L’adieu aux arbres
BRÉSIL - 11 février 2007 - par RENÉ GUYONNET
« Amazonie : que reste-t-il de la forêt ? » C’est le titre de couverture du National Geographic à l’heure où le Groupe international d’experts sur l’évolution du climat (Giec) confirme qu’il est pratiquement certain que les activités humaines sont responsables du réchauffement climatique. Réponse : au rythme actuel de déboisement, 40 % de la forêt sera détruite d’ici à vingt ans.
Sans la déforestation, l’Amazonie produirait la moitié des précipitations qu’elle reçoit du fait de l’humidité qu’elle dégage dans l’atmosphère.
Du coup, le Brésil est devenu l’un des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre. À l’exception d’un petit nombre d’autoroutes, la quasi-totalité des routes d’Amazonie ont été construites illégalement. Ce réseau sauvage a été créé pour l’essentiel par des exploitants forestiers afin de pénétrer au cœur des massifs d’acajou et autres feuillus qui s’exportent à prix d’or. L’appropriation de terres par la corruption et l’intimidation est tellement répandue qu’elle porte un nom : grilagem, du mot portugais grilo, « criquet ». Pour l’instant, la police et l’armée sont impuissantes à enrayer cette dévastation.
Et pourtant, le Président Lula affirme que grâce à lui et son gouvernement, la déforestation de l'Amazonie aurait reculé de 50 %.
Certains n'hésitent pas à parler de chiffres "orientés", grâce à des études manipulées...
Et la situation n'est pas meilleure en Afrique, si l'on en croit le Rapport 2006 sur l'état des forêts du Bassin du Congosite http://www.mediaterre.org/afrique-centrale/actu,20070213180000.html
Le Rapport fournit en première partie des données géophysiques sur le massif forestier, des informations synthétiques sur la faune, les populations, les approches et programmes de conservation, et l'évolution de l'exploitation industrielle. Sur ce dernier volet, le Rapport note que les superficies attribuées à l'exploitation ont considérablement augmenté au cours des dernières années, atteignant, en 2004, 49 millions d'hectares, soit 36% de la superficie des forêts de production et 27% de la superficie totale des forêts denses et humides. En Guinée Equatoriale, au Gabon et en RCA entre 77 et 93% des forêts de production ont été allouées. Cependant, on note des évolutions positives dans l'amélioration de la transparence pour l'attribution des titres d'exploitation dans certains pays. Au Cameroun par exemple, le système d'appel d'offres, qui remplace les négociations à huis clos, a été introduit. Le Rapport déplore toutefois le laxisme persistant des autorités dans l'application des lois qui peuvent avoir une implication politique.
Le Rapport traite des menaces en soulignant notamment que les dix prochaines années seront critiques du fait de l'accentuation de la pression sur les ressources provenant de la croissance démographique et de la demande mondiale. A ces facteurs s'ajoutent la corruption, les faibles capacités institutionnelles, les conflits, etc. Ces facteurs entraînent en effet la déforestation, la perte de la biodiversité.