Cabillaud : déstockage massif, tout va partir
Jeudi 21 juillet 2005
Les stocks de cabillaud ont atteint un seuil minimal historique. C’est le
constat dressé par Paul Marchal, responsable du département halieutique
Manche-Mer du Nord de l’Ifremer, basé à Boulogne-sur-Mer. Avec son équipe, chargée de la collecte des données, il mesure les poissons, détermine leur âge, et réalise des comparaisons interannuelles. « En 1970, on comptait 250 000 tonnes de cabillauds adultes en Manche et en mer du Nord, se souvient Paul Marchal. Aujourd’hui, il y en a moins de 50 000. » En cause, les activités de pêche et le réchauffement climatique. « Les cabillauds sont des espèces d’eau froide. Si les hivers sont chauds, cela pose un problème. »
Des solutions existent, comme les quotas de pêche – de 100 000 tonnes dans les années 1990, on est passé à 27 000 il y a trois ans –, l’accroissement du maillage des chaluts pour éviter les prises juvéniles et la fermeture de zones de pêche en 2001. Mais Paul Marchal reste lucide. « On ne sait pas si le stock pourra se renouveler. On a des exemples pessimistes au Canada.
Là-bas, malgré la fermeture de la pêcherie, les stocks ne sont pas
reconstitués. » Aux conséquences économiques pour les professionnels de la pêche s’ajoutent les effets environnementaux. « On observe un bouleversement de la biodiversité. Si le nombre de cabillauds baisse, les harengs, leurs proies, prospèrent. » Une autre question reste en suspens : le cabillaud se reproduit de plus en plus jeune. « Est-ce un changement génétique de l’animal ou est ce lié aux facteurs environnementaux ? », se demande Paul Marchal.
La production annuelle de la pêche française, environ 600 000 tonnes, place la France au quatrième rang des états membres de l’Union
européenne. Le quartier de Boulogne représente à lui seul une production de 60 000 tonnes.
http://www.20minutes.fr/journal/lille/article.php?ida=57100