La vente de fourrure de chien et de chat interdite
LE MONDE Article paru dans l'édition du 17.06.07
Bruxelles Bureau européen
C'est à une très large majorité que le Parlement européen devrait interdire,
mardi 19 juin, le commerce de fourrures de chats et de chiens dans l'Union
européenne. La mesure prendra effet à compter du 1er janvier 2009. "Notre
vote sera un premier pas vers l'interdiction générale de la fourrure",
promet la rapporteuse, Eva-Britt Svensson, communiste suédoise, qui
aimerait aussi protéger les visons, phoques, renards et autres lapins.
C'est exactement ce que redoute la Fédération internationale de la
fourrure. Pour cette raison, elle s'est toujours opposée à l'adoption d'un
règlement européen. "Nous craignions que certains groupes extrémistes
influents essaient d'introduire les autres espèces de fourrures", indique
sa directrice des affaires internationales, Rebecca Hildreth.
"Nous n'avions pas besoin de ce texte, car les fourreurs européens ont, en
2002, volontairement interdit le commerce de ces peaux de chiens et de
chats, qui ne se vendaient pas de toute façon", ajoute Diederik
Vandervennet, secrétaire de la fédération belge.
Il y a longtemps que les associations de défense des animaux réclament ce
texte. "En 1997, nous avons mis en évidence l'existence d'un odieux commerce
de chats et de chiens, élevés en Chine puis écorchés vifs, dont les
fourrures sont revendues en Europe sans être déclarées comme telles",
indique la fondation 30 Millions d'amis. Cette demande avait été relayée par
le Parlement européen et le conseil des ministres de l'agriculture, en 2003
et 2005.
La Commission a un temps répondu qu'elle n'avait pas le pouvoir de légiférer
sur des questions éthiques, et conseillé aux Etats membres de prendre
eux-mêmes des mesures. Ils l'ont fait, en ordre dispersé :
certains ont interdit l'élevage de ces animaux, d'autres l'importation de
leurs fourrures, d'autres encore ont introduit des obligations
particulières en matière d'étiquetage. La Commission considère aujourd'hui
que l'hétérogénéité de ces dispositions nationales constitue un "obstacle
au marché intérieur" de la fourrure classique, ce qui l'autorise à
légiférer.
TEXTE AMENDÉ
En novembre 2006, le commissaire à la santé et à la protection des
consommateurs, Markos Kyprianou, a donc proposé d'interdire la production,
la commercialisation, l'importation et l'exportation de fourrures de chiens
et de chats dans l'Union. Il a invité les Etats à échanger leurs
informations sur les méthodes de détection de ces fourrures.
En présentant cette initiative, M. Kyprianou a expliqué que "les citoyens
européens considèrent les chats et les chiens comme des animaux de
compagnie". Pourtant, le texte proposé a déçu les associations de défense
des animaux, car il autorisait le commerce de produits provenant de bêtes
qui n'auraient pas été tuées pour leur fourrure, mais pour leur viande. "Si
cette dérogation était maintenue, elle constituerait une brèche dans
laquelle s'engouffreraient les vendeurs", a expliqué Mme Svensson, forte du
soutien de nombreuses pétitions. Lors d'une négociation officieuse, Mme
Svensson et les représentants du conseil des ministres de l'agriculture,
colégislateurs, se sont mis d'accord pour la rejeter.
C'est ce texte amendé que le Parlement devrait entériner mardi.
Rafaële Rivais
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