Le virus Ebola menace la survie des singes d'Afrique centrale
vendredi 2 septembre 2005, 12h00
DAKAR, Sénégal (AP) - Le virus Ebola, tout comme la chasse et le braconnage qui sévissent depuis des années en Afrique centrale, mettent en danger la survie des singes de la région, selon les écologistes.
On sait depuis longtemps que le virus Ebola, mortel par les hémorragies internes qu'il provoque, infecte les populations de primates en Afrique. Il a été identifié pour la première fois en 1976 et a, depuis, tué un millier de personnes, dont certaines infectées après avoir mangé de la viande sauvage.
Parmi les singes, les populations les plus touchées sont les gorilles des basses terres occidentales et les chimpanzés d'Afrique centrale, qui tous vivent dans les forêts de la région, a précisé mardi dernier l'organisation Conservation International.
Selon Christophe Boesch, de la Fondation des chimpanzés sauvages (Wild Chimpanzee Foundation), qui a participé à une étude de Conservation International, le virus Ebola a été signalé en mai pour la première fois dans la Parc national d'Odzala en République du Congo, qui abrite la plus forte concentration mondiale de gorilles.
"Le fait qu'il ait atteint ce parc important est extrêmement inquiétant", a-t-il expliqué, interrogé au téléphone depuis Leipzig (Allemagne). "Ebola existe dans la région, ce n'est pas nouveau. Mais cela s'aggrave".
En mai, Conservation International, une organisation basée à Washington, avait financé l'organisation d'une conférence de 70 primatologues et autres experts dans la capitale de la République du Congo, Brazzaville, pour élaborer un plan visant à sauver les gorilles et les chimpanzés de la région.
"Tout en étant incapables d'établir les chiffres précis de population pour les gorilles et les chimpanzés, les experts ont déterminé que les récentes poussées d'Ebola, la chasse de gibier sauvage et le braconnage avaient presque éliminé certaines populations", affirme Conservation International. "L'extension continue du virus Ebola dans la région est une menace particulière, avec des effets dévastateurs sur les populations de singes".
Le porte-parole de Conservation International Tom Cohen a précisé à l'Associated Press que "c'est la première fois qu'Ebola a été identifié comme menace répandue pour des populations de gorilles et de chimpanzés dans la région".
Le groupe a lancé un appel pour le financement d'un plan de 30 millions de dollars (24 millions d'euros) visant à protéger les singes dans cinq pays africains (République du Congo, Cameroun, Gabon, République centrafricaine, Guinée équatoriale), en augmentant la sécurité pour se protéger contre la chasse illégale et le braconnage facile, et pour ralentir la progression d'Ebola.
"C'est un nouveau genre d'effort qui est exigé là", selon Christophe Boesch. Les écologiste, "qui ont toujours pensé en termes de braconnage et de destruction d'habitat, doivent commencer à penser en termes médicaux, également, et collaborer avec les scientifiques". AP
Sur le Net:
- Conservation International http://www.conservation.org
- Wild Chimpanzee Foundation: http://www.wildchimps.org
Wildlife Conservation Society: http://www.wcs.org
JmC/v
http://fr.news.yahoo.com/050902/5/4kc87.html