environnementales sont innombrables… On
trouve aujourd'hui de nombreux articles qui traitent de ce sujet.
En effet, aujourd'hui, de plus en plus de livres dits " grands
publics " apparaissent et traitent de façon plus ou moins
précise, avec des informations plus ou moins vraies des grands
sujets environnementaux… Mais comment faire réellement la part
des choses.
On lit tout et n'importe quoi… Même les présentateurs météo s'y
mettent !!! Loin de moi l'idée de critiquer Evelyne Délhiat, vu
que je n'ai pas lu son livre et que je crois en son implication
et son désir de comprendre les choses, mais a-t-elle réellement
les compétences et qualifications pour traiter d'un tel sujet ou
se sert-elle de sa notoriété pour publier ce que d'autres ont
écrit à sa place ? J'aurais probablement la réponse en le lisant…
Mais la question reste posée.
Le premier livre que j'ai lu en la matière était 'Mal de Terre'
de Hubert Reeves. Dans mon cursus, lire certains livres était
obligatoire et je remercie d'ailleurs cet intervenant qui
cherchait à nous ouvrir l'esprit à travers ces lectures. L'auteur
dresse, en s'appuyant sur des études scientifiques, un bilan peu
prometteur quant à l'avenir de la Terre et par conséquent, quant
à celui de l'espèce humaine. En effet, d'après les constats cités
dans ce livre, l'homme ne se prépare pas un avenir très glorieux…
Je ne listerai pas ici tous les constats effectués. Mais il est
clair qu'Hubert Reeves aurait pu (comme beaucoup d'autres
d'ailleurs) conclure par cette phrase de Martin Luther King :
'Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon
nous allons tous mourir comme des idiots...'
Un bémol cependant, Hubert Reeves présente les barrages comme un
effort environnemental considérable. Beaucoup d'autres auteurs
vont d'ailleurs dans ce sens…
Par la suite j'ai lu deux livres de Nicolas Hulot : Combien de
Catastrophes avant d'agir et le Syndrome Titanic… Nicolas Hulot,
tout le monde le connaît via ses émissions et ses prises de
positions. Il a eu la chance de parcourir le monde de voir
réellement de visu les impacts de l'homme, des industries, des
guerres… N'ayant à la base pas de formation scientifique, il
possède initialement la vision que tout un chacun peut avoir.
Mais ses expéditions l'ont forcé à se questionner, à apprendre et
à s'entourer de nombreux scientifiques qui peuvent l'aider à
étayer son opinion et ses propositions. Alors aujourd'hui
beaucoup le critique, en avançant que ses expéditions produisent
du dioxyde de carbone… Utilisent des hélicoptères et tout le
toutim… Et ceux là que font-ils ? Parce que critiquer c'est assez
facile en somme, mais agir que ce soit simplement en informant et
sensibiliser le public, ce n'est pas rien !! Qui parmi ceux qui
le critiquent, participent et s'investissent dans des
associations environnementales ou simplement assistent à
certaines réunions publiques ?
Si je ne suis pas d'accord avec certaines choses, comme par
exemple sa proposition chlorer les rejets des stations
d'épuration, je respecte et admire son implication personnelle.
L'un de ses récents détracteurs est Monsieur Allègre qui a écrit
'Ma vérité sur la planète'… Il a au moins le mérite d'annoncer
que ce n'est que SA VERITE A LUI !!! D'emblée le décors est
planté !!! Monsieur Allègre est un scientifique reconnu en
sciences de la terre. C'est un fait. A-t-il le droit pour autant
d'affirmer que, lui, détient la vérité sur la planète et que tout
ce que dit Monsieur Hulot n'est qu'inepties ? Ce qui est cocasse
c'est qu'il s'appuie sur des exemples montrant que certains
modèles mathématiques et certaines réflexions scientifiques
peuvent dédire certaines théories auxquelles aujourd'hui pourtant
tout le monde adhère (exemple de la dérive des continents,
théorie proposée par Wegener) pour annoncer que Monsieur Hulot a
forcément tort. Sa plume étant très agréable, en bon
scientifique, il ajoute quelques conclusions à différents
exemples du style : " il n'est pas nécessaire d'être un
spécialiste pour avoir une bonne idée (…) " " L'homme est capable
d'identifier un danger et de prendre des mesures pour le conjurer
et ce très vite ; l'atmosphère est un système chimique très
complexe qui associe chimie et circulation atmosphérique, et
qu'on est loin d'avoir compris. "
Il assène également que " les médias jouent un rôle très négatif…
et les scientifiques qui se servent des médias rendent un bien
mauvais service à la science… " Là c'est clair, la science aux
scientifiques, point barre. Les autres, les non scientifiques
n'ont donc pas besoin d'être informé ! Sérieusement à quoi cela
servirait de les informer ils ne vont rien comprendre !!!!
