Le Canada s'apprête à annoncer un premier refuge marin pour baleines boréales
Le 10 juillet 2005 - 16:08 - Presse Canadienne
Après plus de 20 ans de négociations et de délais, le Canada s'apprête à
annoncer la création de son premier refuge marin pour les baleines boréales, selon des responsables de la protection de la faune.
"On y est presque", affirme Bill Gummer, directeur du Service canadien de la faune pour la région des Prairies et du Nord.
Les eaux de la baie Isabella, près de Clyde River, sur la côte nord-est de
l'île de Baffin, sont recouvertes de glace neuf mois par an. Mais vers la
mi-juillet, la glace de mer se brise et les eaux de la baie regorgent des
animalcules dont se nourrissent les baleines boréales. On peut alors y voir
quantité de ces baleines de la taille d'un autobus.
"On peut les voir tous les jours. Elles frappent l'eau de leur queue, et de
leurs nageoires", affirme Joelie Sanguya, une résidante de Clyde River qui
se bat depuis 1982 pour faire déclarer la baie réserve nationale.
Les responsables de la faune estiment à environ 300 le nombre de baleines qui visitent la baie Isabella, ou Igaliqtuuq en inuktitut, bien que les Inuits du coin disent qu'il y en a bien plus. Non seulement la baie est-elle riche en nutriments, la profondeur et le profil du plancher marin de la baie protègent les baleines boréales contre les épaulards, leur principal
prédateur.
La région est également riche d'une longue histoire humaine. On y trouve les restes de nombreuses stations baleinières du 19e siècle. Ces stations de dépeçage ont contribué à faire presque disparaître l'espèce. S'y trouvent aussi des traces de campements de chasse inuits remontant à la préhistoire.
La communauté de Clyde River ne veut pas seulement protéger la région, mais aussi tirer parti de toute activité touristique subséquente. L'Arctique est en voie de devenir une destination populaire des bateaux de croisière bondés de riches voyageurs à la recherche d'expériences écotouristiques et culturelles.
Clyde River appuie la proposition de sanctuaire naturel depuis un vote
remontant à 1982. Le gouvernement fédéral est d'accord avec l'idée depuis 1992. Mais le projet a été continuellement entravé par de longues
discussions, et la situation est devenue encore plus complexe avec la
signature, en 1994, d'une entente sur les revendications territoriales du
Nunavut, qui exige que tout nouveau refuge ait son accord et profite aux
Inuits.
Selon M. Gummer, il ne reste plus à négocier qu'un dernier point litigieux:
la protection contre l'inflation pour tout paiement aux Inuits résultant
d'éventuels projets ultérieurs.
http://www.matin.qc.ca/canada.php?article=20050710150805