Nous mangeons trop de viande, cela pourrait affamer le monde

Nous mangeons trop de viande, et cela pourrait affamer la planète

mercredi 30 juin 2010

Fabrice Nicolino, auteur du livre 'Bidoche' a été interviewé par le magazine
Le Vif
L'Express au sujet de la qualité de notre viande:

Pourquoi le mot "bidoche"?

Parce que j'ai souvent utilisé ce mot, parce qu'il est frappant et peu
consensuel, comme mon livre.

Comment est la viande actuelle ?

Plutôt mauvaise. Le monde a vécu une révolution complète de l'industrie de
la viande et des animaux, car autrefois l'élevage induisait une relation
avec l'animal, laquelle n'existe plus actuellement, les animaux étant «
stockés » par centaines et nourris avec du soja génétiquement modifié.

Comment en est-on arrivé là ?

Après la Seconde Guerre mondiale, on a voulu copier le système des
Etats-Unis et consommer de plus en plus de viande. Les investissements ont
dès lors été massifs dans la génétique, les traitements médicamenteux et la
création des usines d'élevage immenses dans lesquelles les bêtes avalent
antibiotiques, hormones de croissance et OGM.

Que pensez-vous de ce traitement ?

C'est un problème de santé publique, avec la création d'animaux ingérant des
médicaments préventifs, que l'on mange ensuite. Nous mangeons, sans le
savoir, des OGM, alors que la plupart des citoyens français sont opposés à
la culture desdits OGM.

Est-ce cela qui vous choque le plus ?

Ce qui me choque le plus, c'est l'absence de morale de l'homme qui inflige
cela aux animaux. C'est de la barbarie de masse. Un phénomène dont la
gravité est largement sous-estimée.

On dit de plus en plus que l'élevage industriel est un fléau pour
l'environnement, votre avis ?

Nourrir des animaux de manière industrielle revient à consommer énormément
d'énergie
: 7 à 9 calories végétales sont nécessaires pour produire une seule calorie
animale. Cela engendre la production et le transport d'énormes quantités de
plantes et de céréales. En Europe, 70 % de la surface agricole ne sert qu'à
nourrir le bétail.

Quelles en seront les conséquences ?

La Chine et l'Inde sont de plus en plus friandes de viande, il faut donc
trouver de nouvelles terres pour nourrir le bétail. Or, un milliards
d'humains
sont déjà affamés. L'appétit pour la viande risque donc d'affamer encore
plus la planète.

Vous mangez de la viande. Souvent ? Comment ?

J'en mange deux fois par mois. Elle est bio et labélisée AB. Les animaux
sont en principe mieux traités, n'ont pas reçu trop de traitements
médicamenteux et n'ont pas ingéré d'OGM ni de pesticides. De toute façon,
consommer trop de viande est mauvais pour la santé, cela augmente le
cholestérol, le risque de maladies cardio-vasculaires et favorise l'obésité
et le cancer.

Comment freiner cette consommation de viande, si c'est possible ?

C'est malheureusement presqu'impossible. Mais si la volonté publique et
politique est de nous faire consommer de la viande en grande quantité, elle
pourrait se transformer en une volonté de diminuer cette consommation, qui
est mauvaise pour la santé, pour la planète et pour les animaux, ainsi que
pour les humains qui souffrent actuellement de la faim.


Source

arnelae a écrit:

l'absence de morale de l'homme qui inflige
cela aux animaux. C'est de la barbarie de masse. Un phénomène dont la
gravité est largement sous-estimée.

Merci Léa pour le résumé de ce livre si riche, et si édifiant.
Nicolino y explique très bien les mécanismes au sein des organismes de recherche -INRA en l'occurrence- qui ont abouti à cette barbarie associée à la chosification d'être vivants par milliards. Il décrit qui a fait quoi, et quand, et montre très bien à partir de quelles racines la déviance s'est amorcée et développée.
Je pense comme lui que cette "barbarie de masse" est d'une gravité très intense, avec des répercussions profondes sur toute la société. Elle va de pair avec la destruction de la nature dans son ensemble.
C'est probablement pourquoi végéta*isme et écologie sont tellement liés, d'ailleurs.

Merci beaucoup, le livre on va se le prendre, même s'il ne dira rien de nouveau, il vaut la peine de dénoncer un secret industrielle largement ignoré, l'auteur doit être récompensé pour sa, merci à lui!