On peut dès lors se demander pourquoi cet éminent scientifique
s'est abaissé à écrire un livre destiné à tous !!! Qui va pouvoir
le comprendre ? Les seuls scientifiques ?
Je tiens à citer quelques unes des actions préventives proposées
:
- mise au point par génie génétique des plants résistants à la
sécheresse
- renforcer les moyens d'enneigement artificiel pour les sports
d'hiver
Eh oui, vivent les OGM ces plantes formidables qui n'ont aucun
risque de contaminer d'autres cultures !!! Vivent les canons à
neige qui ne gaspillent pas l'eau douce !!
Vous voyez que les scientifiques et médias sont nuisibles !! Ils
ont fomenté un complot anti OGM en faisant peur aux personnes, en
leur faisant croire que c'était dangereux !! Heureusement que
vous êtes là Monsieur Allègre pour nous ramener vers la seule
vérité, la votre. C'est marrant mais quand il explique ce qu'est
un OGM il omet certainement volontairement de dire comment on
fait pour insérer un gène résistant aux herbicides… Pourquoi ne
pas aller au bout de l'information en disant que ce gène est
résistant aux antibiotiques ? Il parle de la fameuse réunion
d'Asilomar, mais cette réunion n'était elle pas l'œuvre de
certains scientifiques qui ne voulaient en aucun cas que les
gouvernements ou autres puissent mettre le nez dans leurs
affaires ? Les scientifiques qui craignaient et émettaient des
réticences fondées ou non en l'état de leurs connaissances
n'ont-ils pas été écartés d'Asilomar ? Il va plus loin en
affirmant que la dissémination du pollen du maïs OGM ne dépasse
pas 200 mètres, et ce même par grand vent… De la part de certains
chercheurs j'ai entendu parler d'une distance avoisinant le
kilomètre… Qui a tort ? Qui a raison ? Personnellement je n'ai
pas la réponse… Mais j'avoue avoir quelques doutes quant à la
véracité de certains propos de Monsieur Allègre… Pourquoi ne
parle-t-il pas des expériences réalisées sur des rats ou des
papillons ?
Dans le livre intitulé " La Guerre Secrète des OGM " écrit par
Hervé Kempf, certaines de ces expériences sont décrites. " John
Losey a collecté du pollen de maïs Bt et de maïs normal. Il a
recueilli une série de chenilles de monarques, et il les a
placées dans une cage confortable de son laboratoire (…). Un
groupe de larves était nourri de pollen Bt et l'autre de pollen
non Bt. Au bout de 4 jours, ce groupe-ci allait très bien, tandis
que le second montrait une mortalité de 44%. " Les collègues de
ce scientifiques ont ensuite démontré que l'expérience n'était
pas valide puisqu'elle ne montrait pas la réalité… Il n'empêche
que le maïs Bt est nocif sur d'autres espèces que la pyrale… Le
résultat de ces expériences peut faire peur et c'est vrai qu'il y
a de quoi… Effectivement, les conditions expérimentales ne
reflètent pas la réalité les larves n'ayant été alimentées que
par un seul type de pollen… Mais elles prouvent que ce maïs est
loin d'être anodin et sans impact sur l'écosystème. Il serait
important de ne pas affoler la population, c'est peut être pour
cette raison que Monsieur Allègre méprise les médias et les
scientifiques qui osent informer…
Quant au fait qu'une plante OGM ne peut contaminer une autre
plante non OGM, on sait que c'est faux archi faux même si
l'ancien ministre soutient le contraire. Hervé Kempf cite cet
exemple. Un agriculteur Canadien se rend compte en pulvérisant du
Roundup sur ces champs de Colza que celui-ci est devenu résistant
à l'herbicide. Monsanto attaque alors cet agriculteur en
affirmant qu'il a planté frauduleusement du colza OGM… Cette
firme pour s'assurer que les agriculteurs ne réutilisent pas des
graines de Colza OGM l'année d'après pulvérise par hélicoptère du
roundup sur les champs. Dommage pour les fraudeurs et ceux qui
avait planté du bête colza non résistant… Monsieur Allègre
affirme également dans son livre que les OGM sont des hybrides et
que par conséquent ils ne peuvent se reproduire… Or dans le livre
dont je parle actuellement, il est bien inscrit que Shapiro (qui
régnait sur Monsanto) souhaitait que les OGM remplacent les
hybrides. On sait que les 'enfants des hybrides' ne sont pas
productifs et pour cette raison, les agriculteurs achetaient
chaque année les nouvelles semences… Mais il y a un problème, les
OGM NE SONT PAS DES HYBRIDES. Et cela peut engendrer de fortes
pertes économiques pour Monsanto…
A contrario, Jean de Kervasdoué, auteur du récent ouvrage 'Les
Prêcheurs de l'Apocalypse - Pour en finir avec les délires
sanitaires et écologiques' se positionne pour les OGM. D'après
lui, les plantes issues du génie génétique sont plus étudiées et
donc vraisemblablement moins dangereuses que d'autres plantes
naturelles dont certaines sont peu ou pas connues. Il cite
notamment un exemple : Selon les actes de l'Académie des sciences
des Etats-Unis, il a été possible de transférer au riz un vaccin
du choléra. Ainsi, des souris auxquelles on avait injecté la
toxine du choléra, mais qui s'étaient également nourries de cette
plante transgénique, n'ont pas été malades. Cela peut
effectivement donner de grands espoirs et encourager les OGM.
