Des milliers de palmipèdes du Périgord produiront bientôt du foie gras et de l'électricité
La révolution énergétique, en Dordogne, passe par le foie gras. La Ferme de l'oie, une exploitation expérimentale d'élevage et de gavage de 6 000 oies - dont 1 500 sont gavées - implantée à Coulaures dans ce département, met la dernière main au chantier d'installation d'une unité prototype de production d'énergie à partir des déjections des palmipèdes. Elle devrait être prête à fonctionner à la mi-septembre.
Le système est simple : tous les lisiers et fumiers, intérieurs comme extérieurs, de l'exploitation sont récupérés et traités dans un "digesteur". Cette cuve en inox de 100 m3, chargée à raison de 3 m3 par jour, peut produire 400 m3 de gaz méthane par mois, alimentant en continu un groupe électrogène d'une capacité de 25 kWh. Ce qui suffit amplement à chauffer les emplacements où sont installés les oisons, 40 % de la production d'électricité étant même revendue à EDF. A terme, les professionnels du secteur espèrent que cette démarche servira d'exemple et même inspirera d'autres secteurs agricoles.
DISPOSITIF COÛTEUX
Une partie de la filière "foie gras", dont la France est le leader mondial avec 38 millions de têtes, générant 19 500 tonnes de foie gras cru (78 % de la production mondiale, selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras), pourrait en bénéficier.
Ce système de production d'auto-énergie renouvelable par le méthane est "une expérimentation qui sera applicable en série à des exploitations de production de foie gras "moyennes"", explique Jean-Pierre Dubois, ingénieur agronome et directeur technique de la Ferme de l'oie.
A l'image de cette ferme, une exploitation moyenne compte environ 1 500 oies à gaver par an pour un élevage de 6 000 têtes, le double pour les canards.
Les petites exploitations, nombreuses en Dordogne comme dans le Gers, les deux départements en tête de la production de foie gras, ne sont donc pas concernées car le dispositif n'y serait pas rentable.
Le projet de la Ferme de l'oie a en effet nécessité un investissement important, d'un coût total de 270 000 euros. Il a été financé à 80 % par des fonds publics européens, nationaux et locaux et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), le reste étant assumé par les exploitants.
Selon un calcul assez optimiste de ses promoteurs, l'investissement pour les éleveurs, dont certains pourront recevoir des aides, est amortissable en six ans.
Michel Labussière
Article paru dans l'édition du 31.07.09 Le Monde.
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