Chasse à la baleine : Wellington proteste officiellement auprès
de la Norvège *Pacifique :* 21/04/2006 à 05:52
(Flash d'Océanie) - Le gouvernement néo-zélandais a participé jeudi à une
démarche diplomatique conjointe auprès du gouvernement norvégien, afin de
protester officiellement contre les plans annoncés par Oslo d'augmenter ses
quotas de chasse à la baleine à plus d'un millier de têtes.
" La Nouvelle-Zélande est préoccupée du fait que le gouvernement norvégien a
augmenté à 1.052 son quota de prises de baleines Minke pour l'année 2006, ce
qui représente le volume de prises le plus important depuis vingt ans. Nous
ne savons pas quels effets cela aura sur la population de baleines. Les
critères que la Norvège a utilisé pour fixer ce quota n'ont pas été évalués
correctement, ni revus par le comité scientifique de la Commission
Baleinière internationale", a déclaré Chris Carter, ministre de la
protection de l'environnement.
La démarche néo-zélandaise a été effectuée en même temps que celle de dix
autres pays (dont l'Australie et la France) partageant les mêmes
préoccupations et se déclarant en " communauté d'idées " sur cette question.
Au total, ce sont l'Argentine, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le
Brésil, la République Tchèque, l'Espagne, la France, l'Allemagne, la
Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, et le Royaume Uni qui ont,
quasi-simultanément, effectué la même démarche par la voie diplomatique ou
ministérielle, avec comme principal message un appel à Oslo pour que la
Norvège abandonne ses activités de pêche à la baleine.
Elle intervient à quelques semaines de la prochaine réunion (la 58ème) de la
Commission Baleinière Internationale (CBI), qui doit avoir lieu mi-juin de
cette année dans le petit État caribéen de Saint Kitts et Nevis.
Parallèlement à cette démarche, au terme d'une réunion à Sydney avec le
Programme Régional Océanien pour l'Environnement (PROE, basé à Apia, Samoa),
Canberra et Wellington (et leurs ministres respectifs de l'environnement,
Ian Campbell et Chris Carter) ont annoncé un renforcement de leur
collaboration en vue protéger les baleines et les dauphins du Pacifique.
Des programmes collaboratifs dans le domaine de la formation, de l'étude
scientifique des mammifères marins et notamment des phénomènes d'échouage en
masse, de la mise en place de projets touristiques d'observation, pourraient
prochainement être mis en place, a annoncé M. Carter.
Ce dernier, plus spécifiquement, a aussi annoncé le prochain lancement d'un
programme d'étude dans les États océaniens de Tuvalu et de Kiribati.
Depuis plusieurs années, l'Australie et la Nouvelle-Zélande constituent le
fer de lance d'une initiative visant aussi à créer un sanctuaire pour les
baleines, couvrant la quasi-totalité du Pacifique Sud.
Un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine a été mis en place en
1988.
Toutefois, plusieurs pays, dont le Japon, la Norvège et l'Islande ont depuis
repris leurs activités de pêche, invoquant pour certains des motivations "
scientifiques ".
Ces dernières années, au cours des précédentes réunion annuelle de la CBI,
le Japon a mené une série d'offensives et constitué un camp " pro-chasse "
visant à rassembler un soutien afin de faire passer par cette organisation
internationale une levée totale du moratoire.
Lors des derniers votes, la marge entre les deux camps était réduite à
l'extrême et les " protecteurs " craignent plus que jamais que cette année,
le lobby mené par le Japon parvienne à obtenir une majorité des voix parmi
les pays membres de la CBI.
En fonction de la majorité obtenue, les orientations de la CBI pourraient
aussi être affectées de différentes manières : à partir de 51 pour cent, ce
seraient d'abord les travaux de protection des baleines à la CBI qui
seraient touchés.
Au-delà de 75 pour cent, c'est le principe même du moratoire sur la chasse
aux cétacés qui serait remis en question.
Les petits États, y compris océaniens, fortement sollicités
Dans cette course aux voix, plusieurs pays océaniens, ces dernières années,
ont oscillé entre un camp et l'autre.
Fin octobre 2005, Paul Maenu'u, alors ministre salomonais des pêches, avait
lui aussi quitté le gouvernement de cet archipel mélanésien en raison de la
position qu'il avait prise quatre mois auparavant lors de la 57ème session
de la Commission Baleinière Internationale (CBI) à Ulsan (Corée du Sud).
Lors de la 57ème session de la Commission Baleinière Internationale (CBI) à
Ulsan (Corée du Sud), en juin 2005, plusieurs petits États insulaires
océaniens avaient promis leur soutien au lobby anti-chasse, mais avaient au
dernier moment voté aux côtés du Japon.
Les îles Salomon avaient promis a minima une abstention durant le vote de la
motion japonaise demandant la levée du moratoire de 1986 sur l'interdiction
de la chasse commerciale à la baleine.
Le représentant de cet archipel avait finalement voté avec les pro-chasse,
même si la motion avait finalement échoué de peu.
Quelques jours après cette 57ème réunion de la CBI, le gouvernement japonais
annonçait le financement de la rénovation complète du terminal et de la
piste de l'aéroport international des îles Salomon, pour un montant affiché
à cinquante millions de dollars.
Maatia Toafa, Premier ministre de Tuvalu, qui avait lui aussi rencontré M.
Campbell dans les jours précédant la dernière réunion de la CBI, en juin de
l'an dernier, avait ensuite farouchement démenti que les aides japonaises
avaient quelque chose à voir avec l'orientation de son vote pro-chasse à la
CBI.
" C'est notre décision (…) Et nos grands frères (Big Brothers) n'ont pas à
s'ingérer dans cela", avait-il déclaré.
Nauru, l'an dernier, avait réussi, tout comme le Togo, à échapper à la
pression du vote à la CBI : son délégué est arrivé suffisamment en retard,
et sans les accréditations nécessaires, pour ne pas avoir pu participer à ce
vote sensible, malgré les tentatives nippones de retarder ce scrutin pour
permettre de rectifier cet état de faits.
Même si les pays " protecteurs " au sein de la CBI sont parvenus à mettre en
échec la demande japonaise de levée du moratoire sur la chasse commerciale
(qui reste donc en place), ils n'ont rien pu faire pour empêcher le Japon
d'annoncer unilatéralement, en vertu d'une clause " scientifique " de ce
moratoire, le quasi-doublement du nombre de ses prises de baleines Minke,
ainsi que de nouvelles espèces, comme les baleines à bosse (celles qui
attirent le plus d'observateurs dans de nombreux pays océaniens, au moment
de leur passage) ou encore les rorquals communs.
Frappée une nouvelle fois par le vote de trente pays membres d'une motion
présentée par l'Australie et condamnant fermement les arguments
scientifiques, le Japon a une nouvelle fois agité le spectre de son retrait
de la CBI.
Mais la victoire de cette motion australienne (30 voix contre 27) exhortant
Tokyo à cesser ses chasses " scientifiques " est toute relative : elle
n'engage en rien ni le Japon, ni la CBI, puisque la clause scientifique
invoquée par le Japon fait partie des rares conditions permettant de
contourner le moratoire, tel que défini par cette organisation
internationale elle-même.
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--
Daniel
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