Ile Maurice, régime végétarien : mythes et réalités
De par leur foi ou leur choix et parfois ni pour l’un ni pour l’autre, de nombreux Mauriciens sont végétariens. Pour la vie ou le temps de carême. Sont-ils forcément des orthodoxes ? Voici quelques indices pour mieux les comprendre.
par Shyama SOONDUR
Pratiquement un Mauricien sur deux a observé un régime végétarien au nom de Dieu ces derniers jours. Pour bon nombre d’entre eux, toutefois, ne pas consommer des produits d’origines animales n’est pas conjoncturel. C’est plutôt une hygiène de vie. Souvent difficile à vivre, certes, mais avec des récompenses néanmoins.
L’interaction du végétarien avec les autres est modulée par un certain nombre de mythes entretenus à son sujet. Orthodoxe. Extrémiste. Inculte? Ces stéréotypes lui collent à la peau et il en souffre. «Au pire, nous sommes considérés comme arriérés. Au mieux, on nous qualifie d’orthodoxes», relève Raj Kumar, végétarien depuis sa naissance puisque sa famille en fait une tradition.
«C’est comme quand je prends une bière ou deux. Les gens s’étonnent qu’une végétarienne puisse consommer de l’alcool. Je ne suis pas ascète que je sache! On peut être épicurien sans pour autant consommer de la viande», renchérit Kashmira, une jeune convertie au régime végétarien depuis une dizaine d’années pour l’amour des animaux.
C’est en effet tout à fait possible d’être végétarien sans être un fanatique religieux, ni même un croyant. C’est le cas de Raj Kumar. «Je n’ai pas choisi d’être végétarien. Je le suis depuis ma naissance. Et avec le temps, on finit par développer une aversion naturelle à la viande et aux nourritures d’origine animale.»
La perception qu’un végétarien est forcément conservateur et religieux est née d’une association directe faite avec la religion hindoue. Le régime végétarien est un des piliers de la culture hindoue. Depuis, le mode de vie végétarien a gagné l’Occident et les présomptions d’hier ne tiennent plus.
S’il n’est pas forcément orthodoxe, un végétarien est sûrement un défenseur d’animaux. Nouvelle méprise. La santé est la première raison citée par les végétariens pour expliquer leur parti pris, en faveur de l’activisme lié au droit des animaux à la vie.
Une étude du département américain de la santé relève que les végétariens consomment en moyenne moins de graisse et de calories. Ils ont tendance à peser moins lourd aussi. Un gain de vitalité et de dynamisme en découle naturellement. Pour autant, les végétariens ne sont pas à l’abri de l’obésité s’il y a délinquance alimentaire.
Pourtant, il est courant de penser que le végétarien souffre d’une petite santé en raison de carences nutritionnelles graves. «Il n’y a pas de raison de nous prendre en pitié. Nous ne sommes pas plus exposés aux maladies que les carnassiers», s’indigne Raj Kumar.
Il faut Savoir manger végétarien
Les végétariens ne manquent nécessairement pas de protéines, de minéraux et de vitamines. Comme pour les mangeurs de viande, tout dépend de la manière dont ils se nourrissent. Le végétarien aura un apport suffisant de protéines s’il mange suffisamment de fruits, légumes, céréales et grains.
Reste la question de la qualité des protéines. Les protéines reçues de sources végétales sont considérées être de qualité inférieure. Ainsi, un régime végétarien ne conviendrait pas aux enfants. Or, ils ont besoin de dix acides aminés pour grandir et les plantes en ont autant que les viandes.
Il faut éviter de tomber dans le piège des grandes chaînes de production alimentaire qui font croire que les aliments d’origine animale sont les seules bonnes sources de protéines ou de calcium. Certes, le lait et les fromages sont d’excellentes sources de calcium. Mais des légumes, en particulier les salades, n’en sont pas de moins bonnes.
Au-delà des choix religieux ou éthiques des uns et des autres, être végétarien, c’est disposer d’une variété infinie de nourriture.
Le végétarien peut manger comme un roi pour peu qu’il sache se montrer créatif derrière les fourneaux.
Le végétarisme au quotidien
Le végétarien subit la loi de la majorité qui consomme les produits d’origine animale. Au supermarché, chez les proches ou au restaurant, c’est toujours lui qui doit s’accommoder aux régimes alimentaires des autres. En général, les Mauriciens ont très peu d’empathie envers ceux des leurs qui ne consomment pas la viande, la volaille, les fruits de mer et les produits dérivés.
En général, les restaurants mauriciens font peu de cas des végétariens. Cela se vérifie dans leur manque de créativité dans ce créneau. Faire ses courses est également un stress pour le végétarien. L’exercice se transforme invariablement en une traque des ingrédients d’origine animale. La présence de ceux-ci n’est pas toujours signalée, ce qui rend souvent la vigilance vaine.
Difficile de socialiser. Imaginez l’embarras de devoir refuser de manger le gâteau d’anniversaire d’un proche parce que celui-ci est à base d’œufs ! Aux réceptions, les petits fours sont souvent à base de viande ou de fruits de mer. On fait très peu d’efforts pour plaire aux végétariens. Cela, même quand on les invite spécialement.
Source L'Express