Faites votre part: devenez vegetarien!
Le mardi 08 janvier 2008
Selon Greenpeace, l'élevage des animaux à la ferme entraîne de multiples et graves conséquences sur la planète, ce qui en ferait le deuxième secteur le plus polluant après celui de l'énergie.
Jean Goupil, La Presse
François Cardinal, La Presse
L'agriculture étant désormais le deuxième plus important émetteur de gaz à
effet de serre au monde, Greenpeace exhorte les consommateurs à adopter un
régime végétarien, ou du moins à réduire leur appétit pour la viande.
Dans un rapport obtenu par La Presse et qui sera publié aujourd'hui,
l'organisme Greenpeace international accuse le secteur agricole d'être
responsable de près du tiers des émissions mondiales et, ainsi, de
participer intensément aux changements climatiques.
Bien que la surutilisation des engrais soit la principale source de gaz à
effet de serre de ce secteur, l'auteur, le professeur Pete Smith de
l'Université Aberdeen, en Écosse, montre du doigt les conséquences négatives
de notre appétit grandissant pour le bétail, surtout le mouton et le bouf.
« Pour les personnes souhaitant réduire leurs émissions individuelles de gaz
à effet de serre, l'adoption d'un régime végétarien, ou du moins la
réduction de la quantité de viande consommée, aurait un effet bénéfique »,
note cet expert connu pour sa grande participation au Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
M. Smith estime qu'un Nord-Américain moyen peut éviter l'émission de quelque
125 grammes de CO2 chaque jour en substituant à peine 5 % de la viande qu'il
consomme par des produits végétariens.
Pour Greenpeace, l'élevage des animaux à la ferme entraîne de multiples et
graves conséquences sur la planète, ce qui en ferait le deuxième secteur le
plus polluant après celui de l'énergie. On cite pour preuve les émissions de
méthane provenant des ruminants, la gestion des fumiers, l'utilisation des
produits agrochimiques, les changements d'usage des terres, le recours aux
combustibles fossiles, etc.
Le problème vient du fait que la demande pour la viande est en forte
croissance dans le monde, surtout dans les pays asiatiques. Entre 1960 et
1990, la consommation de viande a crû de 77 % dans les pays en voie de
développement. Pour Éric Darier, porte-parole de Greenpeace Québec, les
Nord-Américains sont partiellement responsables de cette situation.
« Manger de la viande est devenu ici un signe de richesse, croit-il. Cela
envoie un message aux pays du Sud, notamment asiatiques : quand on est
riche, on consomme de la viande. Avec les conséquences que l'on souligne
dans le rapport. » Si dans le monde l'agriculture est responsable, selon les
sources, de 17 % à
32 % des émissions mondiales, au Québec ce chiffre est de 8,3 %. Malgré
tout, Greenpeace estime là encore que ce problème interpelle tout autant la
province que d'autres régions du globe.
« Le gouvernement du Québec, sans devenir un militant végétarien, devrait à
tout le moins se poser des questions sur ce genre de culture, estime M.
Darier. Ce qui est particulièrement préoccupant au Québec, c'est
l'augmentation de 23 % des émissions de gaz à effet de serre provenant de
l'agriculture entre 1990 et 2004, en raison notamment de la croissance des
élevages et de l'utilisation des engrais. » Intitulé Cool Farming : Climate
Impacts of Agriculture and Mitigation Potential, le rapport d'une
quarantaine de pages s'attarde aussi aux solutions à apporter au problème en
question. On propose ainsi d'éviter la jachère nue, de réduire la dépendance
aux engrais et au labourage, de diminuer l'intensité d'exploitation des
pâturages, etc.
« Au total, note le professeur Smith, ce potentiel d'atténuation, s'il était
réalisé, permettrait de réduire de près de 100 % les émissions agricoles
directes. » Prenant la balle au bond à quelques semaines du dépôt du rapport
de la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire
(CAAAQ), l'antenne locale de Greenpeace « recommande avec urgence » à Québec
et Ottawa d'adopter des mesures pour faire passer le secteur agricole de
contributeur majeur aux changements climatiques à puits de carbone
(c'est-à-dire un capteur de gaz à effet de serre plutôt qu'un émetteur).
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