Suite à la lecture des propos tenu par Francione sur Peter Singer sités ci_desous (qui m’ont beaucoup choqué)
n’ayant jamais entendu parlé de cette façon de Singer, :scratch: j’ai demander aux cahiers antispécistes si cela était vrais et voiçi la réponse d’Estiva Reus un des menbre de la rédaction :
Rappel des propos de Francione :
"Tous ceux qui ont lu avec soin son livre sur la libération animale
> savent que Peter Singer ne défend ni les droits humains ni ceux des
> animaux. Il maintient de manière constante qu'il est moralement
> acceptable de manger des animaux et de les utiliser de différentes
> manières (aussi longtemps que nous ne les faisons pas souffrir). Il
> considère aussi comme acceptable le fait de tuer des enfants gravement
> handicapés et d'utiliser des humains comme sujets non consentants pour
> des expériences de recherche biomédicale, et ceci dans certaines
> circonstances. Récemment, il a même absous des actes sexuels entre des
> hommes et des animaux »
Réponse d’Estiva Reus : :mang3:
En résumé voici ce que je crois vrai :
- Peter Singer est un philosophe dont on peut partager ou non les
positions sur tel ou tel point. Etre antispéciste n'implique pas
d'approuver à 100% Singer ni quiconque. J'estime moi-même que sur
certains sujets son argumentation est faible (sans d'ailleurs en avoir
de plus brillante à proposer).
- Il est un homme parfaitement intègre qui a consacré toute son oeuvre
à défendre des causes humaines ou animales selon ce qui lui paraissait
juste.
- Il s'est développé depuis plusieurs années une campagne visant à le
salir qui est entretenue par les ennemis de la cause animale, mais
aussi par quelques uns à l'intérieur du mouvement pour les animaux. Le
phénomène est parti des Etats-Unis et à gagné la France ==> ne pas
croire sur parole ce qu'on lit sur les sites comme celui dont vous me
copiez un extrait.
A la base, il y a une différence entre des courants de philosophie
éthique (et leur application à la question animale). En simplifiant à
l'extrême (donc en caricaturant et faussant un peu les choses), il y a
deux tendances :
- La tendance déontologique ("des droits") qui va définir l'éthique
comme le respect d'un certain nombre d'impératifs absolus (par exemple
: "on ne doit jamais tuer un innocent")
- La tendance utilitariste qui va définir l'éthique comme ce qui tend à
réaliser un certain but. Dans l'utilitarisme classique, le but est de
maximiser le bonheur de la collectivité des êtres sensibles. (Singer
est utilitariste, mais d'une variante particulière, où le but est de
maximiser la satisfaction des préférences des êtres sensibles - là
encore, pour faire court, je néglige des nuances importantes).
Ces deux tendances portent à prendre des positions différentes sur
certaines questions, notamment celle de savoir s'il est légitime de
sacrifier quelques individus pour en sauver beaucoup d'autres (problème
qui se pose pour certaines formes d'expérimentation animale ou humaine
: peut-on faire quelques victimes pour remédier à une maladie grave
dont souffrent de nombreux individus ?)
Maintenant reprenons ce que vous avez lu sur un site.
"Peter Singer ne défend ni les droits des humains ni ceux des animaux"
Peter Singer est évidemment favorable (et personnellement engagé dans
ce sens) à une réforme du droit (à de nouvelles lois) qui protègent les
animaux.
L'auteur du texte joue sur les deux sens du mot "droit". Il fait croire
que Singer serait contre une réforme des lois, ou contre l'existence de
lois protégeant les humains et les animaux, alors que ce que dit Singer
c'est que, philosophiquement, il n'est pas partisan de la théorie des
droits (au sens de l'éthique déontologique).
"Il maintient de manière constante qu'il est moralement acceptable de
manger les animaux"
Lisez "La libération animale" (C'est un livre très facile à lire) :
vous verrez que Singer ne cesse d'y défendre le végétarisme. Il a été
celui qui, par le succès mondial de ce livre, a impulsé la remise en
cause de la consommation de chair animale.
Ce qu'il y a, c'est que le problème de "tuer" est un problème
philosophiquement difficile, et que Singer ne cache pas que la réponse
n'est pas évidente. En quoi est-il mal de tuer quelqu'un (sans le faire
souffrir, et à supposer qu'il n'y ait pas de dommages annexes sur
d'autres individus), si c'est la condition pour permettre la naissance
d'un ou plusieurs autres individus qui seront tout aussi heureux de
vivre que le disparu ?
