Confrontée à une invasion de chats, la municipalité de Larnagol, près de
Cajarc, a décidé de les identifier à la bombe !Un maire du Lot fait peindre les chats en fluoChats sauvages pourchassés, chats peints à l'orange fluo, pièges à
ragondins. Décidément, les matous ne font pas partie des espèces protégées à
Larnagol. Dans les rues du charmant village situé à quelques encablures de
Cajarc, il est possible de croiser, depuis peu, des chats barbouillés aux
mêmes couleurs que la DDE.
Tout a commencé dans les étroites rues du village il y a deux mois. Des
petits chats sauvages ont investi le centre exigu du village. Selon
Marie-Rose Reis, une élue, « ils étaient bien une quinzaine. Ils allaient où
ils pouvaient, et j'en voyais régulièrement sortir de mon garage ». Les
habitants, inquiets de la tournure que pouvait prendre cette occupation
illicite, ont contacté le maire, Pierre Cassoulet. Celui-ci a pris l'affaire
en main, à sa manière. Julie Bouillaut, propriétaire de trois chats, raconte
: « L'adjoint du maire est passé avec une bombe de chantier. Il a demandé à
ma fille de 14 ans de marquer le dos des chats d'une trace orange fluo à
l'aide du produit, de manière à les différencier des chats errants. Comme
nous tenons aux animaux, nous l'avons fait. Mais je m'inquiète un peu des
effets du produit. ».
Et il y a sans doute de quoi. Le produit est ni plus ni moins utilisé pour
marquer le bois, le béton, le sable ou l'asphalte, et contient de l'acétone
qui irrite les yeux. Or, les chats sont bien connus pour faire une toilette
régulière grâce à leur langue.
Selon le maire, peu bavard sur le sujet, les chats errants seraient une
trentaine. Leur présence serait dérangeante pour les habitants, voire
menaçante. Un paysan aurait même décidé de plier bagages pour s'en aller
élever ses poules ailleurs. « Nous avons dû prendre des mesures, explique
Pierre Cassoulet, on a posé des pièges à ragondins et tout a été réglé en
deux jours ».
La chasse devait durer sept jours, il aura suffi de deux. C'est sûrement la
raison pour laquelle l'affichage municipal n'en fait pas mention.
Le maire aurait également demandé aux propriétaires d'animaux de garder leur
chat chez eux, pour les préserver des pièges. Mais dans sa maison fleurie du
village, au bout de la rue principale, Marie-Rose s'étonne, « je ne savais
pas qu'il fallait enfermer le chat, je ne l'ai pas fait d'ailleurs ».
Quoi qu'il en soit, André Ortalo Magné, un autre adjoint, annonce que cinq
chats ont été capturés, et un libéré. Il en conserve actuellement deux chez
lui : « J'ai réussi à en dresser un », annonce-t-il fièrement. Mais que sont
devenus les dix autres ?
Quant à Micheline Orain, de «l'École des chats », elle s'étonne qu'aucun
refuge n'ait accepté de recueillir les animaux, à moins que la SPA n'ait pas
non plus été prévenue par le premier magistrat de la commune ?
Pour l'heure, personne ne s'exprime vraiment, mais les associations de
défense des animaux, elles, ont bien l'intention de se mobiliser.
Pour le tatouage, d'autres méthodes existent
C'est clair, le procédé utilisé par le maire de Larnagol est loin d'être
recommandé. Pour Louis Espiau, vétérinaire, il existe d'autres solutions
pour marquer les animaux. Et, pour le praticien, il s'agit bien d'une
première : « Certes, il faudrait se pencher plus précisément sur cette
affaire, mais je n'ai jamais entendu parler de cas similaire ». Le maire
aurait pu, par exemple, utiliser des moyens plus respectueux des bêtes : «
Il existe des crayons marqueurs de couleur pour les animaux. Lorsque je
souhaite marquer des agneaux par exemple, j'utilise ce genre de produit, et
non pas une bombe avec ses produits chimiques. ». Ce qui inquiète
particulièrement Louis Espiau, c'est que le traçage a de grandes chances
d'être ingéré par les animaux.
Micheline Orain, qui représente l'École des chats, s'emporte : « Le procédé
est tout simplement choquant et révoltant. Ils veulent les tuer ces chats ou
quoi ? Ils n'ont pas le droit. Ce n'est pas possible ». Pour elle, le sort
des chats sauvages est inquiétant : « Allez savoir, si ça se trouve, ils
n'existent plus. »
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