Tauromachie: quand l'esthétique fonde l'éthique.
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M. Gérard CHAROLLOIS Le dimanche 22 janvier 2006
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Torture tauromachique : quand l’esthétique fonde l’éthique.
Il advient queles intellectuels, par leurs débats, leurs querelles, et quelquefois leurs pensées, éclairent leur époque, dévoilent les chemins nouveaux, font œuvre de véritables découvreurs de valeurs inédites et de concepts féconds.
Mais en guise de pépites d’intelligence, certains se fourvoient souvent et produisent des réflexions indigentes.
L’école dite »Normale », de surcroît proclamée « Supérieure » de la rue d’ULM aurait accueilli, le mois passé, un colloque sur la torture tauromachique (ils disent, la corrida).
Observons dès l’abord que lorsque des adeptes de la corrida et de la chasse organisent des congrès, colloques, journées d’études sur ces thèmes, il ne doit surtout pas y avoir de débat pluraliste et contradictoire.
La corrida, la chasse sont des pratiques, pour leurs partisans, incontestables et seuls ceux qui en chantent les louanges sont conviés à bavarder aimablement sur le sujet.
Pas question d’entendre un écologiste éthique, impossible d’affronter une véritable controverse argumentée.
Il faut, y compris à la prétendue école Normale et Supérieure faire de la basse propagande.
Néanmoins, un intervenant à cet élevé et digne colloque universitaire, numéro d’autocongratulations unilatérales, aurait déclamé que « l’esthétique de la corrida en était son fondement éthique ».
Cet intervenant ignore sans doute que Walter BENJAMIN, philosophe allemand né en 1872, mort par suicide pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis idéologiques en 1940, avait alerté le monde par cette analyse faite sur place et en situation :
« Les nazis ont inventé l’esthétisation de la politique ».
Et ils furent déjà nombreux les écrivains, professeurs, chercheurs des années 1930 à se laisser séduire par cette esthétisation de la politique.
Les chants, hymnes mélodieux, les costumes, les défilés aux flambeaux, les drapeaux, la force collective des foules enthousiastes, la ferveur des masses, la communion quasi-hystérique avec les orateurs flamboyants abolirent tout esprit critique chez nombre « d’intellectuels », des années 30, comme d’autres succombèrent aux charmes d’un autre totalitarisme pesant dans les années 1950.
A la corrida, le costume de « lumière », les fanfares, la foule colorée, la convocation de la mort au rendez-vous tragique séduisent tout semblablement et par les mêmes mécanismes mentaux nos apprentis philosophes qui imaginent pouvoir justifier la torture d’un être vivant sensible par un esthétisme de pacotille.
L’homme n’apprendrait-il donc rien ?
N’a-t-il pas encore compris que le mépris de la compassion appelle le malheur et l’avilissement ?
Qu’importe le décor lorsque les acteurs jouent le meurtre.
Aucun verbiage fumeux, aucun paravent pseudo-culturel, aucune caution de telle ou telle célébrité futile et mondaine n’ôteront la moindre parcelle de crime à la corrida.
Ce rite sanguinaire déshonore notre époque parce que par-delà la fumée des mots creux, derrière les lumières et le vacarme, par-delà les gesticulations des petits GOEBBELS de la mort spectacle et de la mort loisir, il y a la souffrance infinie d’un être et que cela est radicalement inacceptable.
Le fait que perdurent en nos sociétés, certes à un stade marginal et de scories, la chasse et la corrida, prouve qu’il demeure encore beaucoup à parcourir pour s’imaginer supérieur à une quelconque espèce.
Ces pratiques nient à la fois le caractère d’être sensible de l’animal et la dignité humaine et comme le disait le bon et génial père HUGO : « torturer un taureau, c’est torturer une conscience ».
Si, inversant le postulat des fascistes et des atastes mort, nous proclamions que seule une éthique du respect fonde une esthétique de vie?
Gérard CHAROLLOIS
Président de la CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE.