Pour reprendre le titre du bouquin d'H. Sallez et B. This et un fil de discussion démarré
ici.
Je ne ferai cependant pas de résumé de ce livre (vous invitant plutôt à en lire le synopsis du lien); je l'ai lu il y a bien trop longtemps.
Ce que j'en ai gardé, par contre...
C'est principalement l'idée que lorsqu'un enfant traverse un évènement ayant une teneur émotionnelle forte, il a besoin d'aide pour l'élaborer, en faire quelque chose de compréhensible pour lui, d'intégrable à son histoire, plutôt que de le "congeler" au plus vite... et de le conserver intact, l'émotion associée à la situation ne perdant rien en puissance.
Une situation émotionnelle qui n'a pas encore été élaborée (inachevée, donc) va parfois ressurgir.
La naissance d'un bébé va parfois permettre à un aîné de se souvenir (par exemple) de sa propre naissance. Si ce souvenir est douloureux et que l'enfant n'a pas encore été aidé pour élaborer ce qu'il a "traversé", il peut avoir des réactions qu'un adulte étiquettera de "jaloux" (à tord!).
Ainsi, quand un aîné change de comportement de manière incompréhensible pour l'adulte, il peut être bon de chercher ce que l'enfant en question vivait à l'âge du puîné.
Une tranche de vie pour éclairer tout ça:
Quand mon fils avait trois ans passé et que j'étais enceinte de 5 mois, 5 mois et demi, il s'est mis du jour au lendemain à refuser toutes les séparation (même pour rester avec son père!) pleurant toutes les larmes de son corps en sanglotant "je ne veux pas que tu m'oublies"
Inutile de préciser que j'étais chavirée, sentant mon fils
mal et ne sachant quoi faire... jusqu'au jour ou j'ai recompté et ou je me suis souvenue de ce "détail":
Lors de ma première grossesse (j'attendais donc mon fils), j'avais été épuisée et lors de la visite en milieu du deuxième trimestre, j'avais demandé au gynéco un arrêt de travail (je suis infirmière, je bossais à plein temps, et selon les "trois huit", à 40 km de chez moi, dans un service d'urgence et soins intensifs). Il a finit par me remettre l'arrêt en balançant avec lui une remarque tellement culpabilisante que je n'ai jamais osé utilisé l'arrêt de travail tant convoité...
Je n'en ai pas touché un mot au bébé que je portais. J'ai travaillé jusqu'au bout du temps règlementaire, faisant de mon mieux pour que ma grossesse ne gêne pas ma productivité, et pour finalement accoucher dix jours après le début de mon congé, d'un préma, donc...
Ca, c'est la façon dont moi, adulte, j'ai perçu les choses. Et lors de ma deuxième grossesse, quand la fatigue a pointé le bout de son nez, à 4 mois de grossesse (j'étais à -6 kg par rapport à mon début de grossesse...) j'ai demandé à mon médecin traitant (pas à mon gynéco) un arrêt que j'ai obtenu.
Mais mon fils, qu'a-t-il pu vivre?
"Je ne veux pas que tu m'oublies"
Il pouvait confusément se rappeler que pour lui, de ma fatigue était née l'injonction pour lui de se faire discret, alors que là, je prenais la peine de m'écouter... d'où une peur d'être oublier... pourquoi pas?
Alors je lui ai parlé de quand lui était dans mon ventre, de ce que je faisais pour lui (piscine, haptonomie avec son père, rencontres avec la sage femme, ...) et aussi de comment c'était passé ce non-arrêt de travail: de ma culpabilité, de ma colère, de mon impuissance, ... et de mon amour pour lui...
J'avais terminé en lui disant:
"Tu sais, je t'aime depuis le début.. et même avant!"
Et cette phrase est devenue son talisman pendant un temps, lors de chaque séparation, et elles ont recommencées à se passer comme avant...
Alors, était-il jaloux? Cherchait-il a me "garder" sentant qu'il allait "perdre sa place"?
Je ne crois pas... Il souffrait et cherchait à s'en sortir... et je l'aime!
Des histoires comme ça, j'en ai plein, entre mes enfants, dans ma relation à eux.
Je suis heureuse d'avoir lu ce livre et d'avoir pu percevoir ce qui ce jouait pour mes enfants à certains moments...
Bien sûr, je sais que j'en rate pleins, des occasions comme ça... tant pis..
ps: je savais que ça serait long... désolée..
J'ai vraiment fait au plus court...