Thonaille : le ministère de l'agriculture et de la pêche pris dans ses propres filets.
jeudi 11 août 2005
Le Conseil d'Etat vient d'annuler, par arrêt du 10 août 2005, l'arrêté du
1er août 2003 par lequel le ministère de l'Agriculture et de la Pêche autorisait l'utilisation de la "thonaille" ou "courantille volante" en Méditerranée.
La "thonaille" est un filet maillant dérivant que les pêcheurs français
utilisent en Méditerranée pour capturer au large, le thon rouge et
l'espadon.
Malheureusement, cette technique de pêche occasionne des prises
accidentelles, dont celles d'espèces protégées. Parmi elles, le Dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba), qui meurt noyé dans les filets, est la principale victime.
Une étude menée en 2000 par le Centre Océanologique de Marseille avait évalué à 326 le nombre d'individus capturés pendant la saison de pêche Avec l'augmentation du nombre de bateaux pratiquant cette technique (de 46 en 2001 à plus de 70 en 2004), on estime que plus de 500 dauphins, en majorité des nouveaux-nés, périssent chaque année au large des côtes françaises. D'autres cétacés moins abondants et donc plus fragiles comme le Cachalot et le Globicéphale sont également touchés.
C'est pour réduire les prises accidentelles que l'Union européenne a
interdit, par le règlement du 8 juin 1998, les filets maillants dérivants (dans certaines conditions), imposant leur arrêt définitif à compter du 1er janvier 2002.
Cela n'a pas empêché le ministère de l'Agriculture et de la Pêche de mettre en place un permis de pêche spéciale (PPS) prolongeant l'utilisation de la "thonaille" devenue alors illégale. Il a eu beau tenter de montrer que ces filets ne pouvaient être assimilés à des filets maillants dérivants, le Conseil d'Etat n'a pas été dupe : « la thonaille ou courantille volante doit être assimilée, en dépit de l'adjonction obligatoire d'une ancre flottante imposée par l'arrêté attaqué, à un filet maillant au sens du règlement qui prohibe l'utilisation d'un tel engin en Méditerranée pour la pêche au thon rouge à compter du 1er janvier 2002 ».
Le Groupe de recherche sur les cétacés (GREC), la fédération France Nature Environnement et SOS Grand Bleu, qui ont déposé un recours en annulation devant le Conseil d'Etat, se félicitent de cette décision. Cependant, la partie n'est pas gagnée : encore faut-il que le ministère, qui a montré sa mauvaise volonté tout au long de la procédure, se donne dès aujourd'hui les moyens de faire respecter l'interdiction de la pêche avec filets maillants dérivants et évite ainsi la capture accidentelle de nombreux cétacés.
Par ailleurs, la France et l'Italie exercent actuellement de fortes
pressions au niveau communautaire pour que l'interdiction des filets maillants dérivants soit levée. Un projet de règlement devrait être discuté au mois de septembre. Nous espérons qu'il n'aboutira pas à un recul de la protection de certaines espèces marines et à un renforcement de la politique de la peau de chagrin.
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