Santé. Un rapport parlementaire dénonce l'air respiré à la maison.
Cocktails toxiques dans nos placards
Marie-Christine Blandin, sénatrice Verts, a présenté hier à la presse un
volumineux rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques, fruit d'un travail de deux ans. Pour
illustrer son propos, elle avait posé sur la table des lingettes, du gel
douche, du démaquillant, de la crème de jour, ainsi que de la peinture, du
dissolvant et du formol, « un cancérogène vendu en litre ».
Tous ces produits, dont les notices sont à peine lisibles ou inexistantes
(lingettes), diffusent dans l'air ambiant des substances particulièrement
nocives pour les populations fragiles, a-t-elle souligné. Exemple parmi
d'autres, une étude de 2005 a trouvé des substances chimiques dangereuses dans le sang d'un cordon ombilical, telles que pesticides, phtalates, retardateurs de flamme bromés, provenant des moquettes, casseroles anti-adhésives, vêtements imperméables, papier peint ou vernis à ongles.
Des produits qui ne seraient pas à risque peuvent le devenir « pour des
personnes sensibles ou très exposées », a insisté la sénatrice. « L'enfant
qui caresse le chien qu'on a aspergé de produits anti-puces est plus à
risque que l'adulte », de même que le bébé qui rampe sur le tapis, ou
l'asthmatique.
« Il y a un cocktail détonnant dans la maison », affirme-t-elle, insistant
notamment sur les éthers de glycol, des solvants « présents dans de larges gammes de produits de consommation courante » -peintures, vernis, produits d'entretien, produits phytosanitaires, produits cosmétiques, voire médicaments.
Le rapport souligne encore que « chacun est conduit à respirer du
formaldéhyde chez lui ou sur son lieu de travail ». On trouve ce produit
hautement cancérogène notamment dans la colle pour moquette ou dans un meuble constitué de panneaux de bois aggloméré.
Dans le salon, on recommande « d'exposer à l'air libre durant deux à trois
semaines après leur achat » les tapis, qui contiennent notamment des
composés organiques volatils. Quant à l'encens, que l'on brûle pour son
odeur naturelle, il émet benzène, formaldéhyde et phtalates. Dans l'armoire de la salle de bains et le coin du bricoleur, le rapport pointe les cétones, parabènes, éthers de glycol ou allergisants, cachés dans les dissolvants ou les teintures capillaires du formaldéhyde, des cétones ou des terpènes. Au rayon jardin, il faut se méfier de leur image verte à bon compte sous le nom de « produits phytosanitaires », voire « phytopharmaceutiques ».
Ouvrez tout grand vos fenêtres
Marie-Christine Blandin estime que chacun doit se responsabiliser.
Elle voudrait plus d'innovation de la part des entreprises pour la création
d'une « chimie verte ».
Elle attend aussi du grand public des « gestes simples », comme aérer les
pièces et les meubles et ouvrir grand les fenêtres tous les jours et
respecter les règles d'usage, en prêtant l'oreille aux « lanceurs
d'alerte ».
« Il faut que les gens comprennent qu'on est entourés de produits pas
anodins » dit-elle. Selon l'Organisation mondiale de la santé, 24 % des
maladies sont causées par des expositions environnementales qui pourraient être évitées.
Aliments : trop de pesticides
Le nombre de pesticides ingérés par les consommateurs est nettement plus élevé que ce que les tests alimentaires réalisés en laboratoire peuvent laisser penser, car nombre de ces pesticides sont totalement indétectables, affirme Greenpeace en citant deux laboratoires allemands de Bade-Wurtemberg (sud-ouest) et de Bavière (sud).
L'organisation écologique a réclamé hier l'interdiction de ces pesticides
impossibles à détecter, estimant que «la santé des consommateurs est mise en jeu». Selon Greenpeace, les meilleurs laboratoires chargés de surveiller la production de fruits, de légumes et de céréales peuvent au mieux détecter moins de la moitié (600 sur 1.350) des pesticides utilisés dans l'agriculture à travers le monde.
Selon l'organisation, sur 38 pesticides autorisés au cours des dernières
années en Allemagne, les deux laboratoires ont été impuissants à en détecter douze.
Parmi eux figure l'amitrol, une substance utilisée dans la culture des
pommes, des poires et dans la viticulture, et susceptible d'avoir des
conséquences sur le système hormonal, affirme Greenpeace qui cite un autre exemple: le sulfosulfuron, un herbicide utilisé dans la culture du blé.
Depuis plusieurs années, l'organisation écologique dénonce également le
trafic de pesticides interdits et dangereux pour usage agricole en France et
dans le reste de l'Europe. Certains agriculteurs peu scrupuleux achètent ces produits toxiques au marché noir et n'hésitent pas à s'en servir pour
améliorer le rendement de leurs cultures.
Publié le 01 février 2008 à 10h17
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