Un virus porcin mal connu inquiète les experts
Margie MasonAssociated Press
New York
Les experts s'inquiètent de l'apparition d'une forme particulièrement virulente de streptocoque du porc, un virus relativement courant chez cet animal mais rare chez l'homme qui a déjà fait 37 morts en Chine.Le Streptococcus Suis provoque des cas isolés chez l'homme mais pas de cas groupés en une seule fois. «Nous voudrions comprendre ce qui se passe. Ce virus a quelque chose de différent de ce que nous connaissons», estime Marcelo Gottschalk, un des spécialistes mondiaux de la maladie qui travaille dans le seul laboratoire au monde spécialisé dans l'étude du Streptococcus Suis, à l'Université de Montréal au Canada. Il souligne que personne en Chine n'a cherché son aide depuis l'émergence de l'épidémie le mois dernier.
Si peu de gens connaissent la maladie, il n'est pas certain que les Chinois soient capables de faire le diagnostic et de mettre en place un vaccin adapté. La presse chinoise officielle affirme qu'une quantité suffisante de doses vaccinales a été envoyée pour 350 000 porcs par un laboratoire de la province de Guangdong et qu'au total il est prévu de vacciner dix millions de cochons.
Selon le Pr Gottschalk, le streptocoque du porc peut entraîner des méningites, suivies de surdité partielle ou définitive. La plupart des gens guérissent après un traitement antibiotique et les cas sont en général peu nombreux et espacés dans le temps.
La Thaïlande, par exemple, présente moins de 20 cas par an. La Chine fait état de plus de 200 cas confirmés ou de cas humains suspects depuis juin. Les fermiers contaminés, qui ont été au contact des bêtes malades, ont souffert de nausées, de fièvre, de vomissement et de saignements sous-cutanés. Un cas a aussi été signalé dans la province de Guangdong, très éloignée du Sichuan et voisine de Hong Kong. Pour sa part, l'ancienne colonie britannique a fait état de deux infections.
Pour l'OMS et la FAO, la virulence du virus pourrait s'expliquer par le fait que le Streptococcus Suis se serait combiné à d'autres agents infectieux. «Pourquoi le virus se comporte-t-il soudainement différemment?», s'interroge Juan Lubroth, spécialiste en santé animale à l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome. «Ceci pourrait s'expliquer par la superposition de plusieurs problèmes, le Streptococcus Suis ne serait pas seulement en cause».
Thomas Alexander, pionnier dans l'étude de ce virus et ancien directeur adjoint de l'école vétérinaire de Cambridge, rappelle que la bactérie est fréquemment retrouvée dans les amygdales de cochons en bonne santé dans différents coins du monde. Il arrive que la bactérie devienne pathogène lorsque un trop grand nombre de porcs sont concentrés dans des conditions d'hygiène insuffisantes. «Dans mon expérience, l'infection est chronique. Pour ce qui concerne la Chine, ils parlent de mort dans les 24 heures. Ce qu'ils décrivent ne ressemble pas au tableau classique», explique-t-il.
La maladie se transmet du cochon à l'homme par des plaies cutanées. Le porc cuisiné n'est pas dangereux mais l'ingestion de viande crue ou insuffisamment cuite peut être source de contamination.
Pour l'instant, Marcelo Gottschalk ne se dit pas préoccupé par une éventuelle épidémie hors de Chine. Il n'existe pas à l'heure actuelle de transmission d'homme à homme. Il aimerait toutefois que les Chinois lui adressent des échantillons qui lui permettraient d'identifier la souche virale en cause.
source: cyberpresse