19 janvier 2006 - Avant une chirurgie, l'hypnose soulagerait l'anxiété chez les enfants tout aussi efficacement, et même plus, que la médication habituellement utilisée, affirment des chercheurs français.
Ces chercheurs de l'Université de Rennes1 ont recruté 50 enfants âgés de 2 ans à 11 ans pour leur étude. Tous ont subi une chirurgie abdominale mineure.
Avant d'être amenés en salle d'opération, la moitié des sujets ont reçu une dose orale de midazolam, le médicament le plus couramment utilisé pour soulager l'anxiété des enfants dans une telle situation. L'autre moitié a bénéficié d'un traitement d'hypnose, administré par l'anesthésiste, en plus de recevoir un placebo ressemblant au midazolam.
Cela a permis aux scientifiques d'établir que seulement 39 % des enfants du groupe hypnose étaient anxieux au moment du début de l'anesthésie, contre 68 % pour l'autre groupe.
L'hypnose induit un état de relaxation qui aurait aussi un impact positif sur le comportement de l'enfant après l'opération, en le rendant plus calme. Les enfants ayant eu recours à l'hypnose démontraient, par exemple, moins d'agressivité envers leurs parents et avaient moins de troubles alimentaires ou du sommeil. Ainsi, au lendemain de la chirurgie, seulement 30 % de ces enfants présentaient des problèmes de comportement, contre 62 % chez ceux à qui on avait administré le midazolam. Une semaine plus tard, ces chiffres étaient respectivement de 26 % et 59 %.
Les auteurs attribuent l'efficacité de l'hypnose, dans ce contexte, à deux facteurs. Contrairement au midazolam, tout d'abord, l'hypnose n'a pas d'effet amnésiant. Cela permet donc à l'enfant de garder des souvenirs de l'intervention chirurgicale, ce qui en fait un événement moins traumatisant.
Les chercheurs font aussi valoir que l'hypnose permettrait à l'enfant d'établir une relation de confiance avec son anesthésiste avant la chirurgie, puisque c'est ce dernier qui lui administre le traitement d'hypnose. Cette relation de confiance rend ensuite moins difficile la séparation avec les parents, une grande source de stress pour les enfants.
À ce sujet, la pédiatre Sunita Vohra2, de l'Université d'Edmonton, y voit la principale faiblesse de cette étude. Elle fait ainsi valoir que les effets positifs qui sont ici attribués à l'hypnose pourraient très bien découler de la relation que l'enfant a établie avec l'anesthésiste avant la chirurgie, une relation dont ont été privés les enfants qui n'ont reçu que le midazolam. Dre Vohra est à la tête du Canadian Pediatric Complementary and Alternative Medicine Network.
Les résultats de l'étude des chercheurs français sont publiés dans la revue Pediatric Anaesthesia et le commentaire de Dre Vohra, dans les pages du Focus on Alternative and Complementary Therapies.
Jean-Benoit Legault - PasseportSanté.net
1. Calipel S, Lucas-Polomeni MM, Wodey E, Ecoffey C. Premedication in children: hypnosis versus midazolam, Paediatr Anaesth, 2005 Apr;15(4):275-81.
2. Vorha S. Is hypnosis as effective as midazolam as preoperative medication in children? Focus on Alternative and Complementary Therapies, décembre 2005 10(4). Il est possible de consulter son texte à l'adresse suivante : http://journals.medicinescomplete.com [consulté le 18 janvier 2006].