Mexique: Tortues

Pour en finir avec les tortues Viagra

« Mon homme n’a pas besoin d’œufs de tortue ». Ce slogan d’une campagne écologique mexicaine destinée à démentir la réputation aphrodisiaque des œufs tant convoités produit un effet retentissant.

Le macho mexicain y croit dur comme fer : la consommation de deux œufs de tortue tous les trois jours pendant un mois transforme son homme en étalon.
Un étalon plein de cholestérol, avertissent cependant les écologistes US de
WildCoast qui ont choisi de démentir ce « mythe désastreux » sur le ton de l’œillade publicitaire plutôt sexy, servie par une jolie créature d’origine
argentine découverte par le magazine Playboy (édition US de mars 2003 pour les collectionneurs) : Dorismar.
Avec la super bomba Dorismar accolée au slogan « Mi hombre no necesita comer huevos de tortuga », les écologistes sont sûrs de toucher leur cœur de cible : les latinos un peu ras du front et par trop libidineux qui considèrent les œufs de tortue comme un viagra naturel, comprendre moins cher que la pilule bleue Pfizer puisqu’il n’y a qu’à se baisser sur les plages pour en trouver.
Des centaines de milliers d’œufs de tortues sont ainsi gobés chaque année au nom d’une légende tenace, alors que la consommation d’œufs de tortue n’augmente en rien la puissance sexuelle, insiste WildCoast.
Forcément, les retombées médiatiques de la campagne ont déclenché les
foudres de quelques associations concurrentes, apparemment plus féministes qu’écologistes : campagne trop sexy, dégradante, qui exploite l’image de la femme, vampirise le contenu du message, blablabla.
Réplique cinglante des auteurs de la campagne : « Dorismar n’est pas l’objet sexuel de notre campagne, elle est la porte-parole bénévole des tortues, une femme maîtresse de sa sexualité qui refuse aux hommes le droit d’exterminer des espèces sous prétexte de satisfaire les femmes ». Et toc.

Des humains prêts à gober n’importe quoi

Il faut dire aussi que les tortues ont bien des soucis : quand les humains
ne convoitent pas leurs œufs, c’est leur chair considérée comme un « fruit
de mer » qui est prisée par des Mexicains trop croyants et trop pratiquants
à qui l’on interdit de consommer de la viande pendant le carême.
Sale temps pour les carapaces : environ deux tiers des 35.000 tortues tuées chaque année au Mexique sont exterminées pendant la période de jeûne qui dure 40 jours avant Pâques.
Rappelons que, selon un rituel vieux de plus de 100 millions d’années, les
tortues de mer abordent les plages pour venir y pondre et enfouir leurs œufs par centaines le plus profond possible à l’abri des prédateurs. Fonction des conditions climatiques, la saison peut durer du mois de mai jusqu’à octobre.
Après trois mois de « couveuse », les bébés tortues craquent leurs coquilles et creusent pendant de longs jours pour s’extirper du sable jusqu’à la surface. A ce moment, les probabilités de survie sont minces : on estime à une sur mille leur chance d’atteindre l’âge adulte.
Principales menaces : les oiseaux, les prédateurs marins, le soleil et… des
humains prêts à gober n’importe quoi.

eCARAIBES
http://www.ecaraibes.com/article/article.asp?id_article=116298134375#
http://www.tortugamarina.com
http://www.wildcoast.net/


Tortues Satelluths

Environ 50.000 tortues « Leatherback » (Luth - Dermochelys coriacea)
seraient prises au piège dans les longs filets dérivants de la pêche non
sélective chaque année, a récemment rappelé l’organisation de défense WWF qui constate l’effondrement de l’espèce dans de nombreuses régions. « Au Mexique, les plages qui accueillaient jusqu'à 70.000 pontes dans les années 80 n'en comptabilisent plus que quelques dizaines aujourd'hui » alerte WWF.
« Les tortues Luth de l'Atlantique pourraient voir leurs effectifs
rapidement décroître si les principales zones d'interactions entre engins de
pêche et couloirs de migration éventuels ne sont pas rapidement identifiées » souligne WWF qui vient de lancer une campagne de suivi des animaux par balise Argos. Objectif : apporter de façon coordonnée et complémentaire les informations nécessaires à l'identification des zones à forte interaction entre tortues Luth et engins de pêche dans les deux années qui viennent.
Pour mener à bien ce projet, un total de 25 balises Argos seront installées
sur les tortues nidifiant dans les principales zones de ponte connues autour de l'Atlantique : Panama, Suriname, Guyane, Gabon. Pour la première fois, elles seront aussi équipées de tels émetteurs à partir des sites de nourrissages récemment identifiés au large de l'Uruguay.
A ce jour, les premières balises ont été déployées au Panama, au Suriname, en Uruguay. L'ensemble des résultats de suivi est disponible via Internet au rythme d'une mise à jour par semaine, permettant à l'ensemble du public intéressé de suivre les déplacements des tortues Luth équipées de part et d'autre de l'Océan Atlantique. Ainsi, on découvre que la tortue Apotili relâchée en Guyane le 26 juillet a déjà parcourue 2.000 kilomètres dans l’Atlantique.
Dans la région des Caraïbes, le programme international seaturtle.org
supervisé par le Groupe de recherche sur les tortues marines (Marine Turtle Research Group) permet lui aussi de suivre par satellite les trajectoires des tortues afin d’identifier leurs migrations et les sites où elles viennent pondre leurs œufs.

www.panda.org
www.seaturtle.org