HAUTES-PYRENEES - LÂCHERS. L'ARRIVÉE DU PREMIER PLANTIGRADE À ARBAS (31) SUSCITE DE VIVES RÉACTIONS EN BIGORRE.
Les opposants à l'ours sortent déjà les griffes
Capturée dans une forêt slovène, Palouma trouvera-t-elle un ciel accueillant
au pied des Pyrénées ? L'affaire est loin d'être entendue quand cette phase
de réintroduction préfigure l'arrivée de quatre autres plantigrades dans le
massif. Dont deux à Bagnères. Sur fond de climat passionnel, ces lâchers
font sortir les griffes de bon nombre de détracteurs.
Président de la Chambre d'agriculture, Jean-Louis Cazaubon parle d'« entêtement », argumentant que dans trois jours, l'ours sera dans
le Couserans. Il ironise : « Avec cinq ours on va être bien dotés ! » Et de
fustiger « un concept écologique urbain qui vit loin de ces zones ». Il
craint, dans la foulée, le déclin du pastoralisme et assure : « Quand ces
gens-là auront disparu, la biodiversité sera mise à mal. » Envisageant
difficilement l'entretien du milieu montagnard par des brigades vertes, il
privilégie le traditionnel « couple homme-animal. » Selon lui, l'avenir du
tourisme est aussi en jeu.
Ce représentant estime d'autre part, que « le patou n'est pas l'arme
absolue. Car il faudrait que l'ours attaque quand il ne dort pas. » Enfin,
il se dit aigri par ce diktat alors qu'on accorde à des peuples les plus
reculés, le droit à l'autodétermination ». De son côté, Daniel Borderolle,
président de l'Amicale des maires du Pays toy s'étonne qu'on veuille
implanter un ours slovène qui n'est pas en voie de disparition. « Ici, les
moutons sont en liberté dans les estives. C'est d'ailleurs indiqué dans le
cahier des charges AOC ». Il n'en démord pas : « Chez nous, la biodiversité
n'est pas en danger ». Puis ajoute : « Quand l'ours est sur un territoire,
celui-ci est interdit aux chasseurs, ce qui entraîne une prolifération de
sangliers ». Il considère qu'il faut aussi prendre en compte le risque de
voir les prairies de fauche retournées. « La cohabitation va être très
difficile, voire impossible, conclut-il. On va faire le bilan dans 10 ans ».
Pour Jacques Pelegry, président de l'interprofession AOC Barèges Gavarnie,
cette réintroduction « est une bêtise pure et simple ». Déjà, il prédit : «
Ca ne servira à rien, les ours n'auront pas la vie belle, surtout ceux qui
nous les auront mis. On va faire en sorte qu'il ne nous gêne pas trop… » La
partie s'annonce plutôt rude.
Josiane Battoue.
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SOUTIEN. A ARBAS, UNE CAUSE DÉFENDUE PAR LE CHANTEUR RENAUD.
Des stars pour le parrainage
Qui parrainera les deux ours qui seront lâchés avant l'été, sur le
territoire de Bagnères-de-Bigorre ? Nul ne sait non plus comment seront
baptisés ces plantigrades que le maire de la cité thermale a appelés de ses
vœux. Au nom de la survie de l'espèce. Chantre des opprimés et de la cause
animale, le chanteur Renaud ne s'est pas fait prier lorsque Alain Reynes,
directeur de l'association Pays de l'ours-Adet lui a demandé de parrainer
l'animal (Palouma) destiné à la Haute-Garonne. « Il avait déjà pris position
pour la conservation de l'ours, dans les années «90 », à l'occasion du
percement du Somport » rappelle ce militant en soulignant l'engagement
durable du chanteur.Au passage, il nous apprend que d'autres personnalités
prendront fait et cause pour les autres ursidés. Histoire de faire passer le
message de la réintroduction qui, sur le versant Bigorre, n'a pas non plus
que des adeptes. « Qu'il vienne passer quelque temps dans nos montagnes. On
va pas se faire démolir notre boulot par des gens comme lui » tonne Noël
Fourtine, le maire d'Esterre, à l'adresse de Renaud .«C'est nous les
éleveurs qui allons en pâtir ».Ces propos vont mettre en émoi le poète.
Article paru le 26/04/2006