Baleines en danger ! La fin du moratoire est-elle proche
CBI 2006, l'adoption d'une résolution sans conséquence immédiate sur le
moratoire mais préoccupante pour l'avenir.
La 58ème réunion annuelle de la Commission Baleinière Internationale s'est
tenue fin juin 2006 dans les caraïbes. Une fois de plus, les pays chasseurs,
la Norvège et le Japon en tête ont tenté de mettre la pression sur les états
membres de la Commission pour que soit ré-autorisée la chasse commerciale à
la baleine ainsi que la vente des produits baleiniers.
Les nombreux produits dérivés obtenus à partir des mammifères marins, le
perfectionnement des navires, des méthodes de chasse (canon lance-harpon à
tête explosive) ont abouti à une diminution importante de leurs effectifs
(près de 90 % pour certains cétacés voire l'extinction complète de quelques
populations locales).
Conscients du danger d'extinction de ces espèces, les 19 pays baleiniers ont
décidé de créer la CBI (Convention Baleinière Internationale ) pour tenter
de gérer une ressource devenue rare, se répartir des quotas de chasse, et
instaurer ainsi une véritable réglementation de la chasse.
En 1982, avec l'appui de pays comme la France, le moratoire sur la chasse
commerciale est enfin adopté. Il signifie l'arrêt total de toute prise
commerciale mais n'est appliqué qu'en 1986 pour permettre aux flottes
japonaises de se reconvertir. Le moratoire a été adopté pour une durée
indéterminée, le temps d'élaborer une procédure de gestion capable de
préserver les baleines tout en satisfaisant les besoins d'une industrie
baleinière modérée. La seule exception au moratoire est faite en faveur de
certaines populations dont la culture et la subsistance dépendent de cette
chasse dite aborigène de subsistance. Leurs quotas sont revus tous les trois
ans afin de ne pas menacer les espèces concernées.
Malheureusement, tout pays a le droit d'objecter à une décision prise par la
CBI et donc de s'affranchir de respecter le moratoire. Voilà pourquoi la
Norvège a objecté au moratoire dès 1982 et a repris en 1993 une chasse
commerciale au petit rorqual. L'ex-URSS a également objecté au moratoire.
Quant au Japon, il a retiré son objection après que la CBI ait décidé de
repousser l'application du moratoire jusqu'en 1986. Ce délai lui a permis de
mettre au point sa chasse "scientifique" actuellement pratiquée dans les
Mers Australes et en Pacifique Nord.
En fait, le but de ces massacres est d'alimenter les restaurants de luxe
japonais en viande de baleine, toujours très chère et très sollicitée, mais
qui s'obtient de plus en plus difficilement.
Il faut savoir que la CBI ne peut prendre aucune sanction contre ses
membres, même s'ils enfreignent le règlement mais chaque pays-membre peut
prendre des sanctions diplomatiques ou économiques à l'encontre de pays ne
respectant pas les décisions adoptées par la commission.
Depuis plusieurs années, le Japon opère une stratégie d'achat de votes.
C'est ainsi qu'aujourd'hui, les pro-chasseurs sont aussi nombreux que les
anti-chasse au sein de l'hémicycle. On a pu remarquer que ces petits pays
des caraïbes et d'Afrique votent systématiquement comme le Japon. En 2001,
dans une interview publiée par plusieurs médias, le commissaire nippon a
avoué acheter les votes des pays alliés. Monsieur Komatsu déclarait qu'une
partie des fonds d'aide au développement distribués par son pays étaient
consacrés à l'adhésion de nouveaux membres au sein de la CBI.
D'ailleurs lors de cette dernière commission, une *résolution* a été adoptée
selon laquelle le moratoire ne serait plus nécessaire.
Même si elle n'entraîne pas la levée du moratoire qui requiert un minimum
des ¾ des voix, elle assure une victoire symbolique au Japon et autres pays
pro chasse.
L'activité de l'homme, un autre danger pour les cétacés.
D'autres menaces pèsent sur les cétacés : les pollutions, la capture
involontaire dans les filets, les dégradations ou pertes d'habitat et les
collisions avec les bateaux sans parler des répercussions liées aux
changements climatiques.
Pour ce qui est des pollutions, les pesticides et autres produits chimiques
synthétiques sont essentiellement introduits dans l'environnement du fait de
la culture intensive. Des analyses sur les nombreux cétacés retrouvés morts
ont révélé, pour la plupart de ces animaux, de hauts niveaux de produits
chimiques industriels dans leurs tissus… Ces produits augmentent la
probabilité de maladie et diminuent la fertilité en interférant avec les
systèmes hormonaux des animaux ; ils représentent donc de graves menaces
pour leur survie.
Le plus grand prédateur de ces grands mammifères marins seraient-ils donc
l'homme ?
Quel avenir pour les baleines ?
Il est donc indispensable que la chasse commerciale ne soit pas réouverte
sinon c'est signer l'arrêt de mort des baleines.
Lors de la prochaine réunion qui se tiendra fin mai 2007 à Anchorage en
Alaska, le Japon et ses alliés (sans doute encore plus nombreux) mettront
tout en œuvre pour adopter le RMS et mettre ainsi fin au moratoire. Le
Ministre des pêches du Japon se rend d'ailleurs régulièrement dans certains
pays d'Afrique en leur annonçant qu'il va leur consacrer une partie de son
fond d'aide au développement notamment pour les inscrire à la CBI.
Le but est bien évidemment d'obtenir la majorité des ¾ des voix qui leur
permettrait de lever le moratoire et de ne pas reconduire les sanctuaires
existants.
Les enjeux politiques et économiques auront-ils raison des baleines ? Le
seul espoir des pays protecteurs serait-il d'acheter le vote de petits pays
que l'on sait intéressés par le sort de ces grands cétacés ? Il faut réagir
avant qu'il ne soit trop tard.
Source
Daniel
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