Je viens de lire ces lignes sur le forum de Rescrue et je pense que tout le monde doient agir maintenant,il n'est jamais trop tard pour dire ce que nous penssions.Merci
Je veux que ma chienne devienne un lion"
LE MONDE | 19.06.06 | 15h45 • Mis à jour le 19.06.06 | 15h45
Bombe lacrymogène à la main, Nadir (le prénom a été changé) hésite à gazer Diablesse. "Pas aujourd'hui. Il fait trop chaud. Elle est déjà assez énervée comme ça", lâche-t-il. Diablesse est classée en catégorie 1 d'après la loi de 1999 sur les chiens dangereux : c'est une chienne d'attaque, issue d'un croisement entre un pitbull et un american staffordshire terrier. Ni déclarée ni vaccinée ni stérilisée, elle ne répond à aucune obligation légale.
Son espace de liberté et de vie : un balcon de cinq mètres carrés, dans un F2 d'une barre HLM, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Ma chienne à 5 ans. Ça fait trois ans qu'elle n'est pas sortie de ce balcon, raconte fièrement Nadir, 25 ans, un physique de joueur de rugby. Je veux qu'elle devienne un lion."
Diablesse, 40 kilos, est tout en muscles. "Il faut que je lui montre qui commande. Elle est trop têtue", explique son propriétaire, RMiste. Quand sa chienne n'obéit pas à ses injonctions, il l'asperge d'eau bouillante. "Faut qu'elle comprenne dès la première fois, dit-il. Un jour, elle m'a sauté dessus. Heureusement que j'avais un couteau à la lame automatique, j'ai pu lui planter dans la cuisse."
"UNE ARME AU CAS OÙ"
Quand Diablesse refuse d'obéir, Nadir lui attache les pattes et la gueule. "Je la jette contre le mur, je crie : "Qui c'est le maître ici ?"." Sa chienne est entraînée pour être "une arme au cas où". Un éventuel cambriolage, une embrouille dans la cité... "Je lui ai appris à attaquer en faisant juste un signe des yeux. On ne sait jamais, si je suis bâillonné, elle doit être capable de me défendre", affirme son propriétaire.
Il lui a appris deux mots. "Chope !" : Diablesse se met en position d'attaque, émet un bruit semblable à celui d'un moteur V12. "Tue-le !" : à cette injonction, le double vitrage de la porte-fenêtre amortit tant bien que mal les coups de tête furieux de l'animal. "Ce n'est pas un faire-valoir, ce chien. Je l'aime, c'est tout", déclare Nadir sans ciller. Selon lui, "ce n'est plus la mode d'avoir un "pit" dans les cités, mais si le gouvernement l'interdit, il le remettra au goût du jour : tout le monde en voudra un."
Nadia Favrel possède depuis huit ans un american staffordshire terrier, chien dangereux de catégorie 2. Une race de chiens de défense - celle qui permet de "créer" des pitbulls - dont les effectifs ne cessent d'augmenter depuis dix ans : le Livre des origines français (LOF) en recensait 348 en 1995 et 5 308 en 2004.
"Mon chien, il a une tête de gentil", lance Nadia Favrel. Vacciné et déclaré à la mairie d'Aubervilliers, Onyx est en règle. Toujours tenu en laisse, portant sa muselière quand sa propriétaire le promène ou fait du "roller dans les rues de Paris".
"Pour avoir ce genre d'animaux, il faut être super posé, rester zen, car ils sont très caractériels", estime cette jeune femme de 28 ans, qui travaille dans la téléphonie. Elle est irritée par le regard que posent les autres sur son animal. "Il est pesant, assure-t-elle. J'ai l'impression d'avoir un lion au bout de la laisse."
Lorsqu'elle croise des "vieilles dames", elle leur dit qu'Onyx est un boxer, et "elles viennent le caresser". Quand elle croise "les racailles de son quartier", ils en ont "peur". "Le problème, ce n'est pas le chien, mais le maître, affirme-t-elle. On devrait instaurer un permis spécial. Tout le monde ne peut pas posséder des chiens aussi puissants."
En novembre 2005, elle s'est fait mordre à la jambe par un berger allemand : treize points de suture. "C'était un chien non déclaré et non vacciné. Les propriétaires n'ont rien eu. Si c'était un "pit" ou une race comme celle de mon chien, on l'aurait déjà piqué", dit-elle en remplissant de croquettes la gamelle de son chien. Un chat arrive et vient se servir. Onyx lui laisse sa place et se met à le lécher.
Mustapha Kessous
Article paru dans l'édition du 20.06.06
écrire au journaliste pour qu'il dénonce cette ordure : kessous@lemonde.fr
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Les animaux sont mes amis, je ne mange pas mes amis.
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