Au bord de la Seine, une péniche accueille les sans-abri et leurs chiens
Dimanche 27 novembre 2005, 18h03
PARIS (AFP) - Au bord de la Seine à Paris, la péniche Le Fleuron est
l'unique centre d'hébergement d'urgence à accueillir les sans-abri
accompagnés de leurs chiens.
A deux pas de la tour Eiffel, entre le bourgeois XVe et le très chic XVIe,
amarré au quai de Javel, plutôt réservé aux luxueuses péniches, le Fleuron reçoit les plus désargentés de la société.
Créé en 1999 par l'Ordre de Malte, une organisation humanitaire, et la
Fondation 30 millions d'amis, le navire accueille "50 personnes tous les
Soirs à longueur d'année", explique sa directrice-adjointe, Claudine Piron.
Les sans-abri, et leurs toutous (un par personne), ont le gîte et le
Couvert, peuvent consulter médecins et vétérinaires et profiter de l'aide de bénévoles, qui les aiguillent dans leur réinsertion. Les chiens dorment dans les cabines, au pied des couchages de leurs maîtres.
Confortablement installé dans l'une d'elles, à l'abri du vent glacial qui
Souffle à l'extérieur, Pascal, 37 ans, caresse Jessica, un berger allemand
De 8 ans et demi. "C'est une histoire d'amour, dit-il, j'ai connu beaucoup
De femmes, mais je n'ai eu qu'une chienne, Jessica".
"Ca fait un mois que je suis là, c'est le seul endroit qui accepte les
Chiens", ajoute-t-il. Et comme il ne se séparerait de Jessica pour "rien au
Monde", Pascal a souvent dû dormir dehors.
"Ils préfèrent se priver qu'abandonner leur chien", explique la présidente
De 30 millions d'amis, Réha Hutin. "Eux-mêmes n'ont pas de papiers mais
Leurs chiens sont toujours parfaitement en règle, tatoués, vaccinés,
soignés", ajoute-t-elle.
Dans une autre cabine, West, berger allemand de trois ans, dort allongée sur la couchette de son maître, une patte blessée enveloppée dans un bandage.
A 21H00, après le repas des sans-abri, qu'ils prennent dans la salle à
Manger du pont principal, avec vue imprenable sur la Seine et la tour
Eiffel, c'est au tour des chiens de dîner.
Muni d'une gamelle, Gérard vient chercher la pitance de sa "louve", Transo, 3 ans. "Il prend des croquettes ou de la pâtée? Demande Claudine Piron, postée dans une petite cabine où sont stockés les aliments pour chiens et Qui fait office de cabinet de vétérinaire.
"Des croquettes : avec le froid, elle digère pas les boîtes", répond Gérard,
Avant de servir la chienne, dans sa cabine. Elle se jette avidement sur les
Croquettes.
Claudine surgit : "Non, non, c'est dehors le repas des chiens!", dit-elle
sévèrement. Transo rejoint ses semblables à l'extérieur. Ils ne sont que
Cinq.
"On n'a jamais beaucoup de chiens, remarque Claudine. Huit ou dix maximum. Les sans-abri avec des chiens sont les plus asociaux. Ils ont leur chien, c'est tout, c'est souvent leur seul lien avec la société".
Pendant que leurs maîtres discutent, West, le chien blessé, la patte cette
Fois enveloppée dans un sac plastique, claudique joyeusement autour de
Jessica, la fidèle compagne de Pascal, qu'il vient tout juste de rencontrer.
http://fr.news.yahoo.com/27112005/202/au-bord-de-la-seine-une-peniche-accueille-Les-sans.html