Monsieur de Kervasdoué étant un médecin reconnu de santé publique
il est parfaitement normal qu'il encourage ce type de recherche
et de progrès.
Comme Allègre, il remet en cause le sacro-saint principe de
précaution. Et somme toutes, son argumentation tient parfaitement
la route. On ne peut prévoir l'imprévisible…
Abordons maintenant un autre sujet qui me tient particulièrement
à cœur : l'eau.
Je vais commencer avec mon ami scientifique Monsieur Allègre. On
a déjà vu qu'il prônait les canons à neige pour le maintien
économique des stations de ski. Voici les chiffres de
consommation qu'il évoque :
- pour un américain : 730 litres par jour
- pour un européen : 430 litres par jour
- pour un africain : 128 litres par jour
Bizarrement il ne cite pas ses sources. Les miennes viennent des
cours que j'ai reçus à l'université. Voici les chiffres :
- Etats-Unis : 400-500 litres par jour
- Europe : 150-200 litres par jour (c'est d'ailleurs ces chiffres
qu'on utilise en France pour dimensionner les stations
d'épuration et la notion d'équivalent habitants)
- Burkina Faso : 5-15 litres par jour (ici on est loin des 150
litres annoncés par Monsieur Allègre)
Il affirme que les industries rejettent systématiquement une eau
propre… Ayant vu et analysé certains rejets industriels cette
affirmation me fait bien rigoler !!!
Et il finit par se demander si un jour peut être nous aurons des
guerres dues à l'accès à l'eau… Quelle hypocrisie !!! C'est déjà
le cas. L'exemple le plus connu étant celui de la région
d'Israël… C'est d'ailleurs ce qu'évoque Roger Cans dans son livre
intitulé 'La Ruée vers l'eau'. Un second également (Quand meurent
les Grands Fleuves de Fred Pearce) aborde ce sujet complexe : la
maîtrise de l'eau dans la région d'Israël. Un autre livre va
également dans le même sens (même si on s'en doutait déjà) :
'Guerre et Environnement - Panorama des paysages et des
écosystèmes bouleversés' de Claude Marie Vadrot. Il est
clairement établi qu'Israël s'assure le contrôle du château d'eau
du Golan depuis la Guerre des Six Jours. Cette occupation s'est
par la suite transformée en annexion depuis 1981. Je ne vais pas
m'éterniser sur la question, vous avez les clefs pour vous faire
votre opinion. Mais je conseille vivement ce dernier livre qui
traite des impacts des guerres de façon générale : pollution de
l'eau, accès à l'eau, trafic d'animaux, déforestation… On obtient
ainsi une vision d'ensemble des massacres et des dégâts qui
peuvent se faire… Et également des drames sur les populations
locales…
Mais revenons à nos moutons !
Monsieur Allègre fait trois propositions écologiques finales. Je
ne citerai que celles concernant l'eau et la gestion des fleuves
:
" Engager un programme de grands travaux d'aménagement ayant pour
objectif l'eau : désensablement des rivières et des fleuves, et
récupérations des sables pour la construction, aménagement des
systèmes de réalimentation des aquifères, constructions de
barrages de régulation sur les rivières d'amont des grands
fleuves, etc. " Il faut également savoir que Monsieur Allègre
vante la Gestion des fleuves faites par la Chine. Nous allons
voir ici comment d'autres lectures permettent de mettre fortement
en doute les bienfaits de la gestion chinoise en matière
environnementale. Déjà dire qu'un barrage est bénéfique pour
l'environnement c'est une ineptie. Non un barrage est presque
tout sauf bénéfique. Bon d'accord il permet de produire
l'électricité, de participer au développement économique local et
éventuellement de réduire l'impact des crues de certains fleuves.
Mais sur l'écosystème c'est réellement une catastrophe. D'abord
c'est un obstacle infranchissable pour les espèces migratoires
(saumons, aloses, lamproies, esturgeons, anguilles, truites…).
Certains barrages sont effectivement équipés de passes à poissons
qui permettent la montaison. Pour la dévalaison que les poissons
se débrouillent !!! Mais d'autres sont infranchissables,
(La longueur de votre message dépasse la limite autorisée. Domage donc la suite est ici -> http://evolutionnaire.free.fr/livressurlenvironnement.php