Mon mois végétalienPublié le 06 novembre 2009
Vous souvenez-vous du film Super Size Me, ce documentaire où l'on suivait un
gars qui avait choisi de ne manger que du McDo pendant un mois?
C'est lui qui m'a donné l'idée de faire une expérience semblable mais
probablement beaucoup moins risquée pour ma santé et, surtout, beaucoup plus
socialement acceptable. Pendant un mois, du 21 septembre au 21 octobre, j'ai
adopté un régime strictement végétalien.
Mis à part une bouchée d'omelette - j'avais une poule dans mon jardin dont
je tenais à essayer les oeufs - et une bouchée de poisson prise par
inadvertance au début de mon expérience, je n'ai pas touché au lait, à la
viande, au beurre, au poisson, au miel, bref à tout ce qui est d'origine
animale, pendant 30 jours.
J'ai mis du lait d'amande dans mon café. Du beurre de noisette sur mes
tartines. J'ai choisi les dumplings aux légumes de mon resto chinois
préféré. Lorsque j'avais des repas dans des établissements «carnivores»,
j'appelais à l'avance (sans m'identifier), pour avertir la cuisine de la
présence d'une végétalienne à table. Vous aurez remarqué que j'ai aussi fait
quelques critiques de restos... végétaliens.
Mon bilan?
J'ai mangé pendant ce mois des repas absolument exquis (de fabuleuses
salades bien assaisonnées) et pas chers en plus. Mais j'ai aussi goûté à des
horreurs sans nom (de la fausse viande sous toutes ses formes). J'ai montré
à ma gang à la maison qu'on peut très bien manger un repas végétalien
complet et trouver ça bon. Car même s'ils n'étaient pas soumis à mon régime
100% végé, ils ont partagé quelques repas de type quinoa-légumes avec plein
de sel et d'huile d'olive et de noix grillées...
Physiquement, je ne peux pas dire que j'aie constaté quoi que ce soit - je
n'ai pas fait de bilan médical «avant et après» comme le gars de Super Size
Me - mais je dois dire que j'ai ressenti une certaine lourdeur après
certains repas «crus», une sous-spécialisation du végétalisme.
Et pendant ce mois, j'ai réfléchi et discuté longuement avec toutes sortes
de gens sur ce mouvement «vegan» qui n'est pas nouveau, mais semble
actuellement jouir d'un regain de popularité, sur fond de crise
environnementale. Car le végétalisme, au-delà des motifs religieux et de la
protection des droits des animaux, est souvent justifié ainsi: on bloque
tout produit d'origine animale car ce type de consommation fait porter à la
Terre une charge indue, que ce soit en vidant les océans ou en brûlant du
combustible fossile pour récolter les grains qui serviront à nourrir des
bovins pétant du méthane...
Michael Pollan, le célèbre journaliste spécialisé en alimentation, a fait
beaucoup de bruit récemment en lançant qu'un végétalien au volant d'un
Hummer polluait moins qu'un carnivore en Prius. Les chiffres ne soutiennent
pas tout à fait cette comparaison (voir autre texte) mais il est clair que
la production industrielle de viande pose des problèmes écologiques.
Quelque part, on devrait tous prendre le temps de faire un exercice
végétalien.
S'encourager à manger plus de légumes, de fruits, de céréales, de
légumineuses. Croyez-moi: en me mettant des balises pendant un mois, j'ai eu
le temps de voir comment il est tout à fait possible de se nourrir de façon
agréable et satisfaisante en oubliant la viande, les oeufs et les produits
laitiers. Pour cela, ce mois «full vèdge» a été une expérience qui en valait
largement la peine.
Cela dit, je comprends ceux qui hésitent à faire le saut, car ce que j'ai pu
constater aussi pendant ce mois, c'est à quel point la culture végétarienne
et végétalienne est bâtie sur des fondations gastronomiques à mon avis
totalement bancales en Amérique du Nord. En Inde, où il y a une culture
culinaire végétarienne ancestrale, c'est autre chose.
On dirait qu'on s'est arrêté aux principes idéologiques, sans se préoccuper
des saveurs. La chef-proprio de Fuchsia, Binky Holleran, un des rares cafés
où l'on mange de la cuisine végétarienne et végétalienne réellement axée sur
la richesse des saveurs, à Montréal, m'a d'ailleurs expliqué qu'elle
refusait de s'afficher comme végétarienne. «Je ne veux pas faire fuir les
gens», m'a-t-elle dit. Et puis, a-t-elle ajouté, «même si j'ai une vingtaine
de livres de cuisine végétarienne et végétalienne, je n'en utilise qu'un».
Et ce livre est celui de Millenium, un restaurant de très fine cuisine de
San Francisco. Un des bons.
De plus, la plupart du temps, autant dans les épiceries naturelles que dans
les restaurants dit végétaliens et végétariens, au lieu de célébrer les
légumes, les noix, grains et compagnie pour les saveurs et les textures
qu'ils offrent, on essaie d'imiter la cuisine traditionnelle, voire
carrément la malbouffe.
Faux salami, faux «baloney», fausses saucisses à hot-dog, burgers
végétariens, pizzas au faux fromage. Le végétalisme est rempli de faux et
d'aliments hautement transformés, comme ceux que l'on est supposé critiquer.
Et là, je ne parle même pas de l'omniprésence notamment du soja, un des
produits qui sont dans la ligne de mire des environnementalistes car c'est
une des plantes modifiées génétiquement les plus répandues.
Bref, est-on mieux de manger un burger de faux boeuf avec une boisson
gazeuse hyper sucrée à la framboise garantie «vegan», ou un morceau de
poulet bio du fermier voisin, préparé avec des légumes régionaux et un verre
d'eau du robinet?
Le végétalisme, en soi, n'est pas un gage de rectitude environnementale. Et
certainement pas une recette toute faite pour s'alimenter agréablement,
écologiquement.
Source
Tiens, y a-t-il certains végétaRiens qui ont déjà tenté l'expérience de faire un essai de végétaLisme, si ce n'est durant un mois, peut-être une semaine ?
Est-ce que cela tenterait certains ?