27/07/07 - Foie gras : un reportage dérangeant au JT de France 2La PMAF réagit à la diffusion d'un reportage dérangeant sur la
production française de foie gras. Le sujet diffusé ce jeudi 26
juillet dans le journal télévisé de 13h de France 2 montre des images
de gavage en parc et à l'entonnoir (techniques rarissimes) et évoque
la vie heureuse d'animaux recevant des « cadeaux à Noël » (ils sont
gavés par la force avec des figues), et qui sont « tout le temps à la
fête » (images de cadavres d'oiseaux éventrés).
Il est visible pendant une semaine après sa diffusion à cette
adresse : http://jt.france2.fr/13h/
Nous vous invitons à faire part de votre mécontentement à la
diffusion de cet étrange reportage en écrivant (tout en restant
courtois) à France 2 :
http://info.france2.fr/common/envoieMailFormulaire.php?destMai13heures@france2.fr
ainsi qu'au médiateur de France 2 :
http://relations.france2.fr/form1_medinfo.php
Vous trouverez des données factuelles sur la réalité de la production
de foie gras dans le courrier adressé à France 2 par la PMAF ci-
dessous. Un grand merci pour ce que vous pourrez faire !
Madame, Monsieur,
la PMAF (Protection mondiale des animaux de ferme) été surprise du
sujet diffusé ce jeudi dans votre édition de 13h sur les canards
utilisés dans la production de foie gras du Gers.
Ce reportage cherchait-il vraiment à informer les téléspectateurs des
réalités de cette production ? Sincèrement, nous peinons à le croire,
tant le traitement du sujet relevait du panégyrique et s'apparentait
d'avantage à une publicité déguisée qu'à un reportage d'information.
Je comprends aussi que le passage du Tour de France dans une région
puisse être l'occasion de dresser un portrait gourmand des
spécialités locales. Mais trop de contrevérités dépasse
l'entendement, et face à l'intensité du débat sur le gavage dans les
medias à l'étranger, que ce soit en Allemagne, aux Etats-Unis, en
Grande-Bretagne, ... un tel déni à l'échelle d'un pays tout entier
nous paraît problématique.
Si vous souhaitiez parler du foie gras cette semaine vous pouviez,
par exemple, évoquer le scandale qui met actuellement en cause le
plus gros producteur canadien de foie gras, Elevages Périgord,
filiale de l'entreprise française Excel Développement basée dans le
Sud-Ouest. En effet, une enquête menée au sein de l'entreprise en
caméra cachée et diffusée sur Internet
(http://www.stopgavage.com/actu_elevage_perigord.php) y documente de
graves actes de cruauté, qui s'ajoutent aux réalités quotidiennes de
la production :
- canetons femelles enfermés vivants dans des sacs plastiques ou
agonisants dans des poubelles (en France aussi – et dans le Gers en
particulier - seuls les canards mâles sont utilisés pour la
production de foie gras, les femelles sont éliminées à la naissance
par broyage ou par gazage au dioxyde de carbone).
- canards gavés à la pompe pneumatique enfermés en cages
individuelles (en France aussi – et dans le Gers en particulier - 87%
de la filière est une activité industrielle produisant du foie gras
d'oiseaux nourris par la force en cages de batterie).
- canards morts des suites du gavage (en France aussi – et dans le
Gers en particulier - les taux de mortalité sont 10 à 20 fois
supérieurs chez les canards gavés que chez les canards en élevage).
- canards mal étourdis à l'abattoir (en France aussi – et dans le
Gers en particulier - le réglage de l'intensité de l'électro-narcose
est notoirement délicat, les oiseaux étant souvent abattus en pleine
conscience).
A mille lieues des réalités de l'élevage de canards gras, le
reportage stupéfiant diffusé le 26 juillet montre des images de
gavage en parc et à l'entonnoir (techniques rarissimes) et évoque la
vie heureuse d'animaux recevant des « cadeaux à Noël » (ils sont
gavés par la force avec des figues), et qui sont « tout le temps à la
fête » (images de cadavres d'oiseaux éventrés).
Sans doute conviendrions-nous avec vous qu'il existe des sujets plus
graves que le gavage. Il en existe aussi beaucoup de moins graves.
Cela signifie-t-il pour autant que l'objectivité doit être fonction
du sujet traité, et que la déontologie journalistique puisse parfois
être un principe à géométrie variable ?
Sommes-nous donc si naïfs d'attendre d'un journal d'information qu'il
nous donne, au-delà des intérêts économiques nationaux et des images
d'Epinal du marketing de l'industrie, des clefs objectives pour
comprendre le monde ?
Est-il si farfelu de penser que, si ce n'est aussi la souffrance des
30 millions d'oiseaux gavés par an, la vérité due aux téléspectateurs
méritait à elle seule un traitement moins léger ?
Je me tiens tout à votre disposition en espérant que vous aurez à
cœur d'apporter un contrepoint d'information dans un prochain sujet
sur le foie gras, révélant également les problèmes de bien-être
notoires liés à cette production, ou faisant tout du moins l'objet
d'un traitement plus équilibré.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à
l'assurance de ma considération,
Dominic Hofbauer
Chargé de mission Education & Formation
PMAF (Protection mondiale des animaux de ferme)