Là où les tortues se sentent hors de danger d'extermination
08/14/2005 -- 19:32(GMT+7)
Hanoi, 14 août (AVI)- Niché dans le parc national de Cuc Phuong, le Centre de conservation de tortues est une demeure tranquille pour environ 1.000 individus de 16 espèces de chéloniens d'eau douce du Vietnam.
Au Vietnam, on en compte actuellement 23 espèces terrestres et d'eau douce et 5 maritimes. La plupart d'elles sont citées dans le Livre Rouge de la Faune et Flore Internationale (FFI).
Dans les sociétés orientales, les tortues sont classées au rang d'animaux
sacrés. Leur image est omniprésente dans les lieux de culte. Pour les
Vietnamiens, personne n'ignore les tortues du lac hanoïen Hoan Kiem (Petit lac). Selon la légende, au XVe siècle, le roi Le Loi a pu chasser les
envahisseurs chinois Ming grâce à une épée empruntée à une tortue géante.
Après la victoire, le roi se promenait en barque sur le lac, la tortue fit
surface et réclama son épée. D'où le nom Ho Hoan Kiem (Lac de l'Épée
restituée).
Mais selon M.Douglas, coordinateur de la Société de protection d'animaux
sauvages (Wildlife Conservation Society - WCS) et également co-fondateur du Centre de conservation de tortues de Cuc Phuong, les tortues du lac Hoan Kiem (Rafetus swinhoei) sont menacées d'un grand danger d'extermination. À l'échelle mondiale, on n'en répertorie aujourd'hui plus que 6 individus dont 5 vivant en Chine. Les experts ont collecté des ossements de cette espèce rarissime à Yên Bai et Thanh Hoa (Nord), mais leurs efforts de recherche de colonies vivantes sur terre sont à jamais révolus.
Toutes les autres espèces de tortues subissent elles aussi un triste sort
face à la chasse, au trafic et à la détérioration de leur éco-système. On
attribue à la tortue jaune (Cuora galbinifons) des propriétés curatives pour le cancer présentes dans sa carapace que l'on utilise comme remède.
M.Douglas a rencontré pendant ses neuf années de travaux au Vietnam
seulement 5 individus dont 4 entre les mains de trafiquants. D'autre part,
de nombreux marais, lieu de prédilection des chéloniens, ont été transformés en champs cultivables, les forêts aussi se sont rarifiées pour les espèces terrestres.
Vu leur haute valeur commerciale, ces pauvres bêtes qui n'ont aucun moyen d'autodéfense sont victimes d'une chasse inconsidérée. La tortue fournit sa carapace et sa chair comme remède utilisée par la médecine orientale, on en fait également un animal d'agrément, de décor, de sa carapace et ses écailles on fabrique encore des bijoux. Selon les estimations, environ 10.000 tonnes de tortues sont commercialisées en Asie, notamment en Chine, marché le plus actif.
"Dans son cycle de vie, une tortue d'eau douce ne met au monde qu'un seul individu pour assurer son renouvellement. Ainsi, est-il difficile de
préserver une famille de tortues d'eau douce sur la Terre, même si nous
déployons de gros efforts de protection", s'alarme M.Douglas. Créé en 1996, cette fondation assure la détermination, la classification et la protection de tortues d'eau douce pour le compte du personnel de la sylviculture et de la douane. Il abrite à présent 820 individus représentant les 23 espèces d'eau douce du pays. Ces dernières années, le centre a réussi à faire éclore les oeufs d'une dizaine d'espèces rares, dont les Cuora galbinifrons, Sacalia quadriocellât, Pyxidea mouhotii, etc.
Selon le directeur Truong Quang Bich, le Centre enregistre chaque année
environ 70.000 entrées de visiteurs. Ces derniers y apprennent en
particulier les méthodes de préservation de tortues d'eau douce et de
familles entières de tortues présentes au Vietnam.-AVI
http://www.vnagency.com.vn/NewsP.asp?LANGUAGE_ID=3&CATEGORY_ID=38&NEWS_ID=162815