Le Groenland va limiter la chasse à l'ours blanc, victime du réchauffement
jeudi 18 aout 2005, 17h10
NUUK (AFP) - Le Groenland va réduire globalement la chasse à l'ours polaire, menacé par le réchauffement climatique, et limiter strictement la chasse réservée aux touristes qu'il avait décidée de mettre en place au début de l'année, malgré les critiques internationales.
La direction de la pêche et de la chasse a recommandé au gouvernement local groenlandais, territoire du Danemark, d'instaurer des quotas à partir du 1er janvier 2006, afin de réduire le nombre d'ours polaires tués, qui est de l'ordre de 200 à 250 par mois.
"La direction de la pêche et de la chasse du Groenland a longuement discuté des conséquences de l'absence de quotas dans les prises d'ours blancs, et a jugé nécessaire de la réglementer pour protéger ces animaux à une période où ils ont du mal à trouver leur nourriture en raison de la fonte de la banquise suite à des températures élevées en Arctique", a déclaré à l'AFP sa présidente Amalie Jessen.
Les chasseurs groenlandais tuent entre "200 à 250 ours blancs par an, dans le nord-ouest, nord-est et l'est de l'île. Nous pensons qu'on devrait en abattre moins", estime Mme Jessen, qui a préparé pour le gouvernement de Nuuk une série de recommendations fixant un quota annuel inférieur aux prises actuelles.
Ces recommandations adressées la semaine prochaine aux autorités de l'île devraient être formellement entérinées en septembre et entrer en vigueur le 1er janvier prochain.
Ces recommandations concerneront aussi la chasse à l'ours pour riches
touristes voulant rapporter des trophées que le Groenland, imitant ainsi le
Canada, a décidé de mettre en place en jabvier dernier.
Cette décision avait suscité un appel de l'ancienne actrice française
Brigitte Bardot à la reine Margrethe II du Danemark pour éviter le "massacre de ce symbole mythique des terres gelées".
"Nous pensons qu'il est sage de commencer avec un quota jusqu'à 10 ours de trophées par an pour cette chasse qui sera autorisée en 2006, ou en 2007 car il faut former les chasseurs professionnels groenlandais à cette chasse spéciale, à l'encadrement des touristes, à la préparation des peaux...", a indiqué Mme Jensen.
En janvier le ministre groenlandais de l'Environnement Jens Napaattooq avait suggéré un quota de 30 ours chassés annuellement par les touristes.
"Les touristes (...) n'auront pas le droit d'abattre eux-mêmes les ours,
mais devront accompagner des chasseurs aguerris et sélectionnés et ramener avec eux les peaux et les têtes si convoitées", a précisé Mme Jensen
Les autorités groenlandaises pensent aussi "proposer aux touristes des
safaris d'ours où on ne tue pas nécessairement l'animal, mais pour le voir
de près et prendre des images de ce seigneur de la banquise", a-t-elle
ajouté.
En décidant d'instaurer des quotas de prises pour l'ours blanc, qui existent
déjà pour les autres animaux, le Groenland veut "répondre aux préoccupations légitimes de ceux qui craignent pour la survie de cette espèce fortement affectée par le réchauffement climatique" assure-t-elle.
Dans l'Arctique, la population d'ours blancs est estimée entre 22.000 et
27.000. Une grande partie vit dans la partie canadienne mais le Groenland en compte plusieurs milliers, selon des estimations.
La plus importante étude sur l'Arctique, présentée en novembre dernier avait affirmé que la banquise du grand nord s'est réduite de 998.000 km2 ces 30 dernières années, du fait du réchauffement climatique, et que plusieurs espèces, dont l'ours polaire étaient en danger.
Les ours sont également menacés par les substances chimiques d'origine
humaine qui affaiblissent leur système immunitaire et leurs capacités de
reproduction, selon des travaux présentés l'automne dernier par le Fonds
mondial pour la nature (WWF).
http://fr.news.yahoo.com/050818/202/4jn4s.html
Un bien pour un mal...