"Singer considère acceptable d'utiliser des humains non consentants
pour des expériences biomédicales"
Je ne connais aucun écrit de lui où il ait dit cela (je n'ai pas tout
lu non plus). Je soupçonne fort l'auteur du texte que vous citez d'être
en train de déformer le sens d'une chose que Singer a réellement écrite
(je vous la dit de mémoire, n'ayant pas le temps de chercher dans
l'immédiat, en tout cas c'est dans "La libération animale").
Comme je l'ai noté plus haut, des personnes de convictions morales
différentes ont des positions différentes sur ce qu'il est juste de
faire lorsqu'on peut faire beaucoup de bien en faisant quelques
victimes.
Quand il parlé de l'expérimentation, Singer a attiré l'attention sur le
fait qu'il était moralement inaceptable qu'elle soit spéciste, c'est à
dire que des êtres puissent être sacrifiés à volonté s'ils ne sont pas
de l'espèce humaine, alors que soumettre des humains à des expériences
douloureuses ou dangereuses est prohibé. Il ne s'est pas prononcé, dans
"La libération animale", sur la légitimité de l'expérimentation en
soi, en formulant les choses d'une manière qui attire uniquement
l'attention sur le problème du spécisme (d'une manière que peuvent
comprendre indifféremment les personnes de tendance utilitariste ou
déontologique) : il a écrit que, s'il était légitime d'expérimenter sur
des animaux, alors il serait légitime également d'expérimenter sur des
handicapés mentaux humains dont le degré de conscience ou de
sensibilité est comparable ou inférieur à celui des animaux utilisés
dans les laboratoires.
(Singer dans certains articles a par ailleurs pris une position qui me
semble spécistes en faveur de certains types d'utilisation des animaux
au profit de la médecine humaine).
"Singer a absous des actes sexuels entre des hommes et des animaux"
Le seul et unique écrit de Singer concernant la bestialité est le
commentaire d'un ouvrage consacré à ce thème. Vous en trouverez la
traduction sur le site des Cahiers :
http://cahiers-antispecistes.org/article.php3?id_article=199
J'ai moi-même cherché à comprendre comment ce petit texte avait donné
naissance à la rumeur qui n'en finit pas de "Singer promoteur de la
bestialité" dans l'article que vous trouverez ici :
http://cahiers-antispecistes.org/article.php3?id_article=202
Voilà, j'espère avoir un peu répondu à vos interrogations.
Sachez qu'on trouve aussi sur le site des Cahiers des textes émanant
des auteurs du courant "déontologique", ou qui leur sont consacrés
(Faites une recherche avec "Regan", "Wise" ou "Francione").
Pour mieux connaître Singer, je vous conseille de lire les deux livres
de lui disponibles en français : "Questions d'éthique pratique et "La
libération animale"
Concernant la soi-disant interview de Francione, il s'agit d'une
interview bien réelle publiée à l'origine par Animals' Agenda.
Francione est un auteur digne d'être lu tant qu'il expose sa propre
version de l'antispécisme. (Nous avons publié une synthèse de ses idées
en la matière sur
http://cahiers-antispecistes.org/article.php3?id_article=243).
Mais Francione est aussi un des principaux acteurs d'une offensive non
seulement contre Singer mais contre une grande partie des associations
qui oeuvrent pour les animaux (y compris celles qui promeuvent le
végétarisme) se présentant comme l'unique "abolitionniste" alors qu'à
peu près tout le reste des militants (les "welfaristes", ce qui venant
de lui est un termes péjoratif) serait en train de servir les intérêts
des éleveurs ou des exploiteurs d'animaux en général sous couvert de
défendre les animaux.
J'ai essayé d'exposer pourquoi à mon sens cette opposition entre
abolitionnisme et welfarisme (décalque de l'opposition entre révolution
et réformisme mou) était une façon erronée de poser les problèmes dans
un des articles du numéro que vous allez recevoir intitulé "welfarisme"
et que l'on trouve sur le site à cette adresse :
http://cahiers-antispecistes.org/article.php3?id_article=258. Pour bien
le comprendre, il vaut mieux lire au préalable de texte de Singer
consacré à l'oeuvre d'Henry Spira
(http://cahiers-antispecistes.org/article.php3?id_article=256). Il y a,
a l'intérieur de l'article "Welfarisme", quelques commentaires sur
linterview de Francione dont vous m'avez adressé un extrait.
Je trouve très salutaire que les personnes engagées pour les animaux
discutent de stratégie, y compris pour défendre une position comme
celle de Francione. Ce qui me paraît par contre tout à fait détestable,
c'est que pour "marquer des points", Francione et consosr répandent des
propos calomnieux sur les militants qui croient en l'efficacité d'une
politique différente de celle qu'ils préconisent. :couc1: