Transfert de 5 ours en France

Marko Jonozovic, chef du département pour les animaux sauvages et la chasse auprès du ministère slovène de l'Environnement, montre des colliers GPS pour les ours à Kocevje, le 21 avril 2006© AFP
Les autorités slovènes sont à pied d'oeuvre pour la capture en douceur et le transfert tout confort de cinq ours bruns vers les Pyrénées françaises, mais, en accord avec Paris, elles garderont la plus grande discrétion sur le déroulement des opérations.

"Les ours seront traités version grand luxe", a indiqué Janez Kastelic, du ministère de l'Environnement, en présentant les méthodes de capture, à Masun, près de Sneznik (sud-est).

Les plantigrades seront soit capturés sans dommage par pièges dans leur habitat des montagnes boisées, soit anesthésiés avec des fusils à air comprimé: après examen vétérinaire, ils seront marqués et pourront commencer leur voyage, a précisé Marko Jonozovic, chef du département pour les animaux sauvages et la chasse auprès du ministère.

"Les camions ont des conteneurs spécialement conçus avec réserve d'eau, climatisation, caméras vidéos. Ils sont cylindriques, donc sans angles durs où ils pourraient se blesser", a-t-il dit. "Une fois l'ours dans le camion, il n'est pas anesthésié: il s'endort comme un bébé dans une voiture qui commence à rouler".


Quatre communes des Pyrénées s'apprênt à accueillir d'ici juillet cinq ours solvènes, quatre femelles et un mâle.
M. Jonozovic a dirigé 74 captures d'ours dans la nature et aucun n'en a souffert.

"Les pièges, si on les utilise, viennent du Canada ou des Etats-Unis: ils sont munis d'émetteurs donnant l'alarme si l'animal est pris. Nous y sommes alors en moins d'une demi-heure, on les anesthésie et on décide, après examen, s'ils conviennent ou non pour la réintroduction", ajoute ce spécialiste.

"Au cas où on décide de les capturer, un seringue de tranquillisant est tirée d'environ 25 mètres", précise, flèche spéciale à la main, Anton Maricinc, qui supervise la chasse dans le secteur.

Ce type de capture se fait le soir, l'animal ayant été pisté par des chiens.

Une fois endormi, l'ours est marqué à l'oreille et muni d'un radio-émetteur au collier qui signalera sa position pendant deux à trois ans par satellite.

Une fois la batterie vide, ce collier spécial très léger (300 grammes) s'éjecte.

Le transfert de cinq ours bruns slovènes vers la France se fera dans la plus grande discrétion et ne sera confirmé qu'après leur lâcher dans les Pyrénées, a annoncé vendredi une responsable slovène.

"L'accord signé avec le gouvernement français l'an dernier stipule que nous ne devons rendre compte que 48 heures plus tard de la capture et du transfert de chaque ours", a déclaré Darja Dolenc, porte-parole du ministère de l'Environnement.

"Cette procédure devrait éviter les protestations d'opposants à la réintroduction des ours dans les Pyrénées," a-t-elle ajouté.

Nombre d'habitants des vallées, éleveurs de brebis notamment, s'opposent au projet du gouvernement français de réintroduction de nouveaux ours en estimant qu'ils seront sources de danger.

Les dates des opérations, qui seront échelonnées, sont également gardées secrètes.

Les experts espèrent attraper d'abord quatre femelles en bonne santé et n'ayant jamais eu de contact avec l'homme, puis à l'automne un cinquième ours mâle.

"Un des points clés de l'accord avec la France est que nous n'enverrons pas d'ours habitués à un environnement humain, +pas d'animaux de cirque ou de restaurant+", a souligné M. Jonozovic.

"Les ours de Slovénie vivent en liberté, nous n'avons pas besoin de les mettre dans des réserves", a récemment noté le ministre de l'Environnemment Janez Podobnik, ajoutant que la population des ours était en croissance constante.

La Slovénie, pays boisé pour moitié, héberge entre 500 et 700 ours concentrés surtout dans le sud. Une centaine devront être sélectivement abattus pour éviter une surpopulation, a indiqué le ministère en mars. En 2005, 370 moutons et chèvres ont été tués par des plantigrades.

Après la bonne adaptation de trois ours de Slovénie dans les Pyrénées (1996-1998), M. Podobnik a signé un accord en septembre dernier avec la ministre française de l'Environnement Nelly Olin pour acclimater cinq nouveaux ours dans les Pyrénées.

© AFP Agence France-Presse