La surexploitation des mers n’est pas une nouveauté en soi, mais on aurait pu penser que la situation de nombreuses espèces, comme certains anchois, le merlan bleu, le hareng de l’Atlantique… incite, dorénavant, les professionnels et les Etats à plus prudence. Or pollutions diverses et surpêche font que les océans se vident un peu plus chaque jour.
Le thon rouge de la Méditerranée figure parmi les victimes potentielles de cette politique de l’autruche. D’après Robert Mielgo, expert international du marché mondial du thon, seulement 1 000 tonnes de thons auraient été capturées dans les eaux libyennes, cette année, alors qu’à la même date l’an dernier, ce sont 9 000 tonnes qui avaient été extraites dans cette même zone. Le niveau de capture enregistré au Baléares serait, lui aussi, extrêmement bas ; les pêcheurs à la madrague (une technique artisanale) du détroit de Gibraltar auraient vu leurs tonnages diminuer de 85 % par rapport à ceux de l’année 2000. Autre élément préoccupant, la taille moyenne des captures qui, d’après des professionnels, serait passée de 220 kg à 120 en quelques années.
Les professionnels, eux-mêmes, dénoncent la situation. L’association Greenpeace, qui s’est entretenue avec les capitaines de 4 bateaux français et 1 espagnol, note que le faible niveau actuel des captures de thons rouges en Méditerranée est considéré préoccupant, voire alarmant par tous, les pêcheurs reconnaissant aussi que les quotas ne sont pas respectés. En effet, sur ce point, en 2005, le quota de prélèvement fixé à 32 000 tonnes a été très largement dépassé avec près de 40 % de captures supplémentaires, soit un tonnage total atteignant plus de 45 000 tonnes.
Pour ces raisons, l’association demande l’adoption de différentes mesures visant à la restauration d’un 'stock durable'. Ces mesures portent essentiellement sur la réduction des quotas de pêche, la protection des zones de fraies (ponte des œufs), l’augmentation de la taille minimale de capture pour s’assurer que seuls des spécimens matures soient prélevés et la réduction de la période de pêche.
Toutefois, sans la mise en place de moyens visant à faire respecter la législation, ces mesures resteraient lettre morte. Aussi, simultanément, un réseau d’observateurs indépendants doit être mis en place, avec la possibilité d’intervenir à la fois sur les bateaux et dans les fermes d’engraissement.
Pour Greenpeace, si de telles mesures n’étaient pas adoptées rapidement, le thon rouge de l’atlantique pourrait, comme le thon équatorial ou la morue à Terre-Neuve, être condamné à disparaître très rapidement…
Alex Belvoit
vu sur le site : www.univers-nature.com