L’alimentation bon marché est-elle une économie au détriment de votre santé ?
Pour vendre moins cher les produits courants, accroître la durée de vie des aliments et faire gagner l’agriculture en productivité, nous avons recours à des produits chimiques suspects.
Ce sont par exemple les pesticides dont on asperge les champs, les conservateurs dans les préparations alimentaires et les cosmétiques pour vos cheveux et votre peau (ex : parabens), les plastiques utilisés partout (notamment le bisphénol A et les phtalates dans les emballages alimentaires), les métaux lourds (ex : mercure) pour l’industrie, et même les traitements chimiques anti-feu dans vos coussins de canapé.
Toutes ces molécules ne disparaissent pas par magie après avoir rempli leur fonction. Au contraire, elles se répandent partout dans l’environnement (sols, rivières, êtres vivants) où elles repartent dans de nouveaux cycles. C’est ainsi qu’au cycle suivant le traitement anti-feu se retrouve dans votre tomate, et le mercure dans votre pavé de saumon.
Aujourd’hui, on s’aperçoit progressivement que la plupart de ces molécules sont capables de bousculer votre système hormonal – même à faible dose. C’est pourquoi on leur donne le nom de perturbateurs endocriniens . Le grand public en connaît déjà quelques-uns, comme le bisphénol A. Mais les scientifiques avouent ne suivre que 5 % des perturbateurs endocriniens en circulation [2]. On comprend bien qu’actuellement, l’arbre cache la forêt.
C’est bien simple, on estime aujourd’hui que 100 % de la population de l’Union Européenne a déjà des niveaux détectables de 5 % des perturbateurs endocriniens suivis .
Des scientifiques s’essaient déjà à chiffrer le coût sur la santé des 5 % des perturbateurs endocriniens actuellement suivis. Ces derniers sont soupçonnés de participer aux épidémies sanitaires récentes :
- Hyperactivité des enfants
- Troubles de l’attention
- Autisme
- Obésité
- Diabète de type 2
- Infertilité des hommes
- Malformations génitales des petits garçons à la naissance
- Baisse des capacités intellectuelles sur toute la population (baisse générale du Quotient Intellectuel)
Imaginez, à l’échelle de l’Union Européenne, les sommes dépensées en soins liés aux perturbateurs endocriniens. Et ce ne sont que des coûts directs. Il y a aussi des coûts indirects, comme la baisse de productivité de la population et la croissance de l’absentéisme au travail.
À l’échelle de l’Union Européenne, les perturbateurs endocriniens deviennent un sérieux fardeau économique. Selon les estimations, ils nous coûtent entre 150 et 270 milliards d’euros chaque année répartis sur 508 millions d’habitants.
Soit 300 à 530 euros par an et par habitant (bébé ou adulte !). Faites le compte pour votre propre foyer. C’est ahurissant !
Mais je vous le répète, l’arbre cache une forêt. Non seulement, ceci ne représente que 5 % des perturbateurs endocriniens… mais figurez-vous que cette longue liste de problèmes de santé n’inclut pas toutes les épidémies attribuées pour partie aux perturbateurs endocriniens.
Donc les 150 à 270 milliards d’euros n’incluent pas les épidémies de :
- Cancers du sein
- Cancers de la prostate
- Troubles de la fertilité des femmes
- Maladies développées par le fœtus durant la grossesse
Il pourrait s’écouler des années avant d’avoir une estimation précise du coût des perturbateurs endocriniens pour la société.
Sans attendre le verdict, on perçoit déjà que les économies faites grâce aux aliments peu chers se transforment en coûts gigantesques sur votre santé et celle de vos enfants.
Même si demain vous commencez à vous organiser pour éviter les perturbateurs endocriniens, ayez conscience que vous aurez à subir la pollution de l’environnement provoquée par le reste de la population imprudente.
C’est pourquoi je vous invite à en parler dès aujourd’hui à votre entourage… pour ainsi créer un mouvement d’ampleur.
Je vous redonne au passage les liens pour retrouver les 2
dossiers de Santé & Nutrition parus récemment sur ces thèmes :
- Le Grand Dérèglement : Tsunami chimique au quotidien – sur les perturbateurs endocriniens
- La Fabrique des « Enfants Terribles » : Hyperactivité et troubles de l’attention
Jean-Marc Dupuis