Comores : l'écotourisme sauve les tortues et assure le développement
Aller au sommaire du n° 102 31/10/2005
À Mohéli, l'île délaissée des Comores, les tortues marines vivent désormais en paix et améliorent la vie des habitants, grâce à l'écotourisme.
Tout a commencé en 1983. Suite aux dégâts occasionnés par le cyclone Elina, la coopération japonaise offre des vedettes aux chasseurs traditionnels de tortues. Ce saut technologique transforme en braconniers ces chasseurs qui ne connaissaient jusqu’alors que leurs anciens boutres à voile.
Agacés, les habitants commencent à se mobiliser contre les chasseurs. « Au départ, ce n'était pas pour des questions environnementales, se souvient Daan-Ouni, secrétaire général de l'association du village. Les adultes étaient gênés par les odeurs de cadavres. Nous, les enfants, avions l'impression que ces braconniers étaient des envahisseurs qui prenaient notre patrimoine. Nos grands frères, eux, étaient jaloux car certaines filles du village allaient avec les Anjouanais. »
Les villageois d’Itsamia attrapaient bien les tueurs de tortues et les
livraient à la police, mais sans suite. En 1991, pour renforcer leur poids,
ils créent leur Association pour le développement socio-économique. Un
financement obtenu en 1997 permet à l’association d’organiser un séminaire de sensibilisation sur la protection de la tortue et de construire une « Maison » de la tortue, qui devient le plus important site de ponte des
tortues marines de l’océan indien, ainsi que deux bungalows sur la plage.
Dans le même temps, un programme de recensement est lancé en partenariat avec le Centre d'étude et de découverte des tortues marines de la Réunion.
Symboles du village, ces animaux à l'équilibre de vie fragile sont depuis
devenus un atout économique : la location de deux chambres en bord de mer et des séances d'observation de la ponte en compagnie d'un éco-guide sont proposées aux touristes. Les revenus générés par ces activités contribuent à des projets de développement communautaire : mise en place d'un réseau d'eau potable, construction de bâtiments publics… Ce qui donne des arguments aux écologistes du village. « Quand les gens voient que, grâce aux tortues, on peut faire des choses pour eux, ils comprennent qu'il ne faut pas qu'elles disparaissent, souligne Daan-Ouni. »
Alors que les dirigeants du pays commencent à s'apercevoir que le tourisme pourrait devenir l'une des principales sources de revenus de l'archipel, l'île « endormie » joue les pilotes. Reste à attirer les vacanciers… qui ne sont pour l'instant pas plus de 400 par an.
Source : InfoSud – Syfia (Lisa Giachino)
http://www.alterbusinessnews.be/fr/comores-lecotourisme-sauve-les-tortues-et-assure-le-developpement-va12050.html