Viandes avariées: l'Allemagne face à une série de scandales

Viandes avariées : les autorités allemandes confrontées à une série de scandales

(Avec AFP.)
[01 décembre 2005]

Une série de scandales de viandes avariées remises en vente sous un étiquetage falsifié ou, pire, de déchets d'abattoirs transformés pour la consommation humaine, a contraint les autorités allemandes à réagir.

2.800 tonnes de viande ont été saisies ces dernières semaines et au moins 50 entreprises et magasins sont impliqués dans la commercialisation de viande pourrie. Une partie de la marchandise, saisie entre temps, a été réétiquetée à des fins commerciales.
Depuis la mi-octobre, la liste des cas de viande impropre à la consommation ne cesse de s'allonger. La Rhénanie du nord-Westphalie, la Bavière, le Bade-Württemberg et la Basse-Saxe sont particulièrement touchés.

La vérification des 300 entrepôts frigorifiques que compte le pays, qui doit être prochainement achevée, a encore permis mercredi la saisie de 23 tonnes de saucisses et de viande à Gelsenkirchen.
A ce jour, «550 tonnes de viande suspecte ont été livrées à 80 clients à l'étranger et en Allemagne», a dit à l'AFP une porte-parole de ministère de la Protection des consommateurs, Tania Thiele.

Au Danemark, 18,5 tonnes de lard et 500 kilogrammes de viande de boeuf haché périmés en provenance d'Allemagne ont été retirés de la consommation ces derniers jours et renvoyés dans le pays d'origine.
«Nous avons une devise et elle s'intitule tolérance zéro (...) envers ceux qui foulent au pied la confiance des consommateurs», a dit la chancelière allemande Angela Merkel au cours de sa première déclaration de politique générale mercredi devant la chambre des députés.

Elle a demandé à ce que les failles à l'origine de ce «grave scandale» soient supprimées «sinon le secteur alimentaire allemand sera confronté à de graves difficultés».
En conséquence, le ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Protection des consommateurs, Horst Seehofer, a présenté un catalogue de dix mesures d'urgence pour «mettre fin à de tels agissements».

Il a plaidé principalement pour un renforcement des contrôles alimentaires sur tout le territoire et des peines conséquentes en cas d'infractions. Il s'agit aussi de garantir «une meilleure traçabilité» des aliments afin de rendre plus difficiles les changements d'étiquette.
Sur le plan européen, le nouveau ministre conservateur a appelé les entreprises qui refusent de la nourriture douteuse qui leur est proposée, à se déclarer obligatoirement.

Il a revendiqué une amélioration de la circulation de l'information entre les Etats régionaux (Länder) et l'Etat fédéral et une meilleure communication entre la justice et les autorités alimentaires. Il a dut vouloir aussi lutter contre le dumping en interdisant la vente à un prix inférieur au prix d'achat.
Selon lui, rien ne laisse croire à «un système mafieux», seules quatre sociétés étant pour l'instant officiellement accusées d'actes de malveillance.

La Fédération nationale des centres de protection des consommateurs et la Confédération allemande des agriculteurs ont salué cette initiative tout en la qualifiant de «tardive».
Effectivement, en juillet, l'Office fédéral de la protection des consommateurs (BVL) avait prévenu dans son rapport annuel qu'une entreprise sur cinq spécialisée dans la vente ou la production d'aliments en Allemagne avait enfreint les dispositions légales. La viande était déjà pointée du doigt, derrière les desserts glacés.

Un cas de viande périmée masquée par un nouvel emballage et une nouvelle date de préemption avait été rapporté à la même époque en Basse-Saxe.

Seulement 11% des Allemands disent manger moins de viande depuis cette série de scandales, selon un sondage de l'institut Forsa réalisé auprès de 1.002 personnes.

L'Allemagne compte environ 20.000 entreprises de traitement de la viande.

http://www.lefigaro.fr/europe/20051201.FIG0238.html?103510