Communiqué de Daniel Scheidermann (Arrêt sur Image)
Cela doit être vrai, puisque c'est le New York
Times qui le dit. Le New York Times, tout de
même, fleuron du journalisme anglo-saxon, dont les
investigations bouleversent souvent la scène politique
américaine, et mondiale. Souvent, mais pas toujours. Une
enquête du New York Times, par exemple, est
passée sacrément inaperçue l'an dernier. C'est
une enquête sur l'exploitation des gaz de schiste,
publiée en juin 2011. Le journal y pointait, non pas comme tout
le monde le caractère polluant de cette exploitation, mais son
caractère possiblement non rentable. Oui, vous avez bien lu:
pour toutes sortes de raisons (les cours du gaz sont trop bas, les
Américains ne sont pas outillés pour exporter leur gaz,
la durée de vie des puits est brève), il n'est pas
certain que l'exploitation des gaz de schiste soit rentable. Le nombre
de puits aux Etats-Unis, par exemple, a été
divisé par deux dans le courant de l'an dernier. Nous vous l'expliquons en détail ici (2),
avec force chiffres.
Mais alors, demanderez-vous, tous ces mirifiques reportages
télé sur l'Eldorado des gaz de schiste en Pennsylvanie
ou dans l'Ohio, sur le retour de la croissance, la
création de dizaines de milliers d'emplois, la manne de
bienfaits qui se déverse sur les heureux riverains, tout
celà ne se serait donc qu'intox et compagnie ? Oui et non. A
court terme, les retombées économiques sont
évidentes sur les secteurs concernés, et les
télés ont le museau collé sur l'immédiat.
Mais ce pourrait bien être une bulle économique, au
destin comparable à celui de la bulle Internet du début
du siècle. Ce pourrait. Ce n'est pas scertain. L'analyse
sérieuse, chiffrée, reste à faire. Mais alors,
insisterez-vous, qu'attend la grande presse, celle qui dispose de
bataillons de journalistes économiques rompus au maniement des
chiffres, qu'attend-elle pour se pencher sur le sujet ? Excellente
question.