PROTECTION ANIMALE ET CLIVAGES POLITIQUES
Il y a quelques années, un philosophe – aujourd’hui ancien ministre d’un
gouvernement français de droite – ainsi qu’une revue catholique française
dite de gauche, incorrigible donneuse de leçons, ont tenté, chacun de son
côté, d’accréditer une vieille thèse selon laquelle les défenseurs des
animaux seraient proches de l’extrême droite. Cette thèse est parfois
utlisée par des lobbies de l’exploitation animale pour essayer de
discréditer la protection animale.
Rien de plus absurde que cette affirmation. Les visiteurs des locaux de
n’importe quelle association de défense des animaux peuvent aisément
constater la grande diversité des opinions politiques, religieuses ou
philosophiques de ses membres.
Les adversaires de la protection animale utilisent parfois aussi l’exemple
de Hitler qui aurait été végétarien et qui affectionnait les chiens bergers
allemands. Ils insinuent ainsi, quand ils ne le disent pas clairement, que,
tout comme Hitler, les défenseurs des animaux aiment les animaux mais ils
n’aiment pas l’humanité.
L’exemple de Hitler est mal choisi.* Les chasseurs aussi affectionnent leurs
chiens ; cela ne fait pas d’eux des défenseurs des animaux. En outre, le
végétarisme supposé de Hitler ne prouve rien. Gandhi, l’apôtre de la
non-violence, le champion de la lutte contre les discriminations raciales
(en somme : l’Anti-Hitler) était un authentique végétarien par compassion et
défenseur des animaux. Le Mahatma évaluait même une civilisation d’après la
qualité de sa protection animale. Aurait-t-on le toupet de prétendre que
Gandhi n’aimait pas les hommes ? Enfin les informations qui concernent le
végétarisme de Hitler sont contadictoires. Dans ces conditions, l’hypothèse
la plus plausible semble être la suivante : Depuis l’âge de 40 ans (1929),
Hitler suivait par intervalles un régime végétarien pour soulager ses maux
d’estomac, conformément à la prescription de Dr. Schweninger(fils du médecin
personnel de Bismarck). (Cf. Baldur von Schirach, « J’ai cru en Hitler »,
Plon 1968, pages 107, 108)
Il faut souligner que les adversaires de la protection animale n’oublient
pas de dire que Hermann Goering, le numéro deux du régime nazi, avait signé
un décret favorable aux animaux de laboratoire – comme si cet acte pouvait
faire de Goering, ce grand tueur chronique et sadique de gens et de bêtes,
un défenseur des animaux – alors qu’ils oublient de dire que beaucoup des
dirigeants du Troisième Reich etaient de grands mordus de la chasse et
particulièrement ce même Goering ainsi que Joachim von Ribbentrop, le
tristement célèbre ministre des Affaires Etrangères. Aussi, évitent-ils
soigneusement de mentionner la fait que certaines figures des plus
emblématiques parmi les fondateurs des S.S étaient, dans la vie civile, des
professionnels de l’exploitation animale. Christian Weber avait été
maquignon, Ulrich Graf apprenti boucher et équarisseur. Joseph (Sepp)
Dietrich avait travaillé dans unélevage de bovins de viande. De plus,
Heinrich Himmler, le chef suprême des SS dont dépendaient les camps
d’extermination, avait été, quant à lui, éleveur de volailles. Comme le dit
si bien Marguerite Yourcenar : « Si la cruauté humaine s’est tant exercée
contre l’homme, c’est trop souvent qu’elle s’était fait la main sur les
animaux. On aurait moins accepté les wagons plombés roulant vers les camps
de concentration si on n’avait accepté sans même y songer la souffrance des
bêtes dans les fourgons menant aux abattoirs. » (citée par Nicolas Hulot
dans « Le syndrome du Titanic », Calmann-Levy, 2004)
De nos jours, Vladimir Jirinovski, le leader de l’extrême droite
ultanationaliste russe, n’est pas tendre avec les animaux, lui non plus.
Pour éradiquer la grippe aviaire, il a proposé à la Douma (l’Assemblée
russe) de voter l’extermination des oiseaux migrateurs. « Il faut commencer
à leur tirer dessus sans retenue » a-t-il dit. On voit donc que l’extrême
droite n’est pas exactement peuplée de protecteurs des animaux...
Enfin, les adversaires de la protection animale évitent de mentionner les
noms des grands intellectuels humanistes, de droite comme de gauche, engagés
dans le combat humanitaire et qui ont été, en même temps, défenseurs des
animaux. Un grand exemple est celui de Théodore Monod, végétarien par
compassion, qui à l’âge de 97 ans manifestait encore contre les corridas et
présidait le Rassemblement des Opposants à la Chasse (ROC).
Nous allons terminer en posant une question à la revue catholique dite de
gauche, donneuse de leçon : Quand est-ce qu’elle va informer ses lecteurs
que Mgr Jacques Gaillot, évêque de Partenia, dont l’action contre
l’exclusion ainsi que celle contre la sclérose de l’Eglise sont connues de
tout le monde, est un supporteur de la protection animale ?
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* Hitler, avant de se suicider avec un revolver, avait fait tester
l’efficacité d’un poison mortel sur sa chienne Blondi au moment où ses
petits la tétaient. Par après, on tua les chiots un par un. (Cf . Robert
Payne, « Hitler », Budvet/Chastel, 1974, page 540)
29.9.2006
"Les chrétiens et les animaux"
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